MONTRÉAL – Une première saison complète dans la LNH, revenir en séries à la suite d’une opération, quelques critiques à encaisser et un avenir incertain pour plusieurs joueurs de son équipe. Jérémy Lauzon ne manquera pas de sujets de réflexion au cours des prochains jours. 

À la blague, on pourrait dire que ça tombe bien puisqu’il a entamé, mercredi, sa quarantaine au Québec après avoir conduit – pendant près de 11 h – de Boston jusqu’à l’Abitibi. 

Avant de pouvoir filer vers son coin de pays, Lauzon devait rencontrer le médecin qui l’a opéré à la main droite à la suite de sa blessure subie dans le premier match éliminatoire des Bruins. Cet incident l’a empêché de disputer les quatre parties suivantes contre les Capitals de Washington, mais il a repris son poste pour le début de la deuxième ronde contre les Islanders de New York. 

« Ça prend normalement de quatre à six semaines pour que ça guérisse au complet et je suis revenu après deux semaines. En fait, j’ai recommencé à patiner cinq jours après l’opération », a raconté Lauzon au RDS.ca. 

« C'est sûr que ce n’était rétabli à 100 pourcent et je ne te cacherai pas que c'était douloureux pendant que je jouais. [...] Mais c'est sûr qu’une blessure n’allait pas m'empêcher de jouer en séries », a précisé le défenseur gaucher qui devait porter une attelle. 

En quelque sorte, il était confronté à un défi difficile à refuser. 

« Exact et je pense que l’organisation était super contente que j'accepte ce défi et que je fasse tout mon possible pour aider l'équipe », a admis Lauzon alors que les Bruins ont perdu les services de Brandon Carlo et Kevan Miller durant la série remportée par les Islanders.

« Si je regarde ma première partie contre Washington avant de me blesser puis celles contre les Islanders, c'est sûr que j'avais plus de misère à déployer le côté physique de mon jeu », a-t-il ajouté. 

L’athlète de 24 ans ne cherche aucune excuse, il sait bien que ça fait partie de la réalité en séries. Il accepte aussi les critiques encaissées à la suite de certains buts des Islanders dont son erreur – malchanceuse disons-le - qui a mené au but gagnant de Casey Cizikas, en prolongation, dans le deuxième match. 

« Je veux jouer dans un marché qui est flamboyant avec des partisans intenses. Je vis pour ça. Que tu fasses un bon coup ou mauvais, ils vont te tenir imputable. Mais ça ne te définit pas en tant que joueur, c'est plutôt de la façon dont tu vas rebondir », a réagi Lauzon, un ancien des Huskies de Rouyn-Noranda.

« Pour le but en prolongation, j'ai fait ce jeu-là des millions de fois dans ma vie et la rondelle a frappé un patin cette fois-ci ça pour mener à leur but. J'ai assumé ma responsabilité et l’organisation est très contente de comment j'ai rebondi ensuite », a-t-il exprimé sans chercher de détour. 

Les dirigeants des Bruins n’oublient pas que Lauzon a effectué des pas de géant cette année. Durant la saison régulière, il a très souvent chaussé les immenses patins laissés vacants par le départ de Zdeno Chara à la gauche de Charlie McAvoy. 

S’il veut conserver un rôle d’envergure au sein de la brigade défensive des Bruins, Lauzon sait bien qu’il doit raffiner son arsenal. 

« Ma priorité sera d’améliorer mon coup de patins avec la rondelle puis mon jeu à la ligne bleue offensive. Quand on regarde mon début d'année et la fin, je me suis beaucoup amélioré pour envoyer plus de rondelles au filet. J'ai un bon tir donc si je peux progresser dans cette facette, je vais créer plus d’attaque », a exposé Lauzon alors que c’est devenu un art pour les défenseurs d’empêcher les adversaires de bloquer leurs lancers. Il s’attellera à la tâche cet été auprès de Pascal Daoust et Alexandre Chénier à Amos. 

L'avenir de Rask, Krejci et ... le sien

Impossible de parler des Bruins sans évoquer l’avenir du club. De nombreux scénarios sont étudiés à Boston alors que le portrait de l’équipe risque de changer. Les dossiers des joueurs autonomes Tuukka Rask, David Krejci, Taylor Hall et Miller alimentent particulièrement les discussions. 

Jérémy Lauzon devant Brad Marchand et Charlie McAvoyEn quittant Boston cette semaine, Lauzon devait se demander s’il allait revoir Rask et Krejci dans l’uniforme des Bruins. 

« J'essaie de ne pas trop y penser, Tuukka et David vont prendre la meilleure décision pour leur famille. C'est sûr que j'espère qu'ils vont revenir », a-t-il commenté en vantant l’influence des meneurs Patrice Bergeron et Brad Marchand.

L’incertitude le concerne aussi. Le repêchage d’expansion du Kraken de Seattle poussera une panoplie de joueurs à se poser des questions dans les prochaines semaines.   

« C'est sûr que ça me trotte dans la tête. En ce moment, je ne sais pas quels sont les plans des Bruins. J'adore jouer à Boston et j’adore la culture de l'équipe, les partisans et mes coéquipiers. Je pense que je cadre très bien dans cette identité. Ça me ferait de quoi de partir de Boston. Mais, s’ils prennent la décision de ne pas me protéger et que Seattle me repêche, je vais être content aussi. Ce serait spécial de faire partie de cette première saison », a conclu Lauzon qui pourra y réfléchir amplement avant de profiter de l’été.

Cette semaine, le président des Bruins, Cam Neely, a reconnu que les erreurs du repêchage de 2015 (trois choix consécutifs décevants en première ronde) sont coûteuses aujourd’hui. L’ironie a voulu que son club soit éliminé par la troupe de Matthew Barzal que les Bruins ont bêtement laissé filer aux Islanders cette année-là.