Les chiffres sont révélateurs...

En plus d’être dotés du pire jeu de puissance de la ligue à domicile, les Sénateurs d’Ottawa ont alloué le premier but à 51 reprises cette saison. En 51 occasions aussi, les Sénateurs ont concédé plus de tirs qu’ils en ont obtenus.

Quelqu’un devait payer le prix pour ce piètre rendement et cette exclusion des séries. C’est pourquoi deux jours à peine après avoir succédé à Bryan Murray au poste de directeur général des Sens, Pierre Dorion a tranché et remercié l’entraîneur-chef Dave Cameron et presque tout son personnel de soutien.

Dans un milieu où les résultats dictent la suite des choses, ce grand ménage derrière le banc de la formation ontarienne n’a rien de surprenant. Murray ayant décidé de se départir de ses responsabilités de DG pour occuper un poste de conseiller spécial au sein de l’organisation, il est normal que Dorion décide d’aller de l’avant avec ses idées, ses hommes.

C’est sans compter que le mécontentement affiché récemment par le propriétaire du club Eugene Melnyk annonçait ce genre de changement en plus d’être justifié, car à mon avis, les Sénateurs sont bien meilleurs que ce qu’ils ont montré cette saison.

Un entraîneur-chef peut toujours se défendre en disant qu’il n’a pas d’attaque ou les joueurs pour marquer des buts, mais la défense, ça lui appartient. La défense, c’est le reflet de sa préparation.

Je ne dis pas que Cameron est complètement responsable des maux qui ont affligé les Sénateurs cette année, mais il était néanmoins en charge et certaines décisions prises par ce dernier au fil de la saison démontrent qu’il n’était plus l’homme de la situation.

Je pense entre autres au match du 8 mars dernier. Alors que son équipe luttait toujours pour une place en séries et qu’elle détenait une avance d’un but face aux Hurricanes de la Caroline en fin de troisième période, Cameron a envoyé ses défenseurs no 5 et 6 sur la patinoire, en plus de son quatrième trio avec 2:31 à faire à l’engagement.

L’arrière Michael Kostka, qui en était à son deuxième match de la saison dans la LNH, se retrouvait ainsi aux côtés de Chris Wideman à la ligne bleue, alors que Scott Gomez pilotait la quatrième unité offensive avec Ryan Dzingel à sa gauche et Bobby Ryan à sa droite. Seul joueur régulier sur la glace, disons que Ryan n’est pas reconnu pour ses prouesses défensives.

Tout ce beau monde a été préféré à Dion Phaneuf, récemment acquis, de même qu’Erik Karlsson, Cody Ceci et Marc Methot, notamment. Résultat : les Hurricanes ont nivelé la marque avec une seconde à écouler en troisième période avant de s’imposer en tirs de barrage.

Dans les cinq dernières minutes d’un match aussi serré, un entraîneur n’a pas le doit d’envoyer sa troisième paire de défenseurs sur la glace, à moins que celle-ci soit presque du niveau des deux premières, ce qui n’est pas le cas chez les Sénateurs.

C’est pourtant le choix qu’a fait Cameron, tout comme celui de faire confiance à Gomez à répétition plutôt Nick Paul, un jeune en plein développement qui apportait déjà plus que l’ancien mal-aimé du Canadien. Quand j’étais entraîneur, je me faisais un devoir de rappeler à mon adjoint responsable des défenseurs que je ne voulais pas qu’il emploie mes arrières no 5 et 6, sauf en cas de nécessité.

Ultimement, Cameron était donc responsable. Et si j’ai pu en venir à cette conclusion, je ne suis certainement pas le seul.

En attendant Claude Julien?

En ne tardant pas à agir, Dorion s’offre le luxe de recevoir le C.V. des meilleurs candidats possible pour succéder à Cameron. Marc Crawford, Guy Boucher? Peut-être. Il ne faudrait toutefois pas s’étonner de voir Claude Julien aboutir à Ottawa advenant qu’il soit congédié par les Bruins prochainement.

Non seulement Julien se voudrait un digne remplaçant, mais il a de plus déjà travaillé sous les ordres de Dorion il y a 23 ans. À titre de directeur des opérations hockey des Senators Jr d’Ottawa dans la CJHL, Dorion avait en effet offert le premier emploi de Julien derrière un banc. Ce dernier a été l’adjoint de l’entraîneur-chef Bruce Bullard avant d’obtenir le poste de pilote des Olympiques de Hull dans la LHJMQ.

Dorion peut donc se permettre de patienter un peu, lui qui a indiqué mardi qu’il aura idéalement fait son choix d’ici le repêchage.

*Propos recueillis par Mikaël Filion