« Colossal » est le mot qui me vient à l’esprit pour résumer l’exploit de Guy Boucher, lui qui a su, de brillante façon, redonner du lustre à une franchise qui était en quête d’identité et de rigueur. En l’espace de 13 mois, à la suite de sa nomination au mois de mai 2016, on peut dire mission réussie.

Sans rien enlever aux principaux acteurs de la scène – les joueurs – loin d’être une personne à la recherche de reconnaissance, il faut tout de même lever notre chapeau à l’entraîneur-chef des Sénateurs.

Par ce travail d’équipe, ce partenariat développé avec chaque membre de l’organisation, Boucher aura réussi en une très courte période à faire adhérer tout le monde à sa vision des choses, là où plusieurs autres ont échoué au cours des dernières années.

Étant impliqué à titre d’analyse à la couverture des activités de la formation ottavienne depuis maintenant 17 ans, avec une présence assidue dans l’environnement immédiat de l’édition 2016-2017, votre humble serviteur vous confirme ce que Guy Boucher et son personnel hockey, incluant évidemment le directeur général Pierre Dorion, ont accompli va au-delà de l’inimaginable.

Considérée comme une embauche audacieuse au printemps 2016, la venue de Boucher est en grande partie attribuable au flair du nouveau directeur général et à cette « connexion » des plus authentiques entre ces deux grands complices.

Ensemble, ils ont prouvé à la planète hockey qu’il n’y a pas de limites dans ce qui peut être accompli, et ce, même avec les grands moments d’adversité que l’édition 2016-2017 a dû affronter au cours des 10 derniers mois.

Boucher aura été soutenu par un directeur général ayant comme objectif de le placer dans des conditions favorables et propices à un environnement gagnant à court terme. On parle ici des acquisitions de vétérans dans le dernier droit, question d’ajouter de la profondeur à la formation. Cela aura été la preuve concrète que la relation tant professionnelle que personnelle entre les deux hommes était bien enracinée.

Bref, une complicité non négligeable dans un milieu aussi compétitif que la Ligue nationale de hockey, là où la ligne est mince entre la réussite et l’échec.

Leadership, rigueur et talent de communicateur !

Guy Boucher

Plusieurs dans le milieu nagent toujours dans la simplicité de l’analyse du travail de Boucher. On lui colle toujours cette fameuse étiquette de système défensif (1-3-1), qu’on interprète comme un système sans saveur et sans odeur, comme le tofu est à la salade. Or, le fait de juger Boucher uniquement sur cette composante serait de très mal connaître les dominantes de cet entraîneur de carrière.

Comme le disait le confrère Guy D’Aoust : « les Sénateurs d’Ottawa 2016-2017, sur la glace, ont tout simplement joué du hockey de nécessité considérant les forces et faiblesses de l’édition actuelle. » On se rappellera qu’en lever de rideau, les Sénateurs n’étaient pas de grands favoris pour accéder aux séries éliminatoires.

Si le hockey de haut niveau se joue surtout dans un espace de 25 centimètres – lire l’espace entre les deux oreilles – le natif de Notre-Dame-du-Lac est devenu maître dans l’art d’appliquer cette notion.

Au-delà des résultats de la dernière campagne, les Sénateurs étaient à la recherche d’une identité propre à eux. Eh bien, on peut aujourd’hui dire que les mots persévérance, résilience, adversité et attitude, ont tous représenté des éléments intangibles et non mesurables qui auront servi de rampe de lancement vers de jours meilleurs pour la franchise ottavienne.

Homme de hockey qui aura d’abord priorisé l’individu et la personne en premier lieu avant de gérer le joueur par la suite, Boucher aura pris soin de bien faire ses devoirs suite à son embauche. Il a initié le dialogue sur une base individuelle avec la forte majorité du personnel en place lors de la dernière saison estivale.

Nourri par une passion et une obsession hors du commun de la « game », le pilote des Sénateurs aura définitivement saisi cette deuxième opportunité qui lui a été offerte de diriger au sein du meilleur circuit de hockey au monde.

Une approche beaucoup plus orientée sur l’approche de l’individu et de l‘humain, afin de mieux connaître ce qui se cache derrière la personne. Aussi, la clarification des motivations, tant au niveau des sentiments que de l’uniforme. Tout cela aura représenté la force première de cette proximité entre les joueurs et Boucher en route vers l’atteinte d’un but commun.

Apprendre à connaître le capitaine Erik Karlsson et sa forte personnalité, ainsi que l’énigmatique Bobby Ryan sur la carte du mental sont deux exemples concrets, parmi tant d’autres, du travail accompli par Guy Boucher et son personnel hockey.

Il aura réussi à programmer tous ses joueurs sur la même longueur d’onde. Chaque joueur a refusé de se contenter d’être « bon » et accepté d’être « excellent », afin de prioriser le concept d’équipe. Cela aura représenté un tour de force dans un milieu où les « égos » prennent souvent toute la place et là où les entraîneurs ne font pas nécessairement ce qu’ils veulent, mais ce qu’ils peuvent. Surtout dans un milieu où l’aspect « business » prédomine.

Un entraîneur qui fera preuve d'intelligence et de sagesse !

Mike Hoffman

Pour se perfectionniste de nature et homme de hockey aux capacités intellectuelles au-dessus de la moyenne, nul doute que les expériences du passé lui serviront pour la suite des choses. Il se dotera sans aucun doute d’une grande sagesse à l’aube de la deuxième saison de son mandat.

Obsédé davantage par le processus menant à l’obligation de résultat, Boucher est associé à un vestiaire qui fait preuve d’un plus grand niveau de maturité. Il ne faudrait pas se surprendre que l’entraîneur des Sénateurs fasse preuve d’une plus grande ouverture d’esprit quant à une plus grande liberté face à certains aspects de la « game. » Or, tout cela devra se faire à l’intérieur des structures mises en place, de sorte que le système instauré soit respecté.

En bout de ligne, tout est une question d’attitude et d’adhérence à un concept d’équipe, là où chaque individu doit se sentir valorisé quant à sa contribution au sein de l’équipe.

Comme le dit le vieil adage : « Le talent ouvre la porte au succès, mais la persévérance peut conduire le joueur à destination. »