Chers lecteurs et partisans des Sens, n’allez pas croire que je ne comprends pas les frustrations et déceptions qui entourent l’organisation des Sénateurs d’Ottawa sur cette non-participation en séries éliminatoires pour une quatrième fois au cours des huit dernières saisons (2008-2009, 2010-2011, 2013-2004 et 2015-2016). Ça n’a rien de réjouissant en soi, surtout après avoir atteint la finale de la Coupe Stanley en 2006-2007.

Reconnaissant que celui-ci soit le seul et unique propriétaire, qu’il signe les chèques de paie en assumant plus souvent qu’autrement les pertes financières de façon assez récurrente depuis quelques années, il demeure toutefois assez difficile de comprendre le pourquoi d’une telle sortie publique de la part de monsieur Eugene Melnyk la semaine dernière. On rappelle que ce dernier y est allé d’un quasi post-mortem de la saison des Sens, et ce,  à trois semaines de la fin des émissions.

Une sortie questionnable, non sur le contenu, mais davantage sur le moment choisi et l’utilisation de certains mots. Par exemple, le mot « stupide » pour un propriétaire, qui je crois a la responsabilité de demeurer en contrôle de la situation et non d’afficher ses émotions et frustrations sur la place publique, n’a pas sa place. Tout ça a été fait devant plusieurs médias présents dans la capitale nationale pour souligner l’arrivée du 25e anniversaire du retour de cette franchise dans la LNH.

Voilà un point de presse qui aura créé certains dommages collatéraux et aura eu un impact sur le moment présent. Dans un environnement déjà fragile et à fleur de peau par les temps qui courent, ces propos, en l’espace de quelques heures seulement, ont dû être rectifiés en raison des remous que cela a pu créer dans les sphères de la Ligue nationale, surtout auprès de votre homme de confiance, le directeur général Bryan Murray.

Il est vrai que l’enveloppe budgétaire disponible, comme mentionné par le propriétaire, ne règle pas tout. Or, la façon de la dépenser est fort possiblement le plus gros défi de celui qui a la responsabilité de gérer tout ça et de répartir l’argent au niveau des différents effectifs. Par exemple, au niveau des gestionnaires, là encore où l’erreur ne pardonne pas et où chacune des organisations du circuit Bettman a sa propre histoire d’horreur.

Passer à la remise en question sur l’organigramme des opérations hockey et essayer de comprendre davantage une telle débâcle en 2015-2016 est une prise de conscience nécessaire pour toute organisation professionnelle qui se respecte et qui est à la recherche de pistes de solutions pour devenir aspirante aux grands honneurs, mais tout est une question de « timing ».

C’est un contexte malheureux pour une équipe qui avait obtenu la reconnaissance du milieu de la Ligue nationale en 2012-2013 en tant qu’équipe déterminée, qui n’abandonne jamais et qui a une éthique de travail irréprochable. Or, l’organisation des Sénateurs se retrouve aujourd’hui à la case départ. Malheureusement, le « no excuses » ne peut servir de prétexte dans le manque de constance et des mêmes erreurs répétées soir après soir chez la formation ottavienne.

Pourtant, Dave Cameron a déclaré avoir passé toute la saison à répéter les mêmes consignes. Comme quoi plusieurs joueurs ont fait la sourde oreille et ont refusé d’écouter.

Les Sens se retrouvent derniers de classe à plusieurs niveaux. On parle ici des buts alloués (28e), de l’avantage numérique (29e), et ce, malgré la présence de l’un des meilleurs défenseurs à caractère offensif de la LNH, et de l’infériorité numériques (29e). Voilà des exemples concrets d’une telle déconfiture et une situation qui nous rappelle que plusieurs questionnements seront nécessaires lors de l’entre-saison.

Départ annoncé de Dave Cameron!

Difficile de penser à autre chose qu’un congédiement à venir pour Dave Cameron, avec la teneur des propos du propriétaire Eugene Melnyk. Visé de toute part sur les insuccès de la formation, il serait assez difficile de concevoir le retour de Cameron l’an prochain à la barre des Sénateurs.

Il s’agit là d’un entraîneur qui, comme plusieurs autres au cours des dernières années, aura été embauché pour des raisons qui demeurent obscures pour certains et moins pour d’autres. C’est une situation qui démontre que l’embauche d’un entraîneur avec une forte expérience au sein du circuit n’est pas nécessairement un prérequis dans un poste qui, selon moi, est d’une grande importance. Surtout si on s’attarde à la mentalité des hockeyeurs d’aujourd’hui, là où la pensée individualiste est plus qu’omniprésente chez certains de ses athlètes de premier plan.

Dave Cameron et Daniel AlfredssonPenser un seul instant que Coach Cameron est le seul et unique responsable des déboires de cette saison serait un pas à ne pas franchir. Je crois sincèrement que chacun doit porter une partie du blâme et des responsabilités de ce constat d’échec. Tant au niveau des décideurs au deuxième étage que sur la glace.

Il faut quand même reconnaître que plusieurs autres facteurs entrent en ligne de compte, comme la présence d’une défensive brouillon en lever de rideau, là où l’absence d’un défenseur top-4 s’est fait grandement sentir jusqu’à l’arrivée de Dion Phaneuf. Aussi, l’aspect non conformiste de certains joueurs de premier niveau qui ont décidé de prioriser le « je » au lieu du « nous » dans certaines phases de jeu tend à expliquer davantage l’exclusion de la danse du printemps pour Ottawa.

Sélection au niveau de l’effort et manque flagrant de constance à l’ouvrage. Voilà deux facteurs qui ont grandement coulé les Sens et qui ont fait en sorte que cette formation a déçu plusieurs partisans au cours de la campagne.

Évitant de spéculer sur les potentiels successeurs de l’homme derrière le banc, tant et aussi longtemps que celui-ci occupe toujours la chaise d’entraîneur-chef, il sera également intéressant de suivre le statut de Bryan Murray au courant de l’été.

Murray aura vu cinq différents entraîneurs passer sous son règne depuis 2007-2008 (John Paddock, Craig Hartsburg, Cory Clouston, Paul MacLean et Dave Cameron). Il y a cependant un dénominateur commun : tous ces noms avaient très peu de vécu à titre d’entraîneur-chef dans la Ligue nationale. Or, il ne faut pas oublier que l’expérience n’est pas toujours garante de succès.

Le retour ou non de Bryan Murray à titre de DG aura une influence directe sur les prochaines étapes de cette franchise qui se retrouve à l’étape des grandes décisions, question de retrouver un niveau de respectabilité, mais surtout de retrouver une identité propre à elle pour les années futures.

L’ombre de Daniel Alfredsson se pointe à l’horizon!

Cuisiné de toute part lors de cette même conférence de presse, Daniel Alfredsson était un peu inconfortable dans toute cette situation, lui qui a été de loin le joueur qui a le mieux représenté l’histoire de cette franchise depuis le retour en 1992. Figure emblématique au sein de cette organisation, le jour où Alfie acceptera un rôle significatif au sein de l’équipe ne semble plus trop loin.

De retour par la grande porte depuis le mois d’août 2015 dans l’organigramme des opérations hockey, Alfredsson aura eu l’occasion, lors de cette saison, de se familiariser davantage avec les rudiments du métier et de développer une plus grande lecture des exigences de ce métier de gestionnaire.

Sans être convaincu à ce jour qu’il pourrait devenir le digne successeur de Bryan Murray au poste de directeur général, il n’y a aucun doute que le principal concerné devrait prendre du galon dans un poste décisionnel au cours de l’entre-saison.

Une nomination qui pourrait s’avérer un vent de fraîcheur pour une organisation qui cherche toujours à établir une tradition pour les années futures par une plus grande présence des anciens dans l’environnement immédiat. Une franchise qui en a grandement besoin, question de développer davantage le sentiment d’appartenance pour ceux qui ont porté cet uniforme avec grande fierté.

À suivre!