OTTAWA – Les similitudes entre les ennuis du Canadien de Montréal et ceux des Sénateurs d’Ottawa sautent aux yeux. Les deux formations traversent des creux et viennent d’être blanchies lors de deux matchs consécutifs. De plus, les entraîneurs respectifs ont réagi de la même manière en accordant un congé à leur troupe, mercredi.

La nature humaine tend à croire que le gazon est toujours plus vert chez le voisin. Pourtant, il ne suffit que de filer dans sa voiture vers le domicile des Sénateurs afin de s'immiscer dans cet environnement pour constater que la situation n’est pas plus rose dans la capitale nationale.

Certes, le CH a perdu quatre matchs d’affilée pour la première fois de la saison, mais les Sénateurs ont amassé une seule victoire depuis cinq rencontres et ils ont été lessivés 4-0 par les Sabres samedi, et 6-0 par les Blues mardi.

Le club de Guy Boucher essaie donc de chasser cette mauvaise séquence au PC comme l’expression québécoise le veut. Pour y arriver, l’entraîneur québécois a choisi de respecter son plan et d’accorder un congé d’entraînement à ses protégés. Il a plutôt convié ceux-ci à des activités d’équipe en gymnase.

« Au lieu d’y aller d’un geste réactionnaire, j’ai décidé de ne pas modifier mon plan. C’est aussi un message pour les joueurs dans le sens qu’on a frappé un creux parce qu’on s’est éloigné de notre plan qui nous a pourtant procuré du succès. Je veux donner l’exemple », a expliqué Boucher qui a confirmé que le gardien Craig Anderson se rapproche d’un retour au jeu.

Au lendemain de leur pire défaite du calendrier 2016-2017, les Sens ont donc choisi de revenir en mode positif.

« On a fait des choses en groupe pour conserver ce qui est le plus important, la chimie dans l’équipe. Il n’est pas question de commencer à pointer du doigt », a prévenu Boucher.

Quelques meneurs de l’équipe ont rencontré la presse et ils ont supporté l’approche de leur entraîneur.

Entrevue avec Pierre Dorion

« On doit garder une bonne attitude dans l’équipe, on ne peut pas tomber dans le négativisme. Oui, on vient de disputer quelques mauvais matchs et on essaie de corriger le tir, mais on ne doit pas commencer à critiquer à gauche et à droite. C’est important de garder l’unité dans le groupe », a réagi le défenseur Marc Methot qui a connu, face aux Blues, une rare sortie difficile cette saison.

« C’est vraiment dommage d’avoir perdu ces deux matchs de cette manière, mais il ne faut pas se laisser abattre et se morfondre. Ce serait stupide et contre-productif. Il faut se faire confiance entre joueurs et revenir à notre identité », a jugé Mark Borowiecki.

Très axé sur le côté psychologique du domaine sportif, Boucher refuse que ses protégés tombent dans le piège qui se présente à eux.

« Quand tu dois composer avec de l’adversité, la chose la plus facile est de critiquer, d’être négatif et pointer du doigt. Tout le monde peut faire ça, les gens les plus mous ou les moins intelligents sont capables de le faire », a exposé Boucher qui exige des standards plus élevés.

« On ne risque pas de transiger beaucoup »

La dégelée contre les Blues a été encore plus difficile à avaler pour deux raisons. D’abord, elle est survenue lors du retour d’Andrew Hammond à l’action et ce fut le piètre spectacle présenté aux partisans pour le retour à domicile de l’équipe si bien que quelques spectateurs n’ont pas hésité à huer les joueurs en troisième période.

« On méritait ces huées, on en parlait d’ailleurs entre nous en troisième période. Les gens paient pour nous voir jouer. Ils supportent bien notre équipe et quand ils voient ce genre de performance, ils ont le droit d’agir comme ils le veulent. On est bien conscient que ce n’était pas notre meilleur match, mais on va s’assurer de jouer un meilleur match jeudi », a répondu Derick Brassard. 

« Nos partisans ont été derrière nous depuis le début de la saison. On veut jouer pour eux, on veut qu’ils soient fiers de notre rendement sauf que personne n’a été à la hauteur mardi. C’est décevant qu’ils aient assisté à ça, mais je suis certain qu’on va déployer un bien meilleur effort jeudi et on accepte ce traitement », a confié Dion Phaneuf qui est rapidement devenu un meneur au sein des Sénateurs.

En raison de la déconfiture de son équipe, Boucher a demandé à tous ses joueurs de demeurer dans le vestiaire pour répondre aux questions des journalistes après la défaite.

« C’était important pour nous, je ne voulais pas que seulement deux ou trois joueurs doivent assumer cette responsabilité. C’est un concept d’équipe », a expliqué Boucher en vantant la résilience de sa bande au cours des derniers mois.

« On veut juste démontrer que tout le monde est redevable. C’était l’idée de l’entraîneur et on était en accord. On voulait supporter nos meneurs et démontrer à tout le monde qu’on est présent », a ajouté Methot à ce sujet.

Une position tout de même favorable

Le portrait qui a été brossé laisse croire que les Sénateurs sont dans le pétrin. Pourtant, ils occupent toujours la deuxième position de la division Atlantique. Ce facteur apaise donc la situation. 

« On n’avait pas eu de mauvaises séquences jusqu’à présent, mais ça arrive à toutes les équipes une ou deux fois par année. L’entraîneur de Toronto (Mike Babcock) disait récemment que son équipe le vivait et tu regardes ce qui arrive à Montréal; c’est la réalité de la LNH », a noté Boucher. 

« Heureusement, Ryan n'affecte pas le reste des Sénateurs »

« Les bonnes équipes se sortent des mauvaises séquences plus rapidement que les autres. Je considère que notre équipe a beaucoup de caractère et on n’a pas perdu notre confiance », a pointé Brassard en convenant que la pause du Match des étoiles a brisé l’élan des Sénateurs. 

Au total, lors de leurs quatre dernières prestations, les hommes de Boucher ont concédé 18 buts et il est évident que l’équipe n’a pas respecté son identité qui lui a permis de se tailler une place enviable au classement.

« C’est une combinaison de plusieurs facteurs, mais ça ne nous a pas aidés de nous éloigner de notre système défensif. Pourtant, on sait depuis longtemps que c’est la chose qui nous permet de gagner des matchs », a déploré Methot.

« Phaneuf est une bonne acquisition pour nous »

Aux yeux de Boucher, la cause se situe entre les deux oreilles.

« Dans les deux derniers matchs, on n’a pas été en mesure d’empêcher le deuxième but qu’on ne peut pas se permettre. C’est venu nous affecter mentalement et on a ouvert les écluses par la suite. On n’a pas bien géré les choses et il faut revenir à nos principes de base que nous avions acquis. 

« Quand ça fait plusieurs années que tu es entraîneur, tu sais que parfois c’est juste l’éthique de travail ou de la paresse qui est en cause, mais en ce moment, c’est le côté mental », a ciblé Boucher qui a donc accordé un répit à ses joueurs.

Intense comme il l’est sur la patinoire, Borowiecki a poussé le verdict un peu plus loin.

« C’est important pour nous de ne pas tomber dans la complaisance, on en a vu un peu dans le dernier match. C’est le temps d’augmenter la cadence », a-t-il proposé.

Ce souhait faisait écho aux propos de Boucher puisque plusieurs équipes se battent pour accéder aux séries éliminatoires ou rester dans cette course. C’est justement le cas des prochains adversaires des Sens, les Stars de Dallas, qui seront les opposants, jeudi soir, au Centre Canadian Tire.