C’est blanc ou c’est noir, mais ce n’est pas brouillon, voilà la devise du nouvel entraîneur-chef des Sénateurs d’Ottawa, Guy Boucher depuis son entrée en scène au printemps dernier.

Boucher démontre des signes d’un homme de hockey qui a appris et grandi de ses expériences du passé dans l’environnement des athlètes professionnels, tant comme entraîneur qu’au niveau du contact humain avec ceux-ci.

Après avoir franchi le cap du quart de la saison, compilant une fiche de 14-7-1, il n’y a plus aucun doute que les Sénateurs sont dans la bonne direction. Malgré les différents défis au quotidien, lentement mais sûrement l’approche de Boucher, qui passe par le respect du processus, semble de plus en plus réussir à cette franchise à la recherche d’une identité qui leur est propre.

Une cohabitation et un partenariat bien présent avec les leaders de la formation dans leur adhérence à cette nouvelle philosophie; une identité basée essentiellement sur le respect des structures, l’application de celles-ci et surtout le souci du détail au niveau de l’exécution.

Il s’agit là d’une façon de faire qui exige que les joueurs dotés d’habilités offensives fassent preuve d’une certaine retenue et qu'ils sacrifient certaines actions lorsqu’ils sont en possession de la rondelle. Même chose dans la gestion de la rondelle, alors que cela exige une approche plus conservatrice, mais qui, j’en suis de plus en plus convaincu, avec le facteur temps, fera éventuellement partie intégrante de l’ADN tant recherché depuis quelques années.

Malgré un mois de novembre chargé et exigeant, comme pour la plupart des formations du circuit, avec 15 parties au compteur à disputer, les Sénateurs ont réussi à compiler une fiche de 9-4-1 avec un match à jouer. Durant ce mois de « Movember », les Sénateurs auront réussi à aller chercher des victoires importantes contre des rivaux de même division, et cela a de quoi satisfaire l’état-major de l’organisation.

Loin de la coupe aux lèvres, puisqu’il reste beaucoup à accomplir dans certains aspects de la « Game », il y a tout de même plusieurs indicateurs positifs, qui parlent par d’eux-mêmes.

Une réduction significative des tirs alloués à l’adversaire, une réduction du nombre de buts alloués, une fiche de 9-1-1 dans les matchs où l’écart est d’un seul but, une efficacité en infériorité numérique, une meilleure «discipline» tant dans la façon de compétitionner, que d’éviter de prendre de mauvaises pénalités (à l’exception de 2-3 parties); voilà tous des exemples qui militent en faveur de Boucher dans ce changement de culture au sein de la formation ottavienne. Comme quoi tout est une question d’« attitude » pour le personnel de joueurs en place, qui sensiblement est le même que la saison dernière.

Le plan de Boucher peut représenter pour certains un niveau d’entêtement, un trop plein de rigueur à certaines occasions, voire même un brin de dictature qui laisse très peu de place à l’improvisation et à la créativité, mais chose certaine, l’approche actuelle semble apporter un vent de fraîcheur qui laisse présager de jours meilleurs pour la franchise.

Tout en prenant en considération qu’il reste encore beaucoup à accomplir au niveau de la constance pour que le tout soit bien clair dans l’espace de 25 centimètres de tout un chacun, chose qui est loin d’être acquise dans un milieu aussi compétitif.

Karlsson d’hier à aujourd’hui!

Erik Karlsson

 

Pendant qu’il disputait son 500e match en carrière le week-end dernier face aux Huricanes de la Caroline et atteignait le plateau des 400 points plus tôt la semaine dernière, Erik Karlsson est en train de démontrer plusieurs indicateurs positifs lui aussi.

Ce choix de 1re ronde lors de la séance de sélection en 2008 (15e au total), derrière les défenseurs Drew Doughty (2e), Zach Bogosian (3e), Alex Pietrangelo (4e), Luke Schenn (5e), Tyler Myers (12e), Colten Teubert (13e) démontre des signes de plus en plus encourageants sur l’aspect leadership et avec une belle maturité, ce qui tend à faire des Sénateurs une bien meilleure équipe.

Plus responsable sur le plan individuel – comme en fait foi son engagement total à faire de plus courtes présences – Karlsson a également amélioré son jeu défensif, dominant notamment la colonne des tirs bloqués dans la Ligue nationale, et ce, sans négliger son apport offensif.

Le fait que Karlsson domine la Ligue au sein des tirs bloqués est assez surprenant pour un défenseur au profil offensif, ce qui nous porte à croire que défenseur d’origine suédoise arrive de plus en plus à un tournant de sa carrière. Le capitaine est en train de s’oublier comme personne, plaçant plutôt les succès de son équipe en avant-plan.

Un changement significatif pour celui qui est considéré comme un être démontrant peut-être un trop-plein d’assurance (lire arrogance) à ses premières années au sein des Sénateurs d’Ottawa, là où la pensée individualiste prédominait chez ce défenseur d’exception.

Animé davantage par de petites actions au quotidien dans son rôle de leader, voilà que Karlsson semble de plus en plus se préoccuper de trouver des solutions pour relancer cette franchise qui a connu plusieurs ratés au cours des dernières campagnes.

Le fait d’adopter cette position en assumant les conséquences de son choix, en abandonnant dans un certain sens le « JE » pour le « NOUS » à cette étape de sa carrière, mérite d’être souligné, alors que le récipiendaire du trophée Norris en 2012 et 2015 a certainement procédé à un changement de cap et d’attitude dans les derniers mois.

Turris trouve sa vitesse de croisière

Kyle Turris

Kyle Turris a connu des saisons de 58 points en 2013-2014 et 64 points 2014-2015, avant d’être tenu à l’écart du jeu une bonne partie de la saison l’an dernier en raison d’une blessure à la cheville, qui l’a forcé à disputer seulement 57 des 82 parties, avec une fiche de 13 buts, 17 passes pour 30 points.

Or, Turris a entamé la saison 2016-17 en lion, démontrant un grand désir de retrouver sa vitesse de croisière et on peut dire qu’il impressionne au plus haut point depuis le début des hostilités.

Catalogué comme un attaquant « two way » avec son implication dans les deux sens de la patinoire, son sens des responsabilités dans plusieurs facettes du jeu, voilà que le vétéran joueur de centre ne semble pas trop se soucier de l’arrivée du joueur de centre à caractère offensif Derick Brassard au sein de la formation ottavienne.

Au contraire, cela semble lui avoir donné une motivation additionnelle à se surpasser dans un contexte où son temps d’utilisation « qualité-minutes » semble avoir diminué quelque peu avec l’arrivée du Gatinois Brassard.

Auteur de dix buts jusqu’ici, dont neuf en situation de cinq contre cinq, et auteur trois buts gagnants, Turris, de par ses efforts soutenus, son instinct de marqueur et ses qualités de passeur est une pièce importante du casse-tête offensif des Sens.

Malgré une stature qui n’est pas des plus imposantes, ce qui le désavantage dans les batailles à un contre un en espace restreint et dans la lourde circulation, Turris représente tout de même une valeur sûre aux yeux de plusieurs membres de l’organisation des Sénateurs. Ces mêmes membres devront statuer sur son avenir avec la formation, alors que le joueur de centre canadien deviendra joueur autonome sans compensation à la fin de la saison 2017-2018.