OTTAWA – Il y a un an, jour pour jour, l’improbable arrivait alors que les Sénateurs d’Ottawa faisaient l’acquisition de l’ennemi bien particulier, Dion Phaneuf, dans une transaction majeure impliquant neuf joueurs.

Après sept saisons avec l’éternel rival, Phaneuf a donc quitté les Maple Leafs de Toronto pour se joindre aux Sens avec quelques appréhensions.

La réaction était plus que normale étant donné l’audace derrière le geste. Difficile de trouver une comparaison parfaite, mais c’était un peu comme si le Canadien avait mis la main sur Zdeno Chara.

Un an plus tard, les joueurs des Sénateurs s’amusent de la situation. Le défenseur Mark Borowiecki ignorait comment Phaneuf allait pouvoir s’intégrer dans le groupe.

« Quand il a été échangé, je me souviens que je croyais que ça prendrait une cage dans notre vestiaire pour gérer le tout », a raconté Borowiecki en rigolant.

« Je ne pense pas que personne en rouge et noir ne puisse aimer quelqu’un en bleu et blanc. Le contraire est aussi vrai, c’est ainsi que ça fonctionne dans la Bataille de l’Ontario, on parle d’une grosse rivalité », a également observé le sympathique colosse.

« Moi et Guy, c'est la lune de miel »

Ce n’est pas tout, Phaneuf est arrivé avec une mauvaise réputation : celle d’un meneur négatif. Pourtant, aucun de ces éléments n’a posé problème et Phaneuf s’est révélé comme une référence au sein du groupe.

« C’est un bon leader. Oui, on avait besoin d’un autre défenseur, mais c’est surtout avec sa présence dans la chambre qu’il se démarque. Il parle à tout le monde, il nous aide beaucoup », a souligné Marc Methot, un autre joueur influent de la formation.

Methot ne se gêne pas pour dire que sa jeune équipe avait un tel besoin à combler.

« Oui, absolument. On avait plusieurs jeunes sur l’équipe, mais tu as besoin de joueurs comme ça dans une saison et lors des séries. On traverse justement une période comme celle-ci. Il faut parler et garder une atmosphère positive », a-t-il confié.

Chris Neil et Dion PhaneufBorowiecki apprécie également la contribution de Phaneuf qu’il juge précieuse pour propulser l’organisation au prochain niveau.

« C’est un bon gars dans le vestiaire. Peu importe le domaine dans lequel tu évolues, tu as toujours besoin de meneurs qui sont capables de s’exprimer. Il a eu un gros impact avec nous dans ce sens. L’expérience est tellement importante dans la LNH et on oublie ça parfois », a précisé le défenseur robuste.

Avant de troquer son uniforme à la feuille d’érable pour celui des Sénateurs, Phaneuf n’aurait jamais imaginé recevoir de tels compliments de cette équipe.

« J’essaie surtout de me présenter chaque jour au travail pour accomplir mon boulot. J’ai appris de joueurs qui faisaient tout en leur possible pour le bien de l’équipe. Tu veux contribuer de la manière que tu peux, j’essaie d’ajouter mon grain de sel. Il y avait déjà de bons meneurs dans l’équipe avant mon arrivée », a réagi le choix de première ronde en 2003.

Quand est venu le moment de revenir sur la dernière année, Phaneuf a prouvé son sérieux.

« J’aurais aimé répondre à cette question après un meilleur match, mais j’ai vraiment apprécié mon année ici. J’aime la ville et les gens ont été merveilleux avec moi. On a de bons partisans et tout a été positif. Dès le premier jour, les gars m’ont accepté et m’ont fait sentir à la maison », a commenté l’auteur de 6 buts et 14 aides en 51 matchs.

Phaneuf a même trouvé le moyen de s’entendre, dès le départ, avec Chris Neil avec lequel il a eu maille à partir plusieurs fois dans le passé.

En fin de compte, tout est allé pour le mieux. La transaction a permis à Phaneuf de regagner de la vigueur alors que ses derniers milles avec les Leafs n’avaient pas été de tout repos.

« Je pense que oui, les changements surviennent dans le sport professionnel. J’ai aimé mon temps à Calgary et à Toronto et j’ai beaucoup appris à ces deux endroits. Je suis arrivé ici et j’ai eu un regain d’énergie, c’est un groupe excitant duquel faire partie. On a de jeunes joueurs comme (Erik) Karlsson qui est l’un ou le meilleur défenseur de la LNH. On a aussi de jeunes attaquants qui ne reçoivent pas beaucoup de mérite. Regardez Mark Stone qui est excellent, on n’entend pas souvent parler de lui. J’aime ce qu’on fait et le chemin qu’on suit », a exprimé l’Albertain.

Nul doute, Phaneuf ne déteste pas que l’attention médiatique ne soit pas omniprésente comme à Toronto. Ceci dit, il ne considère pas que les Sénateurs passent « inaperçus ». À 31 ans, Phaneuf est plus mature qu’auparavant et il ne veut pas s’embarquer dans le débat de déterminer s’il a été victime d’un mauvais traitement de la part des médias.

De la manière dont il agit, Phaneuf n’est plus dépeint négativement et il savoure le contexte actuel.

« On a un travail génial et on gagne très bien notre vie. On est chanceux, je l'apprécie chaque jour », a conclu Phaneuf qui a même pris le temps de souhaiter une bonne journée aux journalistes en partant, ce qui n’arrive pas souvent à Montréal.

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