SAINT LOUIS – Bien qu’il suive la finale de la coupe Stanley de Montréal, loin de Saint Louis où plusieurs anciens porte-couleurs des Blues ont convergé pour prendre une part active à une fête qu’ils n’ont jamais pu célébrer en tant que joueurs, Sergio Memesso vibre au rythme de son ancien club.

Ou de l’un de ses anciens clubs puisque le gros ailier qui analyse aujourd’hui les matchs du Canadien sur les ondes de TSN 690 a amorcé sa carrière dans la LNH à Montréal en 1985. Et c’est à Vancouver qu’il a connu ses meilleurs moments, dont une finale de la coupe Stanley que les Canucks ont perdue en sept matchs aux mains des Rangers de New York en 1994.

Brett Hull et Sergio MomessoMais c’est à Saint Louis qu’il s’est pour la première fois fait une place bien à lui au sein d’une équipe. Au sein d’un vestiaire. Au sein d’un trio. Une place confortable et en vue. Une place qui a marqué sa carrière.

« Je me suis retrouvé au sein du même trio que Brett Hull et Adam Oates. J’avais 23 ans et je jouais avec un des meilleurs francs-tireurs de l’histoire du hockey et un des meilleurs passeurs de l’histoire. Disons que ça marque une carrière », se souvient Momesso.

En trois saisons passées avec les Blues – un total de 191 matchs en raison de blessures et du fait qu’il a été échangé aux Canucks avant la fin de sa troisième année – Momesso a marqué 43 buts, ajouté 67 passes et a surtout passé 469 minutes au banc des pénalités parce qu’il prenait très au sérieux son rôle de « protecteur » de ses compagnons de trio.

Dans l’ombre des Cards

Mais plus que les statistiques, c’est le quotidien de la vie de hockeyeur qui l’a marqué à Saint Louis.

« C’était un endroit merveilleux pour jouer au hockey et pour vivre. Ce l’est encore selon ce que les anciens qui sont installés là-bas m’indiquent lorsque j’ai la chance de les croiser. Saint Louis est d’abord et avant tout une ville de baseball. Les Cards sont rois. Mais les gens s’intéressaient à nous et au hockey. À moins d’être en compagnie de Brett qui causait des commotions partout où il passait tellement il était populaire, tu pouvais aller partout en ville sans avoir être dérangé », raconte Momesso.

Et quand il parle de ne pas être « dérangé », Momesso qui a toujours été affable avec les amateurs – et il l’est encore aujourd’hui – ne parle pas de demandes de photos ou d’autographes. Il parle des questions pointues et des critiques associées à des passages à vide individuels ou des séquences de défaites de l’équipe.

« Toute la pression était sur les Cards. Les Blues étaient comme le petit frère à qui on pardonne tout. Même si l’équipe venait de perdre trois, quatre, cinq matchs de suite ou que tu étais dans une léthargie, les gens te saluaient. Ils étaient gentils. Courtois. C’était très différent de Montréal ou des grosses villes de hockey où tout est analysé et suranalysé autant quand ça va bien que lorsque ça va mal. Les gens ne se rendent pas compte à quel point c’est parfois difficile de composer avec cette pression au quotidien comme les gars du Canadien le vivent pendant la saison. »

Aussi confortable soit-elle, cette absence de pression peut parfois se transformer en oisiveté. Avec les conséquences négatives qu’on connaît.

« C’est là que tu as besoin d’un bon groupe de leader. Des gars qui sont capables de ramener le groupe pour éviter ce genre de situation », explique Momesso qui se rappelle quelques envolées du coloré Prof Caron qui était directeur général des Blues à l’époque. « Le Prof était un gars spécial. Des fois, il nous apostrophait et nous faisait la morale en lançant : vous aimez ça jouer à Saint Louis? Comme s’il s’agissait d’une menace de nous envoyer dans un endroit où il y avait plus de pression. Ça réveillait. Mais le Prof avait bien des façons à lui de nous réveiller. »

Patience récompensée

Comme tous les anciens Blues croisés depuis le début des séries et surtout depuis le début de la finale, Sergio Momesso est heureux de voir son ancien club en grande finale. Il souhaite bien sûr une première coupe Stanley à l’organisation et surtout aux partisans qui attendent depuis si longtemps.

« Il faut des clubs très solides à toutes les positions pour se rendre en finale. C’est vrai aujourd’hui et ce l’était dans le temps. Malgré tout le talent que nous avions, malgré les buts de Brett et le fait qu’on en marquait quatre, cinq, six par matchs, on n’a jamais eu les outils nécessaires pour nous rendre loin en séries. Je les ai fait deux fois à mon premier séjour et une autre à la toute fin de ma carrière – Momesso est retourné à Saint Louis en 1996-1997 après de courts séjours à Toronto et New York avec les Rangers – mais on s’est toujours frappé aux Blackhawks qui étaient juste trop forts pour nous. Nous n’avions pas les gardiens nécessaires et la défensive pour nous rendre au bout. J’aime le club d’aujourd’hui. Ils ont enfin un gardien solide et ils sont forts à toutes les positions. J’aime surtout leur manière de jouer. Ils sont physiques, forts en échec avant et sont capables de compter des buts. »

Parce que les anciens Blues sont déjà très nombreux à Saint Louis, Sergio Momesso espère toujours une invitation qu’il n’a pas encore reçue.

« J’aimerais retrouver les gars là-bas. C’est toujours plaisant de revoir Brett et de nous raconter les bons moments vécus ensemble à Saint Louis. S’ils m’appellent, je vais répondre présent. Et s’il y a un sixième match, je pourrais même décider d’y aller à la dernière minute pour vivre la finale », assurait Momesso lorsque joint avant la victoire de 4-2 qui a permis aux Blues de niveler les chances dimanche pour ainsi forcer la tenue d’une sixième partie.

Et si les Blues devaient surprendre les Bruins à Boston jeudi comme ils l’ont fait lors de la deuxième partie – victoire de 3-2 en prolongation – cette sixième partie pourrait se terminer avec la coupe Stanley au bout des bras. Une célébration à laquelle Momesso aimerait bien savourer lui aussi.