MONTRÉAL – Les personnalités fortes abondaient dans le vestiaire du Lightning de Tampa Bay quand Mathieu Garon y est entré pour la première fois au début de la saison 2011-2012.

Steven Stamkos avait déjà un trophée Maurice-Richard dans sa collection et allait en ajouter un autre quelques mois plus tard au terme d’une campagne de 60 buts. À 21 ans, il était sans contredit l’une des plus brillantes vedettes montantes de la Ligue nationale. À ses côtés, Vincent Lecavalier était l’imposant capitaine, la force tranquille de l’équipe.

Mais bien assez vite, Garon a réalisé que le Lightning était l’équipe de Martin St-Louis.

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« Sans rien enlever à Vincent, Martin était vraiment un gros leader », affirme le gardien retraité, dont le nom se retrouve sur la courte liste des invités qui assisteront à la cérémonie du retrait du numéro 26 de St-Louis dans les hauteurs du Amalie Arena vendredi soir.

« Il voulait être le meilleur dans tout, il n’y avait pas de limite pour lui. Il voulait être le meilleur joueur de la Ligue nationale et le meilleur leader. C’était notre gars le plus volubile. Tous les joueurs respectaient son opinion et avec la façon dont il jouait, il était capable de rassembler tout le monde derrière lui. »

Garon ne connaissait St-Louis que par réputation quand il est débarqué à Tampa en provenance de Columbus. Les deux s’étaient affrontés dans la Ligue américaine, à une autre époque, mais jamais leurs chemins ne s’étaient croisés par la suite. À la signature de son contrat, le cerbère a hérité de deux numéros : le 32, qu’on a cousu sur son chandail, et un autre, un peu plus long, qui lui permettait de joindre son nouveau coéquipier. Avant même d’avoir chaussé les patins avec le Lightning, Garon avait un guide, un modèle.

« C’est ce que je retiens le plus de lui, son leadership. Quand Guy Boucher avait une question, il demandait toujours l’opinion de Martin. Même chose pour Steve Yzerman. Quand une décision majeure devait être prise, je pense que Martin était toujours consulté. »

Garon a vite compris que St-Louis n’était pas du genre à attendre une intervention divine pour qu’un problème se règle. Quand quelque chose clochait, le vétéran prenait le taureau par les cornes et cherchait une solution.

« Il pouvait décider sans avertir qu’on avait une rencontre d’équipe. Souvent, quand ça allait moins bien, il essayait de rassembler les gars pour trouver ce qui ne marchait pas. Ce n’était pas un gars qui s’assoyait et qui se contentait de faire sa petite job. »

Aimé de tous

Par le respect qu’il commandait et l’influence directe qu’il avait sur la relève de l’organisation, St-Louis était entouré d’une aura  qui rappelle à Garon celle qui accompagnait Doug Gilmour dans le vestiaire du Canadien ou encore Jeremy Roenick lors de son passage avec les Kings de Los Angeles.

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« Ceux qui sont devenus les nouveaux leaders du Lightning ont tous appris de Martin. C’est grâce à lui qu’ils savent se comporter en vétérans, c’est ça qu’il apportait ici. Ce n’est pas pour rien si son chandail est le premier qu’on a décidé de retirer. Je sais que le tour de Vincent viendra et qu’il y en aura d’autres. Mais cette petite attention témoigne du respect qu’on lui voue ici. Même s’il est parti sur un froid, je pense que tout le monde a oublié ça. Tout le monde l’aime. »

Tout le monde? St-Louis ne projetait pourtant pas l’image du gars le plus doux et le plus sympathique. Quand venait le temps de l’aborder, les membres des médias avaient souvent l’impression de se frotter à un homme froid et plus souvent qu’autrement complètement désintéressé.

« Avant de le connaître, c’est un peu la perception que j’avais moi aussi, avoue Garon. Tu regardes ses entrevues et il est sérieux, il garde ça à la base. Mais ce que tout le monde ignore de lui, c’est qu’il est drôle à mourir. Dans la chambre, dans l’avion, sur la route, il était toujours en train de rire et de faire des jokes. C’en était contagieux. Même si on ne savait pas pourquoi il riait, juste à l’entendre on suivait. »

Pas de temps mort

Même si St-Louis avait 36 ans quand Garon est venu faire équipe avec Dwayne Roloson devant le filet du Lightning, sa contribution à l’équipe dépassait largement les limites du vestiaire. En 2011-2012, il a amassé 74 points en 77 matchs. La saison suivante, coupée de moitié par le lock-out, il en a récolté 60, un sommet dans la LNH.

« Je n’ai jamais vu des jambes aussi grosses que les siennes. Pour lui, se préparer physiquement, c’était vraiment important. Il n’y avait pas un gars plus en forme que lui », se rappelle Garon pour expliquer les succès de son ami.

Et sur la patinoire, la forme de St-Louis était tout aussi impressionnante. Garon se souvient d’un gars qui ne lançait jamais la rondelle simplement pour toucher le filet, mais toujours pour la mettre dedans.

« Quand on pratiquait l’avantage numérique avec Guy, il plaçait souvent ses joueurs à 5-contre-0 juste pour travailler la circulation de rondelle. Martin était toujours à ma gauche, prêt pour un tir sur réception, et je savais que même si je trichais, il allait me battre pareil. Il finissait toujours sur un genou, c’était sa marque de commerce. Il voulait toujours compter. C’était pas le fun... »