NASHVILLE - P.K. Subban ne pourra pas défiler dans les rues de Nashville d’abord et dans celles de Montréal ensuite avec la coupe Stanley.

Les partisans du Canadien, déçus, voire outrés, de l’avoir vu quitter le Centre Bell il y a presque un an auraient bien aimé voir leur favori débarquer à Montréal avec le trophée histoire de célébrer la première conquête de Subban, bien sûr, mais aussi de faire un pied de nez à l’état-major du Tricolore et à tous ceux et celles qui n’ont jamais su apprécier Subban à sa juste valeur.

Ils devront donc s’y résigner. Du moins pour cette année, car ce pourrait n’être que partie remise.

S’il est vrai que les Predators ont perdu la grande finale, qu’ils ont été battus en six parties par les Penguins de Pittsburgh, Subban et ses coéquipiers sortent grandis de cette défaite. La ville de Nashville et l’appui aussi remarquable qu’inconditionnel qu’elle a offert à son équipe pour confirmer son statut de ville de hockey est elle aussi sortie gagnante. Peut-être même la grande gagnante dans tout ça. Le temps nous le dira une fois l’engouement de la grande finale et la déception associée à la défaite passée.

Cette défaite fait mal bien sûr. Mais cette défaite servira sans l’ombre d’un doute de leçon à cette équipe qui ne comptait pas, et ne compte toujours pas, sur un seul détenteur de la coupe Stanley.

« La douleur est vive en ce moment. Les larmes coulent et c’est tout à fait normal. On rêve toute une vie à soulever la coupe Stanley et de perdre à deux victoires seulement de réaliser notre rêve est déchirant. Tout ça fait mal, mais nous devrons nous souvenir de cette douleur. Car cette douleur nous motivera lorsque nous serons de retour. Car nous serons de retour l’an prochain. Nous formons une très jeune équipe. Une équipe qui n’avait pas l’expérience de longues séries. Pas l’expérience d’une finale de la coupe Stanley et de tout ce que cela implique pour la gagner. Maintenant, nous avons cette expérience et elle nous servira comme elle a servi à nos adversaires qui ont eux aussi perdu avant de gagner », a défilé un P.K. Subban évidemment très déçu après la rencontre.

C’était la première fois en trois jours que P.K. Subban répondait aux questions des journalistes. Après sa promesse de victoire après les deux premiers revers à Pittsburgh et surtout après le « Listerine Gate » qui l’a non seulement opposé à Sidney Crosby, mais qui a semblé fouetter le capitaine des Penguins qui s’est ensuite mis en grande vitesse pour donner le ton à la finale, Subban a été tenu à l’écart des médias.

Par la direction des Predators? Par ses coéquipiers qui lui ont demandé d’être plus prudent dans ses commentaires? Par la LNH?

Toutes les hypothèses ont flotté à l’intérieur et autour du Bridgestone Arena avant, pendant et bien sûr après le match décisif qui a permis de couronner les Penguins de Pittsburgh pour une deuxième année consécutive.

Peu importe ses déclarations et le poids réel qu’on doit leur donner, P.K. Subban les a assumées en jouant du hockey inspiré et solide. Le défenseur des Preds était d’ailleurs le premier de son camp à défiler en direction des vainqueurs pour les féliciter et leur serrer la main. On l’a d’ailleurs vu frapper l’épaule de Sidney Crosby en guise de respect. Un geste qui a toutefois semblé laisser de marbre le capitaine des champions.

Si P.K. Subban n’a rien perdu de sa verve, de sa grande popularité qu’il aime attiser et qui a sans doute contribué à son départ de Montréal à la faveur de Shea Weber l’été dernier, le défenseur a démontré une nette amélioration au cours des séries qui se sont terminées dimanche.

Malgré la défaite, Subban s’est illustré en remplissant et en respectant les mandats défensifs que l’état-major de l’équipe lui avait donnés. Il s’est dressé, plus souvent que le contraire avec grands succès, devant les meilleurs et plus imposants adversaires. Il a réussi à contenir les Evgeni Malkin, les Ryan Getzlaf, les Vladimir Tarasenko et les Jonathan Toews tout en contribuant à sa façon à l’attaque.

Cette contribution était moins débordante d’enthousiasme et d’artifices comme c’était souvent le cas à Montréal, mais elle a somme toute été efficace au sein d’une brigade défensive qui gravite d’abord et avant tout autour de Roman Josi. Surtout en matière de contribution offensive.

Avenir prometteur, mais rien d’acquis

P.K. Subban a-t-il raison de croire que lui et les Predators seront de retour en grande finale l’an prochain afin de peut-être la gagner?

ContentId(3.1235146):Coupe Stanley : Penguins 2 - Predators 0 (LNH)
bellmedia_rds.AxisVideo

Il a raison d’être confiant.

Mais parce que les Predators ont terminé au 16e et dernier rang des 16 clubs qualifiés pour les séries, et qu’ils ont surpris tout le monde et peut-être un peu eux-mêmes en « sortant » en quatre parties les Blackhawks de Chicago en première ronde, des Hawks que 99% des amateurs de hockey croyaient en mesure de battre facilement Nashville, le parcours qui attend les Preds sera loin d’être facile.

À moins que David Poile soit en mesure de convaincre son homologue des Golden Knights de Las Vegas de tourner le dos à l’un ou l’autre de ses quatre piliers défensifs, le d.-g. des Predators devra protéger Josi, Ellis, Subban et Ekholm.

Ça libérera des joueurs à l’attaque et les Preds perdront un des bons soldats qui ont aidé Ryan Johansen, Filip Forsberg et Viktor Arvidson à produire les buts nécessaires pour gagner.

Et s’il est vrai que les Predators forment une jeune équipe, leur gardien Pekka Rinne est rendu à 34 ans et il a encore deux ans à écouler à son contrat qui lui rapporte sept millions $ annuellement avec une ponction égale sous le plafond. Le capitaine Mike Fisher ne rajeunit pas lui non plus. Il semble même que le statut de James Neal, un coéquipier pas commode selon sa réputation connue et reconnue aux quatre coins de la LNH, soit en péril alors que l’état-major pourrait décider de l’échanger.

Neal-Hornqvist

Parce qu’il a très souvent, trop même, été question de la transaction qui a permis aux Predators de faire l’acquisition de P.K. Subban en retour de Shea Weber, on a très souvent, trop même, passé sous silence la transaction qui a permis aux Penguins de Pittsburgh de faire l’acquisition de l’ancien des Preds Patric Hornqvist en retour de James Neal.

Le but gagnant du match décisif enfilé par le Suédois a ramené cette transaction à l’avant-scène.

« Nous avons effectué beaucoup de transactions au cours des deux dernières années. Plusieurs acquisitions ont été rendues nécessaires en raison des blessures qui nous ont frappés. Dans le cas de Hornqvist, c’était différent. Nous avions besoin d’un joueur comme lui. D’un gars qui fonce au filet, qui se bat devant le filet et dans les coins. D’un gars qui gagne ses batailles et qui peut changer le cours d’une partie. Il nous manquait un Patric Hornqvist alors qu’on avait plusieurs joueurs capables de marquer des buts. Cette acquisition a donc grandement contribué à nos succès des deux dernières années. Je n’avais jamais anticipé qu’il puisse marquer le but de la victoire dans le match qui nous permettrait de gagner la coupe Stanley, mais c’est une prime sensationnelle pour lui. »

Impliqué dans plusieurs escarmouches avec ses anciens coéquipiers, dont plusieurs sont aussi Suédois tout comme lui, Patric Hornqvist a échangé plusieurs longues accolades lors du traditionnel échange de poignées de main. Mattias Ekholm a d’ailleurs eu une longue discussion avec son compatriote.

Quant à la transaction Subban-Weber, la défaite des Predators nous permettra peut-être d’avoir un été plus calme alors qu’il serait grand temps de décréter une trêve – et pourquoi pas la fin pure et simple – de la guerre de mots entre les pro Subban et les pro Weber.

Est-ce possible ou trop demander?