La belle mission de la Fondation Pierre-Luc Dubois
MONTRÉAL – Pierre-Luc Dubois a passé d'innombrables soirées – et presque des nuits – à la patinoire extérieure durant son enfance. Rien de plus naturel donc pour lui de remplacer Vincent Lecavalier à la tête d'une fondation aidant les jeunes défavorisés à pratiquer ce sport.
Ça faisait déjà plusieurs années que l'idée de s'impliquer pour la communauté germait dans la tête de Dubois. Son intérêt l'a mené à devenir le candidat idéal pour poursuivre l'engagement de Lecavalier qui a permis d'amasser plus d'un million au fil des ans.
Le projet de la Fondation Pierre-Luc Dubois devait s'enclencher en mars 2020, mais la pandémie a mis le tout sur la glace.
Aujourd'hui âgé de 24 ans, Dubois appartient à l'élite de la LNH et son implication l'enchante, ça se voit.
« On pourrait aider plusieurs causes qui sont très importantes, mais j'ai tellement passé de temps sur les patinoires extérieures. J'ai vu à quel point le hockey peut unifier les jeunes, bâtir des relations ou des amitiés que tu vas garder pour le reste de ta vie », a exposé, lundi, le colosse de six pieds deux pouces et 205 livres.
« Tu peux demander à mes parents, ils venaient me chercher à 21h. Je vais garder ces souvenirs pour le reste de ma vie. Je sais à quel point le hockey peut coûter cher, mais de voir le sourire de tous les jeunes réunis à la patinoire, ça me tenait vraiment à cœur », a-t-il enchaîné.
Cette fondation, qui œuvre au Bas-Saint-Laurent, où Dubois a passé une partie marquante de son enfance, prête des équipements dans la discrétion pour ne pas stigmatiser ces jeunes davantage.
« Souvent, les enfants démunis ont un moins grand réseau social autour d'eux. C'est souvent à la patinoire que tu vas te faire un ami, que tu iras chez lui, qu'il t'aidera à faire des devoirs. De l'aveu des institutions scolaires, des jeunes ont complètement changé leur comportement. Ces jeunes font un petit contrat selon lequel le (bon) comportement doit suivre », a précisé René Gagnon, le président de la Fondation Pierre-Luc Dubois.
Un site web a été lancé avec un encan virtuel en deux phases dont l'une se terminera le 13 juillet pour coïncider avec le tournoi de golf qui aura lieu au Bic.
Cette belle histoire d'implication a été semée dans la tête Dubois par sa présence, alors tout jeune, au tournoi de golf de Lecavalier.
« J'avais eu la chance d'y participer, c'était l'un de mes joueurs préférés. Vincent a eu une grande influence sur ma carrière et ma vie même s'il ne le sait pas directement. C'est important pour les jeunes d'avoir des influences positives », a-t-il expliqué avec humilité.
Dans sa jeunesse, Dubois a participé à une ligue extérieure, dans les environs de Mont-Joli, qui opposait des joueurs du hockey organisé et non. « Il y avait des jeunes avec les meilleurs bâtons et d'autres en bois. Mais l'affaire que j'aimais le plus, les gars repartaient tous de là avec le sourire. Ils étaient heureux de jouer même s'il faisait -30 dehors », a noté Dubois qui devient, à son tour, un ambassadeur de renom pour cette fondation.
Les Jets et Dubois excellent cette saison
Parlant du plaisir de jouer, les Jets de Winnipeg l'ont retrouvé cette saison. Après une dernière campagne plus que décevante, les Jets étonnent en occupant le premier rang de leur association.
« Ça fait du bien à entendre », lance Dubois avec un sourire des plus honnêtes.
« On avait une bonne équipe l'an passé aussi, mais on a réalisé à quel point ça peut descendre très rapidement quand ça ne va pas bien », a enchaîné le gaucher.
La fierté du noyau de cette équipe avait été piquée à vif. On entendait que les Jets étaient formés d'un groupe de mauvais meneurs et les critiques envers les Blake Wheeler et Mark Scheifele fusaient de toutes parts.
« Cette année, on est arrivés avec plus de confiance. C'est drôle à dire vu qu'on n'avait pas fait les séries. Oui, il y a de nouveaux entraîneurs, mais on voulait prouver au monde qu'on a une bonne équipe. Tu entends toujours des affaires à propos des joueurs et donc c'était l'occasion de le prouver aux gens », a exprimé Dubois qui a vanté l'immense apport de Josh Morrissey cette année.
Et l'entraîneur embauché, le vétéran Rick Bowness, a justement trouvé l'approche idéale pour relancer cette troupe.
« Avec notre dernière saison, un coach pouvait arriver de deux façons : en panique, on a besoin d'une bonne saison ou bien calme, on a une bonne équipe. Il est arrivé sans aucun stress au camp. Les joueurs, on savait qu'on formait un bon club, mais de l'entendre du coach… Il nous montrait des vidéos de bonnes choses accomplies l'an passé, de petites choses qui ont calmé les joueurs », a indiqué Dubois.
Ça se déroule tout aussi bien du côté personnel alors que le Québécois est en voie de pulvériser ses meilleures statistiques en carrière. Il affiche déjà 20 buts et 29 aides (49 points) en 44 matchs alors que son sommet pour une saison se chiffre à 61 points.
Alors, à sa sixième saison dans la LNH, a-t-il atteint son rythme de croisière?
« C'est dangereux de penser avec cette mentalité. Je veux toujours devenir un meilleur joueur et je sais à quel niveau je peux jouer, je ne me fixe aucune limite. Je crois que c'est la première saison que je suis passé à une autre étape au niveau de la constance, ce n'est pas facile. Des soirs, tu te sens moins bien ou tu as mal aux jambes, mais comment peux-tu aider ton équipe », a répondu Dubois.
L'imposant joueur de centre des Jets a également adhéré au défi lancé par les entraîneurs, celui de devenir meilleur.
Ça rendait pertinent de demander à Dubois s'il trouve que l'on sous-estime le temps que ça exige pour véritablement prendre son envol dans la LNH.
« Je me sens vieux parfois. Même nous les joueurs, on n'est pas patient. On veut que ça arrive dès maintenant, à la première saison ou la deuxième. Mais, quand tu y penses vraiment, le pic arrive plus à partir de 26 ans. Sauf que l'âge n'a pas d'importance, tu atteins le bon niveau quand tu arrives à maturité mentalement », a retenu Dubois, repêché au troisième rang en 2016.
Dubois fait désormais partie du top-20 des pointeurs de la LNH, comment fait-on pour progresser quand on se hisse à ce niveau?
« Je ne veux pas dévoiler tous mes secrets », rétorque Dubois en riant, mais sans révéler sa recette.
Et dire que ce fut possible de parler à Dubois sans lui poser une seule question sur son contrat. Même lui semblait se pincer, mais le sujet de son implication méritait cette approche.