Section spéciale Séries LNH
Prédictions des experts

 

Les séries amènent toujours un lot de surprises. Surtout en première ronde alors que certains clubs trop sûrs de leur affaire peuvent se faire jouer un vilain tour.

 

Ces surprises viendront encore cette année. Mais j’ai l’impression que c’est dans l’Ouest qu’elles se produiront alors que dans l’Est, la logique sera respectée. Où devrait l’être…

 

Ça me désole un brin pour les Hurricanes de la Caroline qui mériteraient pleinement de prolonger la fête avec leurs partisans. Ça me désole aussi pour les Blue Jackets qui forment une belle équipe, mais qui en croiseront une plus belle et surtout plus redoutable encore.

 

Mais bon. Si les choses vont comme je l’anticipe voici à quoi ressembleront les quatre duels dans l’Est.

 

Tampa Bay – Columbus : le Lightning en 6

 

Après leur saison de rêve de 62 victoires, Steven Stamkos, Nikita Kucherov et leurs coéquipiers du Lightning (62-16-4) sont les seuls qui pourraient brouiller les cartes en première ronde. Car à moins qu’ils ne se vautrent dans une forme ou une autre de complaisance, les Bolts ne peuvent pas perdre cette série.

 

Loin de moi l’intention de manquer de respect à l’endroit des Blue Jackets. Surtout qu’après une séquence très difficile (5-7-1) qui a suivi la série de transactions conclues avant et à la date limite le 25 février dernier, les nouveaux Jackets ont signé sept victoires en huit parties en fin de calendrier pour retrouver leur place en séries… et la garder. Au cours de cette séquence, les Jackets ont même marqué 35 buts et en ont accordé 14 seulement alors que Sergeï Bobrovsky a signé pas un, pas deux, mais bien trois jeux blancs en huit rencontres.

 

Mais le Lightning n’a pas donné l’impression de se complaire de sa fiche de 52-13-4 lorsqu’il a été assuré du championnat de la saison régulière. Il a ajouté 10 victoires et n’a perdu que trois fois, dont l’une au Centre Bell aux mains du Canadien.

 

De fait, huit fois seulement depuis que la LNH remet le trophée des Présidents au gagnant de la saison régulière (1985-1986), ces champions ont aussi gagné la coupe Stanley : Edmonton (87), Calgary (89), New York Rangers (94), Dallas (99), Colorado (2001), Detroit (2002 et 2008) et Chicago (2013).

 

En route vers son trophée des Présidents, le Lightning a gagné de façon convaincante les trois duels entre les deux équipes cette saison. Il a marqué 17 buts et a limité les Jackets à trois seulement.

 

Ajoutez à cela le fait que Tampa a terminé au premier rang en attaque massive (28,2 %), qu’il a terminé sur un pied d’égalité au 2e rang en désavantage numérique (85 %), qu’il a marqué 36 buts de plus (325) que ses plus proches rivaux – les Flames de Calgary en ont marqué 289 –, qu’il n’en a concédé que 222 (5e dans la LNH) et qu’il domine donc tous les clubs du circuit avec un différentiel impressionnant de plus 103 et vous avez assez de motifs pour balayer une surprise potentielle du revers de la main.

 

Vrai que les Blue Jackets ont été très forts sur la route avec 25 gains. Mais le Lightning a été meilleur avec 30.

 

Vrai aussi que Sergei Bobrovky a dominé la LNH avec neuf jeux blancs et qu’il est capable de multiplier les miracles devant sa cage.

 

Mais Bobrovsky est aussi capable du pire de temps en temps. Et malheureusement pour son équipe, c’est souvent en séries que le pire lui tombe dessus comme en témoigne sa fiche de 5 gains et 14 revers en 19 décisions associées à 20 départs. Une triste fiche noircie davantage par une moyenne de 3,49 buts accordés par match et une efficacité de 89,1 %.

 

À l’autre bout de la patinoire, Andrei Vasilevskiy est aussi très fort. Il a dominé la LNH cette année avec ses 39 victoires et son efficacité de 92,5 % (chez les gardiens qui ont disputé au moins 50 parties. Il a aussi terminé 2e avec une moyenne de 2,40.

 

Vasilevskiy est surtout beaucoup, beaucoup, beaucoup plus prévisible que son rival des Jackets. Ce qui devrait écarter les moindres espoirs d’une surprise dans cette série.

 

Boston – Toronto : Bruins en 5

 

C’est la troisième fois en six ans que les deux équipes se croisent en première ronde. Les Maple Leafs (46-28-8) ont perdu les deux premières séries en sept matchs. Ils en perdront une troisième, mais cette fois les Bruins (49-24-9) n’auront pas à attendre jusqu’au septième match.

 

Du moins je ne crois pas.

 

Les deux équipes se pointent en série sur des lancées bien différentes.

 

Boston a maintenu un dossier de 22-7-4 dans les 33 derniers matchs de sa saison.

 

Toronto s’est contenté d’une fiche de 16-11-6 lors de ses 33 derniers matchs. Pis encore, les Leafs n’ont gagné que quatre de leurs 14 dernières rencontres (4-7-3). En saison régulière, les Bruins ont aussi gagné trois des quatre matchs.

 

À première vue, l’attaque des Leafs est meilleure. Les statistiques confirment d’ailleurs un net avantage (286-259).

 

Mais le premier trio des Bruins est non seulement capable de marquer lui aussi, mais il est en mesure de grandement compliquer la vie de ses opposants.

 

Bergeron, Marchand et Pastrnak l’ont d’ailleurs prouvé avec éloquence l’an dernier alors qu’ils ont collectivement inscrit neuf buts et amassé 30 points dans les sept matchs de la série contre Toronto.

 

Rien pour aider la cause des Leafs, David Pastrnak a terminé la saison en force. Après une absence de 16 matchs en raison d’une fracture à un pouce, il a inscrit cinq buts et ajouté six passes dans ses cinq dernières rencontres de la saison.

 

Rien que ça!

 

John Tavares, Mitch Marner, Auston Matthews et compagnie ont de quoi faire trembler les adversaires des Leafs. C’est vrai.

 

Mais la défensive et surtout le gardien Fredrik Andersen ont de quoi jeter un brin, voire deux, d’inquiétude chez les fans des Maple Leafs.

 

Andersen a connu un très bon début de saison. Il a même été solide à ses 50 premières rencontres. Mais il a terminé la saison, à l’image de son club, sur les genoux alors qu’il a offert 3,85 buts en moyenne lors de ses neuf dernières parties tout en se contentant d’une efficacité de 87,8 %.

 

Des statistiques en tous points semblables à celles qu’il a présentées en première ronde l’an dernier contre Boston alors qu’il a maintenu une moyenne de 3,76 buts alloués par partie et une efficacité de 89,6 %.

 

Si Andersen flanche et doit être remplacé, c’est Michael Hutchinson qui viendra en relève. Ou Garret Sparks. Rien de rassurant dans un cas comme dans l’autre.

 

Devant la cage des Bruins, Tuukka Rask après un autre début de saison misérable a repris son filet et il ne semble pas en voie de l’échapper. Mais si ça devait arriver, les Bruins seraient malgré tout bien épaulés par Jaroslav Halak qui est certainement le meilleur gardien auxiliaire de la LNH.

 

Washington – Caroline : Capitals en 6

 

Les Hurricanes représentent l’une des belles surprises de la saison dans la LNH. Ils forment aussi le club le plus sympathique alors que des amateurs des quatre coins de la LNH se sont ralliés derrière le groupe de « Jerks » qui s’est mis à célébrer de façon originale ses victoires à domicile.

 

Au grand plaisir de leurs fans qui sont revenus en force assister à leurs matchs et au grand désespoir de Don Cherry et de quelques dinosaures du hockey.

 

Oh well!

 

Les Canes ne sont pas seulement sympathiques. Ils sont bons aussi. En fait, ils le sont devenus en cours de saison. Car d’une fiche de 15-17-5 qui les larguait à 10 points des séries le 29 décembre dernier, les Canes ont ensuite maintenu un dossier de 31-12-2 dans leurs 45 dernières rencontres pour se tailler une place en séries pour la première fois en 10 ans et la troisième depuis leur conquête de la coupe Stanley en 2006.

 

Si l’on tient compte de ces 45 dernières parties, les Canes devraient être favoris face aux Capitals qui n’ont gagné que 24 fois (26-16-5) dans leurs 45 dernières parties.

 

Mais d’autres facteurs entrent en ligne de compte.

 

À commencer par Alexander Ovechkin qui a enfilé 51 buts bien tranquillement cette saison. Il y a ses cinq coéquipiers qui ont eux aussi franchi le plateau des 20 buts. Il y a toute cette équipe qui, après avoir soulevé la coupe Stanley en juin dernier, a donné l’impression de faire juste le nécessaire pour se donner la chance de répéter l’exploit cette année.

 

Les Canes sont jeunes. Ils sont fougueux. Ils sont bons. Ils sont aussi très bien menés par leur entraîneur-chef recrue Rod Brind’Amour et surtout leur vénérable capitaine Justin Williams qui semble avoir rajeuni malgré ses 37 ans bien comptés.

 

Ils gagneront au moins un match. Je crois même qu’ils en gagneront deux. Mais s’ils en gagnent trois, ils seront alors favorisés par leur capitaine qui est reconnu autour de la LNH à titre de Monsieur 7e match en séries puisqu’il affiche un dossier de 7-1 lors de ces matchs au cours desquels il a inscrit sept buts et ajouté... sept passes!

 

En plus de Monsieur 7e match et de la vague de soutien à l’égard de la bande de «Jerks», le gardien Petr Mrazek pourrait faire pencher la balance en faveur des Canes. Mrazek s’est emparé du filet depuis le 16 février dernier. Il a maintenu une fiche de 11-2-0 avec une moyenne de 1,68 but alloué par partie et une efficacité de 94,4 %.

 

C’est sensationnel.

 

Son manque d’expérience en séries suscite des doutes. Tout comme sa fiche de quatre victoires et six revers. Mais attention, en dépit ce dossier négatif, Mrazek a maintenu une moyenne de 1,98 but accordé par match et une efficacité de 92,7 %. Ce n’est donc pas comme s’il avait fait cadeau des victoires à ses adversaires.

 

Braden Holtby? Il est très bon lui aussi. Mais quand la chaîne débarque, elle casse. Ce qui représente la seule source d’inquiétude quant aux chances de victoires des Caps en première ronde.

 

Ah oui! J’ai oublié de vous ajouter que les Capitals ont gagné les quatre matchs opposant les deux clubs cette année. Une des défaites encaissées par les Canes (6-5) l’a été en tirs de barrage.

 

New York Islanders – Pittsburgh : Penguins en 6

 

Les Islanders de New York amorcent les séries à domicile pour la première fois depuis 1988. Une belle récompense pour cette équipe qui s’est non seulement remise du départ de John Tavares, mais qui est devenue le premier club de la LNH lors des 100 dernières années à passer du dernier rang au chapitre des buts accorder (293) au tout premier cette année (196). Une baisse de 97 buts. C’est énorme!

 

Bien appuyés par cette défensive étanche, les Islanders ont maintenu un dossier de 38-2-2 cette saison dans les matchs au cours desquels ils ont marqué trois buts. Que ce soit en temps réglementaire, en prolongation ou que ce troisième but (décisif) soit venu en tirs de barrage.

 

C’est du solide.

 

De retour au Nassau Coliseum qu’ils feront vibrer sans la moindre retenue, les fans des Islanders auront sans l’ombre d’un doute beaucoup de plaisirs au cours des prochains matchs. Ils devront toutefois attendre avant de célébrer le retour de la coupe Stanley qui y a été soulevée pour la dernière fois en 1983 au terme d’une victoire de 4-2 aux dépens des jeunes Oilers d’Edmonton que les Islanders avaient alors balayé en quatre matchs. C’était leur quatrième coupe consécutive. Ce fut aussi leur dernière.

 

Les deux équipes ont signé deux victoires cette saison. Elles ont aussi perdu une fois à la régulière et une fois en prolongation ou tirs de barrage.

 

C’est donc assez partagé.

 

« Tout commence avec Sidney Crosby », a lancé l’entraîneur-chef Barry Trotz à qui on a demandé plus tôt cette semaine de brosser un aperçu de la série opposant son équipe aux Penguins.

 

Trotz est un maître de la défensive. Il a relancé la carrière du gardien Robin Lehner qui a partagé le travail avec Tomas Greiss cette saison.

 

Les chances de victoires des Islanders dépendront donc des succès que Trotz et ses gardiens auront dans leur quête de contenir Sidney Crosby.

 

À l’image de son équipe, le capitaine des Penguins a récolté 100 points (35 buts) cette saison. En 71 rencontres face aux Islanders – saison régulière et séries éliminatoires combinées – le Kid qui n’en est plus un a amassé 122 points.

 

À cause de Crosby, de Malkin, de Kessel et de Kristopher Letang qui a connu une autre saison sensationnelle, je crois que les Penguins auront raison des Islanders qui ont déjà accompli plus qu’on pouvait même imaginer qu’ils accompliraient.

 

Mais attention!

 

Les Penguins compteront sur quel Matt Murray devant leur filet ? Celui qui a été sensationnel lors des deux conquêtes de la coupe Stanley à son entrée dans la LNH. Ou celui qui a échappé plus de matchs qu’il en a volés au cours des deux dernières saisons?

 

C’est la grande inquiétude du côté des Penguins.

 

La seule peut-être.

 

Quelques tendances…

  • Les équipes qui ont remporté la première partie d’un duel quatre de sept ont gagné la série 467 fois et l’ont perdu à 214 reprises dans l’histoire de la LNH. Ce qui représente une moyenne de  68,5 %...
     
  • Les équipes évoluant à domicile qui ont gagné le premier duel d’une série quatre de sept sont passées à l’étape suivante 327 fois et ont été éliminées seulement à 106 reprises pour une efficacité de 75,5 %...
     
  • Les équipes qui ont signé une victoire à l’étranger dans le cadre du premier match d’une série quatre de sept ont gagné la série 140 fois et l’ont perdu à 108 reprises pour une efficacité de 56,4 %...
Aperçu de la 1re ronde des séries éliminatoires dans l'Ouest