Quelle belle image que celle des Bowman, père-fils, célébrant ensemble une autre coupe Stanley au sein des Blackhawks de Chicago!

Scotty, qui agit à titre de conseiller senior chez les Hawks, semblait fier comme un paon de voir Stan, directeur général des nouveaux champions, suivre ses traces d'une façon magistrale. À 42 ans, Stan Bowman a déjà trois coupes Stanley dans son c.v.. Son père a gagné sa troisième coupe à 44 ans, avec le Canadien, en 1977.

Un beau rêve a germé dans sa tête après avoir vu les Penguins de Pittsburgh, dirigés par son père, balayer une série finale contre Chicago. Ce jour-là, il a exprimé le souhait devant sa mère de pouvoir travailler un jour avec lui au sein d'une même organisation. Il avait 19 ans. Sa mère n'a rien fait pour briser cette ambition, mais quelles étaient les chances que cela se produise?

Quand on a un père aussi célèbre, le plus grand gagnant de l'histoire parmi les entraîneurs, j'imagine qu'il faut y mettre le temps avant d'être reconnu à sa juste valeur, et ce, même si la carrière de Stanley Bowman a effectué des bonds de géant depuis qu'il a succédé à Dale Tallon. C'est sa sixième saison dans cette chaise. Lundi soir, il est devenu le premier directeur général à mériter trois coupes depuis l'instauration du plafond salarial.

Habituellement, c'est après un championnat que les vrais problèmes commencent. Ça coûte cher une coupe Stanley. Après chacun des deux premiers exploits , il a dû se départir de quelques éléments importants, structure salariale oblige. D'habitude, une organisation encaisse mal le coup en procédant à ces changements forcés. Les Hawks, eux, ont continué à gagner. Le plus jeune des Bowman va devoir reprendre le même exercice au cours de l'été. Qui devra-t-il garder? Qui devra-t-il sacrifier? Les décisions seront majeures. Il n'y aura pas de place pour l'erreur.

Dans un monde idéal, Antoine Vermette aurait un avenir à Chicago. Il a notamment marqué deux des quatre buts gagnants de la finale et il a été un atout important à l'occasion des mises au jeu. Mais voilà, il sera bientôt joueur autonome. Une équipe va probablement lui offrir cinq ou six millions. Chicago ne pourra pas concurrencer la meilleure proposition qu'il recevra. Ce n'est qu'un exemple de ce qui attend le patron de l'équipe.

Bowman fils n'a pas été le plus exubérant sur la patinoire pendant que chacun de ses joueurs poussait des cris de guerrier en soulevant la coupe. Timide, il se contentait de sourire en affichant la satisfaction d'un travail bien accompli.

Bowman vient de loin à plus d'un point de vue. D'abord, il est natif de Montréal. Il y est né quelques jours à peine après la toute première coupe remportée par son père, en 1973. Pourquoi croyez-vous que ses parents l'aient baptisé Stanley?

Mais il revient de plus loin encore. En 2007, on lui a appris qu'il avait le cancer. La maladie de Hodgkin, un cancer qui touche le système lymphatique, a été traitée avec succès, mais elle est revenue à la charge plus virulente encore un peu plus tard. Dans une intéressante entrevue accordée au journaliste Scott Burnside, de ESPN, il a expliqué à quel point il avait souffert à ce moment-là. Il a finalement traversé cette difficile épreuve pour devenir le directeur général le plus couronné de la présente décennie.

On se plaint et pourtant…

On met beaucoup d'emphase et avec raison sur ces trois coupes gagnées rapidement par les Blackhawks, mais je me demande comment les amateurs de hockey québécois auraient réagi si le Canadien s'était contenté de six coupes Stanley seulement dans son histoire? Les Bruins de Boston n'ont pas fait mieux que Chicago. Et les riches Rangers ont gagné quatre coupes seulement. On est loin des 24 titres du Tricolore.

Quand Boston a gagné en 2011, il a mis fin à une disette de 39 ans sans championnat. Chicago n'avait pas gagné depuis 49 ans quand il a célébré l'exploit en 2010. Et que dire de Toronto qui n'a pas touché à la coupe depuis 48 ans?

Au Québec, nous sommes impatients parce que le Canadien nous a beaucoup gâtés. Une attente de 22 ans paraît interminable. Par contre, la brillante tenue du Lightning de Tampa Bay contre Chicago incite beaucoup de monde à croire que l'équipe du Centre Bell s'approche de l'objectif ultime.

Les deux prochaines années seront cruciales pour Marc Bergevin. J'ai l'impression qu'il aura déniché un joueur d'impact quand la prochaine saison s'amorcera. On entend très peu parler de lui actuellement et c'est généralement bon signe. Ses meilleurs coups ont été réussis quand on s'y attendait le moins.

Il y a de ces gestes

Il se passe parfois de bien belles choses durant les moments de célébration qui suivent la conquête d'une coupe Stanley. Quand le commissaire Gary Bettman a remis la coupe au capitaine Jonathan Toews, on aurait cru que le gagnant du trophée Conny Smythe, Duncan Keith, aurait été le suivant à patiner avec le trophée. Toews l'a plutôt remis à Kimmo Timonen, l'un des derniers joueurs ajoutés à la formation. Repêché il y a 22 ans par les Kings, le défenseur de 40 ans a touché à la coupe à l'occasion du tout dernier match de sa carrière.

Ce n'est pas sans rappeler un geste identique posé par Joe Sakic à l'endroit de Raymond Bourque, au Colorado. Sakic n'avait même pas donné un coup de patin avec la coupe dans ses bras. Sitôt reçue de Gary Bettman, il l'avait remise à Bourque qui avait vainement tenté de la gagner pendant 21 ans à Boston.

Plus chanceux que ça…

Pierre Gauthier a une longue feuille de route comme administrateur. Il a été président des Mighty Ducks d'Anahein. Il a été le directeur général de trois équipes: Ottawa, Anaheim et Montréal.

Or, quand a-t-il finalement pu remporter la coupe Stanley? Quand le Canadien l'a mis à la porte. Après avoir été remercié, il a été embauché par les Blackhawks à titre de directeur du personnel des joueurs, ce qui lui a permis d'obtenir deux bagues de la coupe Stanley en trois ans.

Gauthier devrait courir acheter des 6/49. Plus chanceux que ça...