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Un an plus tard, Marc Bergevin peut sourire!

Marc Bergevin Marc Bergevin - Getty
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MONTRÉAL - Un an, jour pour jour, après son congédiement, Marc Bergevin mérite une partie du crédit en marge des succès multipliés par le Canadien cette saison.

 

Pas question ici de prétendre que Geoff Molson a pris une mauvaise décision en congédiant Bergevin.

 

Au contraire!

 

Les embauches successives de Jeff Gorton à titre de président des opérations hockey, de Kent Hughes à titre de directeur général, de Martin St-Louis à titre d'entraîneur-chef et l'impact ô combien positif que ce nouvel état-major a donné à l'organisation démontre que le changement de garde était devenu souhaitable. Qu'il était même devenu nécessaire tant le Canadien n'allait nulle part. Tant il était clair que l'équipe avait abandonné son coach et son patron qui en menait très large dans le vestiaire. Tant il était clair que les partisans avaient quant à eux abandonné l'équipe et surtout déserté le Centre Bell.

 

Jeff Gorton et Kent Hughes ont implanté une nouvelle philosophie au sein de l'organisation. La très grande majorité des décisions qu'ils ont prises a fait du Canadien une meilleure équipe. Une équipe qui inspire de l'optimisme quand on lève les yeux vers l'avenir.

 

Les transactions multipliées après leur entrée en scène ont permis de faire le plein de choix au repêchage et de jeunes espoirs. Pour le moment, la transaction qui a envoyé Artturi Lehkonen au Colorado, où il a joué un rôle important dans la conquête de la coupe Stanley de l'Avalanche en juin dernier, semble la seule à ne pas leur sourire.

 

Justin Barron donne plus l'impression de s'implanter dans la Ligue américaine que de se préparer à grimper dans la LNH et s'y établir, mais il faudra attendre quelques années avant de sauter aux conclusions. Comme il faudra quelques années avant de savoir ce que la sélection de deuxième ronde en 2024 obtenue de l'Avalanche permettra de repêcher et de développer.

 

Mais de Kirby Dach à Sean Monahan et du premier choix des Flames qu'il a amené avec lui à Montréal en passant par Mike Matheson que Kent Hughes a obtenu des Penguins de Pittsburgh à qui il a finalement pu se « débarasser » du problème associé à Jeff Petry et sa famille, le nouvel état-major a avantageusement remplacé Bergevin.

 

Et ça, c'est avant d'auréoler le duo Gorton-Hughes de tous les compliments qu'il mérite pour avoir fait sauter la banque en pariant sur Martin St-Louis à titre d'entraîneur-chef.

 

Ne serait-ce que pour cette décision d'avoir remplacé Dominique Ducharme par Martin St-Louis, le congédiement de Marc Bergevin est couronné de succès. Car sans ce congédiement, il est clair que St-Louis dirigerait encore un de ses fils dans le hockey mineur au Connecticut.

 

Car non seulement Marc Bergevin semblait prêt à mourir avec un coach qui n'avait déjà plus la moindre emprise sur son club quelques mois à peine après une présence en finale de la coupe Stanley, mais il est permis de croire que le nom de St-Louis ne se serait jamais retrouvé sur sa liste de candidats potentiels si l'idée lui était venu de congédier Ducharme.

 

Il ne fait aucun doute que les décisions du duo Gorton-Hughes et surtout l'impact aussi immédiat que positif que Martin St-Louis a obtenu dès son arrivée derrière le banc du Canadien justifient pleinement la décision de Geoff Molson d'avoir congédié son directeur général, il y a un an.

 

Des bons coups qui ont rapporté gros

 

Mais de Los Angeles où il est aujourd'hui établi après son embauche à titre d'adjoint au directeur général des Kings Rob Blake, Bergevin peut affirmer qu'il a dit vrai lorsque, dans la foulée de son congédiement, il assurait laisser le Tricolore dans un meilleur état qu'il l'avait reçu.

 

Il peut même se permettre de sourire quand il voit Nick Suzuki trôner au sommet des marqueurs du Tricolore avec ses 24 points récoltés en 21 matchs.

 

Quand il voit Cole Caufield sur un pied d'égalité avec son joueur de centre avec 12 buts marqués.

 

Quand il voit David Savard et Joel Edmundson remplir de premiers rôles à la ligne bleue en plus de servir de parrains aux Kaiden Guhle, Jordan Harris et Arber Xhekaj qu'il a repêchés ou embauchés.

 

Quand il voit ce que son successeur a pu obtenir pour Ben Chiarot, Jeff Petry, Tyler Toffoli et Alexander Romanov qu'il avait greffés au Tricolore au cours de son règne à Montréal que ce soit par le biais de transactions, par le biais du marché des joueurs autonomes, par le biais du repêchage.

 

Quand il voit Samuel Montembeault faire la lutte à Jake Allen pour obtenir plus de départs devant la cage du Canadien.

 

Quand il repense à la transaction qui lui a permis de faire l'acquisition de Phillip Danault et d'un choix de deuxième ronde au repêchage qui est devenu Alexander Romanov, en retour de Tomas Fleischman et Dale Weiss qu'il avait refilés aux Blackhawks en 2016.

 

Une transaction qui a longtemps été considérée comme sa meilleure à titre de DG du Canadien, jusqu'au moment où il a pu obtenir Nick Suzuki, Tomas Tatar et un choix de deuxième ronde des Golden Knights de Las Vegas en retour de Max Pacioretty.

 

J'aurais voulu parler de ce premier anniversaire avec Marc Bergevin. De revenir sur son règne. De commenter les décisions qu'il a prises. De revenir sur les bons coups, d'expliquer pourquoi d'autres décisions sont devenues de mauvais coups.

 

De saluer l'évolution de l'équipe qu'il a quittée le 28 novembre dernier.

 

Mes demandes d'entrevues sont demeurées sans réponse.

 

Il faut dire que le printemps dernier, lors de la série opposant ses Kings aux Oilers d'Edmonton, Luc Robitaille m'avait indiqué qu'il avait lui-même indiqué à Marc Bergevin de rester loin des journalistes et de leurs questions.

 

«Surtout ceux de Montréal», que l'ami Luc avait insisté en riant.

 

Il faut croire que la directive du président des Kings tient toujours. C'est dommage!

 

Des mauvais coups qui pèsent lourd

 

Marc Bergevin n'a pas fait que de bons coups.

 

C'est clair! De fait, les meilleurs directeurs généraux de l'histoire traînent comme des boulets certaines des décisions qu'ils ont prises.

 

Ça arrivera à Kent Hughes aussi.

 

Mais Marc Bergevin a donné bien des munitions à ses détracteurs qui lui reprochent encore la perte de Phillip Danault à qui il a refusé de donner un contrat similaire à celui que les Kings ont offert au Québécois – 5,5 millions $ en moyenne sous le plafond jusqu'en 2027 – lorsqu'il est devenu joueur autonome dans les jours qui ont suivi la présence du Canadien en finale de la coupe Stanley. Une présence à laquelle Danault avait grandement contribué, il est nécessaire de le rappeler.

 

On lui reproche encore le contrat très onéreux, et très long, peut-être même trop long – 6,5 millions $ en moyenne sur la masse jusqu'en 2027 – qu'il a consenti à Brendan Gallagher.

 

Le contrat trop onéreux et peut-être trop long consenti à Josh Anderson – 5,5 millions en moyenne sur la masse jusqu'en 2027 – après qu'il l'eut acquis des Blue Jackets de Columbus en retour de Max Domi.

 

On lui en veut encore, et on lui en voudra toujours, la perte de Mikhail Sergachev qu'il a sacrifié pour obtenir Jonathan Drouin. Sergachev s'est élevé au rang de pilier à Tampa Bay. On attend toujours le Drouin promis lors de son acquisition.

 

Cela dit, et ça dédouane un brin ou deux Marc Bergeron, l'acquisition de Jonathan Drouin avait soulevé des réactions très majoritairement favorables, voire très favorables, lorsqu'elle avait été annoncée.

Comme quoi le hockey est loin d'être une science exacte.

 

Quoi reprocher d'autre à Marc Bergevin?

 

L'embauche de Mike Hoffman? Ça dépendra de ce que la nouvelle direction pourra obtenir en retour de ses services.

 

La perte de Jesperi Kotkaniemi? Au salaire que lui consentent les Hurricanes, pas sûr qu'on ne reprocherait pas à Bergevin d'avoir égalé l'offre hostile de la Caroline.

 

L'embauche de Christian Dvorak qui est venu remplacer Phillip Danault? Là encore, il faut attendre la suite des choses avant de conclure quoi que ce soit.

 

Ses détracteurs lui en veulent toujours d'avoir perdu patience avec P.K. Subban et de l'avoir remplacé par Shea Weber. Une décision que Bergevin n'a jamais gagné sur le volet marketing, mais qu'il a largement gagnée sur le volet hockey.

 

Comme on lui en a beaucoup voulu lors du départ d'Alexander Radulov pour Dallas. Un départ associé à un contrat de cinq ans – 6,25 millions $ en moyenne sur la masse – que les Stars ont bien regretté lors des trois dernières saisons.

 

De rafraîchissant à trop flamboyant

 

Quand on revient sur le règne de Marc Bergevin, de grandes contradictions marquent ses réactions à ses réalisations. Les réactions à sa personnalité. Ou à ses personnalités, car il pouvait afficher plusieurs visages au cours d'une seule et même journée.

 

La récente biographie de Pierre Gervais «Au cœur du vestiaire» rédigée par le collègue Mathias Brunet démontre d'ailleurs que la gestion – les deux mains dans la pâte – de Bergevin donnait de l'urticaire à certains joueurs de l'organisation.

 

Avec sa personnalité très forte et plus colorée encore, avec cette manière qu'il avait de prendre une part active et très publicisée aux succès de son équipe, Bergevin tranchait avec la nature réservée de la très grande majorité des directeurs généraux de la LNH.

 

Vrai qu'il pouvait passer de très agréable à colérique en moins de temps qu'il n'en faut à Nick Suzuki pour repérer Cole Caufield dans l'enclave et lui offrir une occasion de marquer avec une passe savante.

 

Cela dit, il est impératif aussi de se souvenir que cette flamboyance de Bergevin avait non seulement été saluée à son arrivée à Montréal, mais qu'elle avait même été auréolée par les partisans et les journalistes qui n'en pouvaient plus des personnalités austères de Bob Gainey et Pierre Gauthier qui l'avaient précédé.

 

Au même titre que la transaction Drouin-Sergachev.

 

Comme quoi le temps peut faire grandement changer les premières observations…

 

En novembre dernier, Marc Bergevin a été couvert de goudron et de plumes par les partisans et plusieurs journalistes qui lui reprochaient tous les torts de l'équipe. Qui ne voyaient plus le moindre aspect positif de son règne.

 

Un an plus tard, les succès du Canadien démontrent que l'héritage laissé par Bergevin – et par Trevor Timmins qui a repêché Caufield, Guhle, Harris et tous les jeunes qui inspire confiance, et qui avait aussi repêché les McDonagh, Sergachev, Lehkonen et Romanov avant qu'ils ne soient impliqués, voire sacrifiés dans le cadre de transactions qui sont loin de toujours avoir tourné à l'avantage du Canadien – n'est pas aussi noir qu'un peut tout le monde l'entendait dans les jours, voire les semaines qui ont précédé la décision de Geoff Molson de le limoger.

 

Mais quand on constate tout ce que le nouvel état-major a fait de bien et de bon au cours des 12 derniers mois, il faut se rendre à l'évidence : oui Marc Bergevin peut légitimement savourer une part des succès remportés par son ancienne équipe cette année, car le bilan de son règne est loin d'être seulement négatif.

 

Mais son départ était devenu nécessaire.