Quel exemple de persévérance, l’histoire de Martin St-Louis! Samedi dernier, St-Louis a atteint le plateau des 1 000 points en carrière. Quand même bien pour un joueur qui n’a pas été repêché et qui n’a même pas signé de contrat avec une équipe de la LNH à sa sortie de l'université.

J'ai eu la chance de connaître Martin au secondaire au Collège Notre-Dame en 1989. J’étais en secondaire 1 pendant que St-Louis était en secondaire 3 avec mon frère Jean-Philippe. Nous jouions tous pour notre équipe civile, mais nous participions à plusieurs tournois scolaires avec l’équipe du collège. Nous avions quand même une équipe intéressante puisque Éric Perrin, le complice de St-Louis pour une quinzaine d’années, était en secondaire 2 et Jean-Luc Grand-Pierre (ancien des Sabres et Blue Jackets) était avec moi en secondaire un. Déjà à cet âge, Martin était dominant et déjà plusieurs mentionnaient qu’il était trop petit et que ça ne fonctionnerait jamais au niveau midget AAA.

Une fois dans le midget AAA, St-Louis dominait la ligue en compagnie de Perrin et encore plusieurs disaient : « D’accord dans le midget, mais ça ne fonctionnera jamais au niveau junior ». Encore une fois ignoré par toutes les équipes de la LHJMQ, Martin s'est alors tourné vers la ligue junior tier-2 tout en gardant son admissibilité pour jouer dans la NCAA aux États-Unis. Encore une fois, il fit la pluie et le beau temps et domina cette ligue. Que s’est-il passé? Plusieurs disaient : « Bon, OK junior, mais jamais dans la NCAA puisque les joueurs sont trop gros et forts ».

St-Louis a entendu ces paroles, mais a toujours refusé d’y croire, si bien qu’il a été nommé au sein de la première équipe All-American en fracassant plusieurs records de l’Université du Vermont. Il a mené ce petit programme à la demi-finale nationale. Je me rappelle d’être allé le voir jouer contre l’Université Yale puisque je fréquentais une prep school au Connecticut et j’avais tellement été impressionné de voir comment il pouvait dominer un match à ce niveau très élevé.

Vous connaissez la suite... Ignoré au repêchage parce tous croyaient que rendu professionnel, à ce niveau-là, sa petite taille allait le rattraper. Il a ensuite signé dans la défunte Ligue internationale avec les Lumberjacks de Cleveland et a dominé le circuit jusqu’à ce que les Flames lui donnent un contrat à deux volets. Martin a aussi dominé la Ligue américaine et s’est mérité quelques rappels avec le grand club, mais a toujours été limité à quelques minutes de jeu par match. Les Flames s’en sont débarrassé, car même s’ils le savaient bon, ils le trouvaient trop petit pour jouer sur un troisième ou quatrième trio! Quel gaspillage de talent!

Facile de rire des Flames, mais il ne faut pas oublier que toutes les équipes ont aussi passé leur tour jusqu’à ce que Rick Dudley, alors directeur général à Tampa, décide de lui accorder une chance. Nous savons tous qui ne l’a pas regretté. Après avoir débuté sur un troisième trio, St-Louis n'a pas donné de choix à ses entraîneurs et a commencé son parcours vers plus de 1 000 matchs et plus de 1 000 points.

J’ai souvent entendu des joueurs qui n’ont pas réussi à atteindre la LNH se plaindre que le coach ne les aimait pas, qu’ils n’ont pas eu leur chance, que la direction n’aimait pas les francophones (un vrai mythe!) ou plusieurs autres excuses. St-Louis est un exemple que tous les parents devraient montrer à leur enfant et que tout joueur voulant abandonner devrait se rappeler.

De plus, Martin n'a pas seulement réussi parce qu’il avait du talent, il est un des joueurs les plus travaillant avec qui j’ai eu la chance d’évoluer. Quand j’ai joué avec lui à Tampa, il était déjà rendu une grande vedette, mais il était encore un des premiers à sauter sur la patinoire lors des entraînements et un des derniers sortis. Même que lors de nos journées de congé, nous emmenions nos enfants à l’aréna et on s’entraînait pendant que les garçons jouaient dans la chambre des joueurs. Disons qu’en voyant St-Louis s’entraîner, je n’avais pas vraiment le goût de le regarder... Je me serais senti un peu paresseux!

Je sais que Martin a été une grande source d’inspiration pour David Desharnais. Quand nous étions coéquipiers à Hamilton et après cochambreurs avec le Canadien, David me posait régulièrement des questions au sujet de St-Louis comme quoi il fut une idole pour lui. David a aussi surmonté les obstacles pour faire sa place dans la LNH et je suis persuadé que Brendan Gallagher voue un immense respect envers Martin.

Maintenant, à la suite de ses championnats des marqueurs, trophée Hart, coupe Stanley, 1 000 matchs, 1 000 points et médaille d’or olympique, St-Louis mérite sa place au Temple de la renommée. De plus, le connaissant bien, il est encore dans une forme splendide et je ne serais pas surpris de le voir jouer quelques saisons encore.

Bravo Martin! Tout un exemple à suivre.