MONTRÉAL – Tout comme Jaromir Jagr avec les Panthers de la Floride, Shane Doan fait figure d’antiquité au cœur des jeunes Coyotes de l’Arizona. En le taquinant, le gardien Louis Domingue décrit même son rôle auprès de ses coéquipiers comme celui de grand-père et non de grand frère.

À 40 ans et à sa 21e saison dans la LNH, Doan devrait franchir le plateau des 1500 parties dans le circuit Bettman en 2016-2017 et il pourrait s’approcher ou atteindre les 1000 points en carrière. Par-dessus le marché, Doan a cumulé tout ce bagage au sein de la même organisation alors que les Jets de Winnipeg sont devenus les Coyotes.

Les dirigeants des Coyotes n’auraient pas pu trouver un meilleur candidat (les Américains aimeraient en dire autant pour leurs élections) pour encadrer tous les prometteurs hockeyeurs qui sortent du pipeline de cette formation.

Autre preuve que Doan cadre à la perfection avec les Coyotes, il accepte avec joie les plaisanteries de ses camarades comme celle de Domingue.

« Je vise un poste de gardien no 1 »

« C’est plutôt vrai. Louis est rendu assez à l’aise maintenant qu’il a une année derrière la cravate. Il peut dire ce qu’il veut dorénavant », a réagi Doan en laissant sous-entendre qu’il décochera ses lancers plus près de sa tête au prochain entraînement.

Mais le fier représentant des Coyotes ne se limite pas à une mission de développement, il contribue encore de différentes manières sur la patinoire.

« Quand t’as 40 ans, t’as vu à peu près tout, mais il est encore aussi très utile sur la glace. S’il décide de continuer à jouer au terme de la saison, on va le reprendre sans hésiter », a exposé Domingue avec son sens de la répartie.

Toujours passionné par le hockey, Doan sent parfois un regret lui passer la tête.

« C’est le fun de voir tout le dynamisme aux quatre coins de la LNH. Je pense en premier lieu à notre équipe qui mise sur sept joueurs de 21 ans et moins. Disons que j’aurais aimé être autour d’eux dans mes meilleures années », a évoqué Doan qui semblait s’imaginer de belles images dans sa tête au même moment.

« Je souhaite être plus constant »

Doan continue la dernière portion de sa carrière entouré d’éléments florissants comme Max Domi, Anthony Duclair, Jakob Chychrun, Dylan Strome et Lawson Crouse. L’Albertain a même eu à s’adapter à un directeur général, John Chayka, qui est de 13 ans son cadet.

« Oui, je suis aussi plus vieux que lui, c’est correct », a ricané Doan. « Quand j’ai vu que le poste lui serait confié, je connaissais son âge. J’ai appris à le connaître cet été et il a démontré beaucoup de maturité dans les gestes qu’il a posés avec de bonnes et difficiles décisions. »

À la fin des années 1990, la LNH n’avait pas encore commencé à faire autant de place aux jeunes joueurs. Au fil du temps, Doan a été témoin de cette évolution et il la vit au quotidien avec les Coyotes alors que le noyau de la relève poursuit sa progression.

« Notre jeunesse pousse très fort, on sent le mouvement pris par l’organisation. On a une attitude de gagnants pas mal plus qu’avant et on le constate au sein de l’équipe », a décrit Domingue à propos de ce cheminement.

L’entraîneur Dave Tippett demeure cependant l’intervenant le plus pertinent pour en juger. À sa huitième saison à la barre des Coyotes, l’ancien attaquant apprécie l’engagement de l’organisation envers ce talent indéniable.

« On sait que notre organisation grandit. Dans les dernières années, en raison de contraintes financières, on devait se contenter de compléter la formation avec des joueurs de soutien en espérant qu’ils puissent faire le boulot », s’est rappelé Tippett. 

« Cette année, notre approche est de miser sur les jeunes joueurs parce qu’on remarque l’évolution dans leur jeu. On a besoin que notre organisation s’améliore et la confiance envers les jeunes représente un ingrédient pour que ça se produise », a-t-il ajouté.

L’immense influence d’Auston Matthews

Non seulement Doan a pu observer de près les jeunes qui ont fait leurs classes avec les Coyotes depuis plus de 20 ans, mais il a également savouré la transformation du système de hockey mineur en Arizona.

Tout ce travail a produit des dividendes exceptionnelles lorsqu’Auston Matthews, un produit de ce système, a été sélectionné au premier rang du dernier repêchage.

« C’est une chose qui a changé drastiquement. Le crédit revient aux programmes qui ont été instaurés et le fait que Matthews vienne de là prouve leur compétence. C’est merveilleux pour l’Arizona et ça démontre que le hockey se développe dans le sud du pays. Ça va croître autour de Las Vegas avec l’arrivée de l’équipe d’expansion », a noté le droitier.

Mais Doan n’est pas uniquement fier de Matthews puisqu’il provient de l’Arizona, il possède une relation particulière avec celui-ci étant donné qu’il s’est entraîné quelques fois avec les Coyotes autant à l’âge de 14 ans qu’avant le repêchage de juin.

« Quand il venait avec nous, on était épaté par lui, il était si impressionnant. On savait qu’il deviendrait un joueur spécial.

« Dans un match de remise en forme, il avait compté tous les buts de son équipe quand il y avait 75 % de joueurs dans la LNH sur la glace. On ne jouait pas au sommet de nos capacités, mais de faire ça à 17 ans, c’était très particulier. En plus d’être fort et grand, c’est impossible de souhaiter une meilleure personnalité pour composer avec le marché de Toronto », a relaté Doan en pigeant dans ses souvenirs.

Ce n’est pas nouveau que Doan soit émerveillé par Matthews, mais ça ne veut quand même pas dire qu’il s’attendait à une performance de quatre buts de sa part pour sa rentrée dans la LNH.

« J’étais tout de même très surpris quand il a réussi ça. Je ne l’étais pas trop après son premier et son deuxième, mais je me disais que c’était génial à la suite de son troisième et tout simplement incroyable quand il a enfilé le quatrième », a conclu le sympathique athlète avec un grand sourire.