MONTRÉAL – Même les créateurs de Disney n’auraient pas pu imaginer un meilleur scénario que celui de voir un défenseur finlandais procurer une victoire spectaculaire aux Ducks d’Anaheim lors de la soirée hommage à Teemu Selanne.

Ayant grandi en idolâtrant Selanne, Sami Vatanen était aux anges d’avoir contribué à cette conclusion heureuse qui aurait pratiquement pu servir d’inspiration pour un quatrième volet à la trilogie cinématographique des héros Charlie Conway, Gordon Bombay, Greg Goldberg et compagnie.

Ce triomphe de 5 à 4 en tirs de barrage a été le point d’exclamation de cette partie contre les Jets de Winnipeg, l’équipe avec laquelle Selanne n’a pas tardé à devenir un personnage plus grand que nature dans la LNH.

En tant que coéquipier du redoutable attaquant pendant huit saisons, François Beauchemin a été charmé par le tapis rouge qui a été déroulé pour Selanne par l’organisation des Ducks.

François Beauchemin et Teemu Selanne

« J’ai adoré, c’était une cérémonie de première classe. C’est devenu émouvant à certains moments. Avant de monter sur le podium, il nous a tous serré la main et j’étais l’avant-dernier joueur en rang donc on s’est donné l’accolade et je m’en souviendrai comme d’un très beau moment », a confié au RDS.ca celui dont la sensibilité ne ressort guère sur la patinoire.

Mais ce moment ne représente pas l’unique souvenir privilégié aux yeux de Beauchemin. En effet, les joueurs des Ducks ont profité de l’échauffement pour enfiler différents chandails portés par Selanne au fil de son glorieux passage de 15 saisons à Anaheim. À l’autre bout de la patinoire, les Jets avaient ressorti le vieux chandail de l’époque du Finlandais au Manitoba.

« J’ai été chanceux, je portais la version du chandail de notre championnat en 2007 avec un écusson de la coupe Stanley », a indiqué Beauchemin qui est l’un des derniers survivants (après un séjour avec les Maple Leafs) de cette conquête du précieux trophée avec Corey Perry et Ryan Getzlaf.

Deux jours auparavant, les membres des Ducks ont pu souper en compagnie de celui qui a pris sa retraite au terme des dernières séries éliminatoires. Beauchemin a savouré tous ces moments, dont le discours de son ami Jean-Sébastien Giguère, et il n’oubliera pas de sitôt les qualités de Selanne.

« Je retiens avant tout son amour pour le hockey, on dirait qu’il ne vivait jamais de mauvaise journée. Il était toujours de bonne humeur et on voyait qu’il était content de pratiquer et jouer. D’ailleurs, c’est le joueur que j’ai vu signer le plus grand nombre d’autographes. Il ne disait jamais non et il ne reste plus beaucoup de joueurs comme lui, c’est l’un des derniers », a vanté Beauchemin qui était prêt à se sacrifier sur la glace pour lui.

Un confortable coussin de 10 points!

Aussi étonnant que ça puisse paraître au tournant de la mi-saison, les Ducks possèdent une avance considérable de 10 points au sommet de la division Pacifique malgré de redoutables poursuivants comme les Kings, les Canucks et les Sharks notamment. Les meneurs des autres divisions ne jouissent pas d’un tel privilège, mais les Ducks n’ont pas l’intention de lever le pied de l’accélérateur.

« Ça ne change pas grand-chose pour nous, on continue de vouloir s’améliorer. C’est certain que c’est préférable d’avoir cette avance que de tirer de l’arrière, mais on ne jette pas un coup d’œil au classement chaque jour », a commenté Beauchemin.

En fait, les Ducks ne sont pas du tout rassasiés même s’ils volent dans les hauteurs du classement général.

« On a vécu un petit relâchement dernièrement en concédant trop de buts et en manquant d’attaque depuis Noël donc on essaie de s’améliorer là-dessus », a visé l’assistant au capitaine Getzlaf.

Beauchemin attribue les succès de sa formation – qui a subi seulement quatre revers en temps régulier en 18 matchs depuis le 1er décembre – aux joueurs souvent dans l’ombre de Corey Perry, Ryan Kesler et Getzlaf.

« C’est vraiment notre profondeur, on a eu de l’aide de nos joueurs de soutien dans les matchs serrés. On a gagné plusieurs parties par un but et on est revenu de l’arrière plusieurs fois tout en gagnant souvent en prolongation ou en tirs de barrage (9 gains en 16 occasions) », a analysé le défenseur de 34 ans.

Bien sûr, le mérite revient aussi au gardien danois Frederik Andersen qui n’est devancé que par Pekka Rinne pour les victoires (28 contre 23).

« J’étais un peu déçu qu’il n’obtienne pas la chance d’aller au Match des étoiles, il aurait vraiment mérité une invitation », a déploré Beauchemin en lui prédisant un avenir plus que prometteur.

Si la réputation d’Andersen gagne en notoriété, Vatanen (avec Andersen sur la photo) demeure un petit secret bien gardé. Méconnu de plusieurs amateurs, le défenseur de cinq pieds dix pouces et 180 livres ne cesse d’étonner.

« Il s’est vraiment développé cette année. Il a toujours eu ce talent offensif, mais il avait eu des problèmes de constance et sa forme physique n’était pas optimale. Il s’est entraîné très fort pour être prêt en vue de tous les matchs et ça fait une grosse différence », a expliqué Beauchemin en soulignant que c’est toujours plus difficile pour un petit défenseur de maintenir le rythme avec une utilisation moyenne de 20 à 25 minutes. Frederik Andersen et Sami Vatanen

Enfin rétabli des oreillons et d’une fracture

Reconnu pour sa résistance, Beauchemin a dû s’avouer vaincu face aux oreillons qui ont affecté une panoplie de joueurs de la LNH.

En novembre, le Sorelois a été l’un des premiers à tomber au combat, ce qui n’a pas aidé sa cause, et il a retrouvé son rythme de croisière plus d’un mois après.

« C’est vrai que le début de saison a été difficile. Ç’a été long pour revenir à 100 % après les oreillons même si j’ai seulement manqué deux semaines d’action. Ensuite, j’ai joué trois matchs sans être totalement rétabli et je me suis fracturé un doigt… Au moins, ça m’a finalement donné la chance de récupérer comme il faut », a détaillé celui qui a même dû recevoir des injections par intraveineuse à l’hôpital pour le remettre sur pied des oreillons.

Beauchemin a donc retrouvé sa forme d’antan et les résultats n’ont pas tardé sur la patinoire alors qu’il a inscrit ses trois premiers buts de la saison au cours des six derniers matchs des siens.

Ce retour en force arrive à un moment opportun puisque les Ducks seront confrontés à un calendrier de 29 matchs en 59 jours après la pause du Match des étoiles. Cette statistique soulignée par Beauchemin prouve que les joueurs des Ducks sont conscients de l’obstacle qui se dresse devant eux.

Ils devront aussi naviguer avec succès contre une multitude d’adversaires dangereux incluant les Predators de Nashville qui ne cessent d’étonner.

« C’est une excellente équipe très bien dirigée. Leur système applique beaucoup de pression sur les défenseurs avec un échec avant passablement agressif. Ils possèdent aussi de bons défenseurs offensifs avec (Shea) Weber, (Roman) Josi et (Ryan) Ellis. Ils seront difficiles à battre d’ici la fin de la saison », a conclu Beauchemin qui ne reculera certainement pas devant la mission.