Vincent Lecavalier a tenu sa promesse faite aux Kings de Los Angeles et a officialisé sa retraite de la LNH hier. Une carrière tout à fait exceptionnelle qui se termine pour un athlète de premier plan et un des meilleurs de la LNH au cours des 20 dernières saisons.

Présenté comme le Michael Jordan du hockey par le propriétaire du Lightning de Tampa Bay après le repêchage de 1998, Lecavalier a eu énormément de pression et je crois qu’il a très bien géré cette pression. Les attentes étaient hautes à l'époque et il a performé. À la suite d'une première saison timide, ce qui est tout à fait normal pour un jeune de 18 ans dans la LNH avec une mauvaise équipe, Vincent a marqué au moins 20 buts par saison durant 13 campagnes consécutives si on exclut les lockout de 2004-2005 et 2012-2013. Ceci est un exploit remarquable considérant qu’il évoluait à une époque où il se marquait beaucoup moins de buts dans la LNH.

À 1212 matchs, presque 1000 points ainsi qu’une Coupe Stanley, un trophée Maurice-Richard et joueur le plus utile en Coupe du monde, Lecavalier peut être dans les discussions pour le Temple de la renommée. Sans être admis automatiquement, il se doit d’être considéré tout comme son bon ami et ancien coéquipier Martin St-Louis.

De 2000 à 2010, Lecavalier était définitivement un des meilleurs et plus complets joueurs de la LNH. La combinaison de puissance, agilité et fougue faisait de lui un attaquant redoutable et redouté à travers la LNH. Tout le monde se souvient de sa violente et émotionnelle bagarre contre Jarome Iginla en séries qui a soulevé son équipe face aux Flames de Calgary. Voir deux super-vedettes et capitaines se donner comme ça a littéralement élevé d’un cran l’intensité de cette finale ultimement remportée par Tampa Bay.

J’ai eu la chance de jouer à Tampa avec Vincent et je peux vous affirmer qu’il est d’une grande classe comme coéquipier et comme personne. Lorsque le Lightning m’a mis sous contrat, c’était pour être un vétéran dans les mineures avec Norfolk, mais lorsque j’ai réussi à me dénicher un poste avec le grand club, Vincent a été d’une gentillesse incroyable. J’ai passé trois semaines à l’hôtel avec ma jeune famille et Vincent ne cessait de m’offrir son condo que son père habite en hiver, car il n’était pas encore en Floride. De plus, lorsque nous étions parti sur la route et que mon épouse devait nous trouver une maison, acheter des meubles, trouver une école et autres tâches du genre, Vincent a mis tous ses contacts à notre disposition pour faciliter le processus pour mon épouse.

Même si j’étais une « recrue de 29-30 ans » qui passait sa première année complète dans la LNH, Lecavalier m’a accueilli à bras ouverts et m’a traité comme si j’étais un de ses amis de longue date. Ce ne sont pas toutes les vedettes de la LNH qui traitent tous les joueurs de leur équipe de la même façon, peu importe le statut. De ce côté-là, Vincent était un exemple à suivre pour d’autres vedettes que j’ai déjà côtoyé, mais qui donnait de l’attention qu’aux autres vedettes de l’équipe. C’est pour cette raison aussi qu’il était le capitaine de la formation.

Plusieurs se sont mis à moins aimer Lecavalier lorsqu’il a préféré les Flyers de Philadelphie au Canadien de Montréal. Il ne faut surtout pas assumer que tout joueur québécois qui se fait offrir un contrat par le CH doit l’accepter, car c’est Montréal. Les joueurs ont aussi droit de prendre une décision qu’ils croient le mieux pour sa carrière et sa famille.

Premièrement, Vincent a reçu une meilleure offre de la part des Flyers autant sur le montant que sur le nombre d’années. Certes, il est déjà indépendant de fortune, mais pourquoi devrait-il laisser des années de contrats de plus sur la table pour jouer à Montréal? En paraphant une entente avec les Flyers, il s’assurait quelques saisons de plus. C’était une sécurité d’emploi pour sa famille et il s’assurait aussi que ses enfants n’allaient pas déménager un ou deux ans plus tard.  

De plus, je crois que Vincent savait que ses meilleures années étaient derrière lui, mais que les partisans à Montréal se seraient peut-être attendus à des saisons de 50 buts. Les attentes auraient peut-être été trop élevées pour Vincent. Aucun joueur ne souhaite terminer sa carrière en se faisant critiquer. Je vous affirme ceci sans jamais en avoir discuté avec Vincent, mais cela est mon impression personnelle sur la situation dans laquelle il se trouvait lors de sa réflexion à savoir où il voulait évoluer. Je crois aussi que Vincent trouvait qu’il aurait une belle chimie avec Peter Laviolette, mais malheureusement l’entraîneur s’est fait congédier rapidement à la suite de l’arrivée de Lecavalier à Philadelphie.

Je suis persuadé que Lecavalier aurait adoré jouer pour le Canadien de Montréal, mais peut-être pas à ce stade de sa carrière. Nous savons tous qu’il est passé très près d’être échangé au CH jusqu’à ce que la transaction avorte à cause de diverses raisons. Personnellement, j’ai toujours choisi Montréal, mais c’est beaucoup plus facile pour un joueur comme moi de jouer à Montréal que pour un joueur de la trempe de Vincent Lecavalier. Les attentes en Vincent sont tellement plus importantes que les attentes envers moi que c’est beaucoup plus délicat d’évoluer à Montréal pour ce type de joueur.

Donc félicitations à Vincent Lecavalier pour sa magnifique carrière et surtout, félicitations, car, malgré tout le succès qu’il a connu, il a toujours été des plus respectueux avec les gens autour de lui peu importe leur statut. Je suis convaincu que ses parents sont aussi fiers de Vincent l’athlète que Vincent la personne.