Accueilli par son idole sur la scène du Prudential Center, Samuel Morin était trop gêné pour aborder une conversation avec Chris Pronger, mais il aura l’occasion de laisser parler son talent sur la patinoire dans un avenir rapproché.

Pour le moment, le géant québécois de six pieds six pouces ne possède pas une charpente aussi intimidante que son héros. Cependant, Morin a emprunté une vertigineuse courbe de progression au cours des derniers mois et il devrait combler cet écart sans tarder.

Son cheminement fulgurant n’était guère passé inaperçu auprès des 30 équipes de la LNH, mais les Flyers de Philadelphie ont tout de même causé une agréable surprise en le repêchant aussi haut que le 11e échelon pour donner le ton à une récolte étincelante pour la LHJMQ.

Quelques minutes après avoir enfilé le chandail orange, blanc et noir, Morin cherchait encore les mots pour exprimer avec justesse son extase.

« Je suis extrêmement fier d'être un Flyers »
« Je suis extrêmement fier d'être un Flyers »

« C’est vraiment spécial! C’était l’équipe avec laquelle je voulais le plus aboutir comme j’ai eu la chance de le vivre au niveau junior à Rimouski. Je suis très fier d’avoir été repêché par une équipe appréciant le jeu physique », a confié Morin à des journalistes curieux de sa réaction.

Outre le sien et ceux de son entourage, les plus beaux sourires se remarquaient à la table des dirigeants des Flyers.

« On recherchait vraiment un défenseur imposant et Sam s’avère le joueur que nous avons vraiment observé de près cette année. Il possède un bon mélange d’atouts avec son physique, ses habiletés et son potentiel avec la rondelle. On lui prévoit un bel avenir! », se félicitait un recruteur de la formation de la Pennsylvanie.

Attiré par l’équipe de Pronger, Morin était heureux de dévoiler ses connaissances sur l’organisation et il a résumé cette nouvelle association avec les mots idéaux. 

« Je connais plusieurs choses sur les Flyers dont que Bobby Clarke a été un grand capitaine. C’est une équipe avec beaucoup d’histoire et je crois que c’est un « match parfait! »

Samuel MorinÉtant sélectionné à un rang aussi enviable, Morin a eu le droit à un long premier bain médiatique en tant que membre des Flyers. Après cette étourdissante tournée, les retrouvailles avec sa famille dans les hauteurs du domicile des Devils sont devenues très touchantes.

La fierté prenait une place encore plus imposante que le physique de Samuel. Ses deux grands-mères vivaient un moment en or alors que son grand-père maternel était ému en repensant à toutes les fois où il avait transporté son petit-fils à l’aréna.

Un rythme effréné

Répertorié au 76e rang sur les classements de la mi-saison, Morin avait grimpé en 23e place dans l’évaluation finale. Les rumeurs laissaient croire qu’il pourrait battre cette prévision et elles se sont avérées véridiques.

Les Flyers ont expliqué qu’un consensus existait parmi le personnel hockey et qu’il ne fallait pas risquer d’échapper le colosse originaire de Saint-Henri qui a récolté 16 points en 46 matchs en 2012-13.

« Oui, je suis un peu surpris d’avoir été choisi aussi vite, mais si l’équipe me désirait, elle devait me repêcher. J’ai travaillé très fort dans les derniers mois et je crois que je le mérite », a commenté Morin qui affiche une sympathique confiance.

Son agent Pat Brisson et Philippe Boucher, son directeur général avec l’Océanic, ne sont pas tombés en bas de leur chaise quand le nom de leur protégé a été entendu de façon précoce.

« Je ne suis pas du tout surpris, il a travaillé tellement fort et il possède un talent évident », a jugé Boucher qui a connu une belle carrière de 748 parties dans la LNH.

« On discute avec plusieurs équipes et on entend plusieurs commentaires. J’étais persuadé qu’il était pour sortir entre la 10e et la 17e position », a ajouté Brisson qui représente une panoplie des meilleurs espoirs.

Morin avait d’ailleurs su de la bouche de son agent que les Flyers l’appréciaient au plus haut point.

Les défenseurs bâtis sur une telle charpente nécessitent parfois plus de temps pour compléter leur développement. Toutefois, Morin a embrayé en cinquième vitesse cette saison ce qui pave la voie à une arrivée plus rapide au but recherché. Cette accélération ne modifiera pas le plan des Flyers qui refusent de le brusquer.

L’ayant vu disputer environ 25 parties, les dirigeants des Flyers sont bien placés pour dire si la comparaison avec l’illustre Pronger.

« Je vois certaines ressemblances comme son haut sens compétitif et son côté agressif. Ses habiletés avec la rondelle étaient un peu limitées au début, mais il a tellement progressé à ce chapitre qu’on s’attend à ce que ça continue », a décrit l’un de leurs dépisteurs.

Morin, qui célébrera son 18e anniversaire le 12 juillet, pourrait être prêt à se frotter aux joueurs de la LNH sur une base régulière à 20 ans selon Boucher.

Appartenant aux Flyers, il risque de croiser le fer régulièrement avec son autre joueur préféré : Sidney Crosby. Lorsque les journalistes affectés à la couverture des Flyers lui ont fait remarquer que le capitaine des Penguins n’était pas le plus apprécié à Philadelphie, Morin a retrouvé son rire gêné de sa rencontre avec Pronger, mais il les a rassurés en promettant de ne pas l’épargner sur la patinoire.