PEBBLE BEACH – La Ligue nationale de hockey est dans l’eau chaude depuis les révélations publiques, le 25 novembre, d’Akim Aliu à propos des agissements racistes de l’entraîneur Bill Peters il y a une dizaine d’années. Le commissaire Gary Bettman a commenté le dossier pour la première fois et il a expliqué les mesures qui seront implantées pour enquêter sur les erreurs du passé et éviter des débordements éventuels.

 

Bettman a effectué le point sur la situation à la sortie d’une réunion des gouverneurs au magnifique site The Inn at Spanish Bay. Certains événements moins jolis sont survenus au fil des ans à travers la LNH et le circuit professionnel ne peut plus se permettre de tels écarts de comportement.  

 

ContentId(3.1351923):Inconduite des entraîneurs : la LNH se penche sur la question
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Ainsi, les dirigeants de la LNH vont implanter des mesures strictes qui s’expriment en quelques volets. On pourrait décrire le tout comme une certaine forme de code de conduite.

 

D’abord, c’est une évidence depuis longtemps que Bettman déteste les surprises et il l’a avoué sans gêne. Ainsi, les clubs devront immédiatement aviser Bettman ou son bras droit, Bill Daly, s’ils sont mis au cournat d’un comportement qui aurait dépassé les limites.

 

Ensuite, la LNH déploiera un programme de formation et d’encadrement pour le personnel des équipes. Lorsque cette mesure sera finalisée, ce programme devra être suivi annuellement par les entraîneurs-chefs, les assistants, les entraîneurs dans les rangs mineurs qui possèdent un contrat avec une équipe de la LNH, les directeurs généraux et leurs adjoints.

 

« Même si je ne crois pas que la majorité des entraîneurs se comporte de manière inappropriée – je pense plutôt que c’est le contraire - on va bâtir ce programme pour s’assurer d’un changement dans la culture et pour clarifier nos attentes envers ces dirigeants », a expliqué Bettman.

 

Ce programme sera développé par des experts embauchés à l’externe par la LNH et il visera à maintenir un climat respectueux dans les vestiaires, les complexes d’entraînement, les matchs et les autres activités reliées au hockey.

 

Avec son troisième point, Bettman a confirmé que des sanctions seront imposées par la LNH et l’équipe concernée – ou les deux – si un comportement déplorable est constaté.

 

Quant au quatrième point, la LNH déploiera une plate-forme qui permettra de recueillir des dénonciations de comportements abusifs. Bien sûr, le tout se fera de manière anonyme afin de protéger les « sonneurs d’alerte » pour éviter des représailles.

 

Bettman ne prévoit pas une tonne de dénonciations

 

Après avoir partagé ces informations, Bettman a soutenu qu’il ne s’attendait pas à une immense vague de dénonciations.

 

« Je serais surpris qu’une tonne d’incidents émergent. On a vu quelques histoires sortir récemment, mais, en général, les dirigeants des équipes de hockey se comportent de superbe manière. Si ça survient, on devra composer avec la situation », a affirmé Bettman en reconnaissant que c’était un commentaire quelque peu risqué de sa part.

 

Alors que les gouverneurs de la LNH poursuivront leur rencontre mardi, le dossier impliquant Marc Crawford demeure sous enquête. Daly a expliqué que ce processus n’a pas été complété entièrement par les Blackhawks de Chicago. D’après les dires de Bettman et Daly, ils ne sont pas au courant d’autres histoires qui seraient examinées actuellement.  

 

Sans surprise, le grand manitou de la LNH a dû expliquer s’il croyait que son circuit devait combattre un problème de racisme même en 2019.  

 

« Je pense qu’on a été très proactifs. Notre niveau de diversité et d’inclusion n’a jamais été aussi bon. Malheureusement, des incidents surviennent et parfois ça provient de partisans. Le personnel des équipes s’est conduit de manière appropriée comme ça doit être le cas. Cela dit, un incident demeure un incident de trop. Notre but est de continuer d’éduquer et faire les bonnes choses », a rétorqué Bettman qui se dit fier de la diversité dans son sport.

 

Outre le racisme et l’homophobie, Bettman et les gouverneurs de la LNH devront établir ce qui n’est pas tolérable. Cette réflexion comporte plusieurs zones grises dans un milieu où l’intensité grimpe souvent de plusieurs crans.

 

« Coacher, c’est une profession dans laquelle beaucoup d’émotions sont impliquées. Si une situation de l’harcèlement, ça va capter notre attention. On doit sensibiliser les gens à ces zones grises pour que les personnes soient plus prudentes. Même si une ligne à ne pas franchir existe, pourquoi s’en approcher autant. Ayons un milieu respectueux où les gens sont confortables pour faire leur travail », a suggéré le commissaire.

 

En ce qui concerne la variable du temps, Bettman assure que la LNH ne va pas lever le nez sur ce qui s’est produit disons il y a 10 ans ou plus. L’idée sera d’évaluer le tout un cas à la fois.

 

Logiquement, les actions de la LNH – comme l’implantation de la plate-forme anonyme - exigeront des délais pour être achevées. Bettman ne veut surtout pas que le tout soit bâclé et il souhaite que les partisans retiennent ce message.

 

Le commissaire a opté pour la patience

 

Toujours à propos du temps, on ne peut pas dire que la LNH s’est dépêchée à commenter publiquement. On rappelle qu’Aliu a provoqué un tsunami le 25 novembre. Certains experts des relations publiques auraient choisi de réagir plus vite, mais Bettman a choisi de respecter le calendrier déjà établi.

 

« D’abord, je ne crois pas qu’on a pris un long moment pour commenter. Puisqu’on avait déjà une réunion prévue à l’agenda, je trouvais que c’était plus approprié de parler d’abord aux gouverneurs avant de commenter publiquement. Aussi important que ça puisse être de parler aux médias, c’est encore plus important de parler à eux », a justifié Bettman en affirmant que les gouverneurs présents étaient en mode écoute et confortables avec le plan présenté.

 

La patience sera nécessaire pour évaluer la valeur des mesures dévoilées par Bettman. En 2019, la LNH ne peut pas se permettre de manquer son coup alors que la société réclame clairement une évolution à ce chapitre.

 

« L’inclusion et la diversité ne sont pas uniquement des mots qui ont la cote (buzzwords), ils font partie des principes fondateurs de la LNH. Notre message est sans équivoque : on ne va pas tolérer des comportements abusifs peu importe leur nature », a insisté le commissaire qui souhaite que les partisans retiennent ce message.

 

« On veut que le hockey soit un endroit confortable, que les gens puissent se sentir acceptés peu importe leur passé », a-t-il conclu.

 

En terminant, précisons que les gouverneurs ont reçu comme message que tout se déroule bien pour le déploiement de la nouvelle organisation de Seattle. De plus, ils ont eu un exposé sur la technologie 5G qui se rapproche. Quelques enjeux d’affaires ont également été discutés ainsi qu’une mise à jour sur le projet de player tracking.