MONTRÉAL – Assis dans les gradins du BB&T Center, Nicolas Roy commençait à trouver le temps long et la petite « torture » du repêchage le grugeait quelque peu. Mais l’attaquant des Saguenéens de Chicoutimi s’encourageait en se disant que les Hurricanes de la Caroline possédait bientôt deux rangs de sélection aux 93e et 96e échelons de la quatrième ronde.

Parmi les nombreuses entrevues qu’il avait effectuées avec des équipes de la LNH, la chimie s’était rapidement installée entre le colosse de six pieds quatre pouces et les dirigeants de cette organisation.

Le 93e rang est finalement arrivé et c’est à ce moment que les Canes ont annoncé la sélection de… Callum Booth, le gardien des Remparts de Québec.

Mais tout n’était pas perdu pour celui qui avait été le premier choix du repêchage de la LHJMQ en 2013. Seulement trois rangs plus tard, les Hurricanes ont repris la parole pour annoncer son nom et lui permettre de vivre le soulagement espéré.

Non seulement, l’organisation menée par Ron Francis a apprécié la personnalité de Roy, mais elle l’a perçu comme un possible dauphin de Jordan Staal. Le mariage entre les deux clans semblent donc idéal puisque Roy affectionnait déjà se comparer à cet attaquant polyvalent qui s’avère un exemple à suivre en défense.

« Je me décris comme un joueur complet qui excelle dans les mises au jeu et qui peut contribuer offensivement. J’ai une bonne vision et je suis fiable défensivement », a mentionné Roy qui espère pouvoir apprendre quelques trucs de l’ancien des Penguins de Pittsburgh.

Même si la comparaison s’avère audacieuse et hâtive, elle ne déplaît pas à un recruteur mis au courant de celle-ci.

« C’est délicat parce que Jordan a déjà accompli beaucoup de choses, mais je préfère voir un jeune se comparer à un joueur d’élite qu’à un hockeyeur de soutien. Je peux voir des ressemblances entre les deux, mais je ne peux pas encore prétendre qu’il va devenir un joueur de sa trempe, on verra. La comparaison n’est pas boiteuse et ça va l’aider à suivre la direction de Jordan », a évalué cet ancien joueur.

Quant aux hommes de hockey des Canes, ils ne souhaiteraient rien de plus que Roy ait visé juste dans sa comparaison.

« Au même âge, Jordan avait un meilleur coup de patin et il était un peu plus costaud, mais je vois plusieurs similitudes entre les deux joueurs.

Chose certaine, s’il devient un Jordan Staal, on en sera très heureux », a admis Tony MacDonald, le directeur du recrutement amateur de l’équipe, qui l’a associé à Frédérik Gauthier.

L’auteur de 50 points en 68 matchs avec les Sags cette saison était souriant quand il a été croisé dans les corridors du domicile des Panthers, mais il ne pouvait pas être satisfait de son rang de sélection.

« Je suis un peu déçu du rang. La journée a été passablement longue parce que tu veux toujours être repêché le plus haut possible, mais le plus important c’est de l’être », a reconnu Roy en ciblant le positif.

Cette glissade n’a pas refroidi les sentiments des Hurricanes envers le jeune homme.

« On n’était pas inquiet par rapport à ça. On n’avait pas de choix en troisième ronde parce qu’on l’avait donné dans la transaction d’Eddie Lack.

Quand il était encore là en quatrième ronde, on sentait c’était une trop bonne occasion pour ne pas choisir ce jeune avec de telles capacités », a expliqué MacDonald.

« Son patin va s’améliorer, comme certains grands joueurs qui ont besoin de plus de temps pour avoir la coordination optimale. D’ailleurs, il le réalise et on pourra l’aider surtout qu’il semble être un très bon garçon auquel on peut enseigner facilement. De plus, il vient d’une très bonne famille et on a été impressionné quand on l’a rencontré », a enchaîné celui qui a notamment repêché Eric Staal, Cam Ward et Jeff Skinner.

Selon les opinions extérieures obtenues en marge du repêchage, les Hurricanes auraient visé juste en investissant sur Roy.

« Les Hurricanes ont réussi un bon choix, il a tout un potentiel avec son physique, son patin et ses habiletés au centre. Son côté inconstant a sûrement causé cette baisse dans les rangs, mais il ne faut jamais oublier qu’il est jeune. On aime déjà voir la constance dans un joueur, mais il peut améliorer ça dans l’avenir », a exprimé un recruteur d’expérience.

« Il a définitivement le profil d’un joueur de la LNH et il a démontré avec 50 points avec une équipe affectée par les blessures qu’il peut présenter des statistiques très intéressantes », a témoigné cette source sur un ton rassurant.

Roy avait anticipé ce scénario

Coincé au neutre en début de saison, son année de repêchage, Roy savait bien que cette réalité le guettait à la fin juin.

« C’est certain que j’y avais pensé, je me disais que c’était une possibilité de chuter un peu avec mon début de saison ordinaire », a-t-il avoué sans cacher que la pression du repêchage l’avait embêté.

« Oui, surtout en début d’année quand tu la sens plus. »Callum Booth et Nicolas Roy

Heureusement pour Roy, les choses ont débloqué et il a retrouvé sa touche un peu avant l’arrivée de Yanick Jean comme entraîneur-chef des Saguenéens.

Aux dires de MacDonald, le grand droitier a gagné plusieurs points grâce à sa contribution aux Championnats du monde des moins de 18 ans où il a représenté le Canada.

« On trouve qu’il a su élevé ses performances surtout au niveau international. Il cadrait très bien dans un rôle de centre défensif et de spécialiste de mises au jeu, tout en produisant des points. Il a connu un très bon tournoi et on l’a aussi vu disputer de très bons matchs dans le circuit québécois », a précisé le dirigeant des Canes qui se fient sur deux recruteurs pour épier les joueurs de la LHJMQ.

Bien sûr, le soulagement d’être repêché était à l’origine d’une grande partie de sa joie samedi, mais on pouvait aussi sentir que le gaillard avait été libéré d’un lourd poids sur ses épaules. Ce n’était pas évident pour lui de composer pendant deux ans avec la pression associée au statut de premier de classe de la LHJMQ.

« Effectivement, je vais pouvoir arrêter de penser à plusieurs choses et me concentrer sur mon développement. Maintenant, je dois surtout m’assurer d’être le meilleur joueur possible dans trois ans et je vais pousser fort pour que ça se produise », a exprimé le hockeyeur originaire d’Amos.

« Je sais qu’il a été le premier choix du repêchage de la LHJMQ. Parfois, avec un rang aussi haut, ça ajoute une pression supplémentaire sur le joueur, mais on voit en lui un joueur qui continue de se développer », a affirmé MacDonald.

Un recruteur sondé a démontré de la confiance envers Roy qui pourrait faire oublier son rang de sélection quelque peu tardif.

« Les attentes étaient sans doute grandes envers lui et ce ne sont pas tous les jeunes qui gèrent bien la pression qui vient avec ça, mais il détient des aptitudes très attrayantes », a insisté ce membre d’une équipe de l’Est.

Dans son rôle, ce dépisteur doit souvent remonter le moral aux joueurs qui dégringolent lors du repêchage et il utilise ce discours pour y arriver.

« Je leur dis que le rang n’est qu’un numéro. Quand le camp d’entraînement commence, tu mets tous les numéros dans un sac et c’est celui qui se démarque qui finit par en sortir peu importe la hauteur de sa sélection », a-t-il confié en ajoutant qu’il faut faire savoir au « kid » que l’équipe est contente de l’avoir obtenu.

Au cours des prochaines semaines, Roy se rendra en Caroline du Nord pour la première fois de sa vie et il souhaite laisser une impression favorable sur la patinoire. Le stress sera présent, mais il pourra le partager avec Booth (à gauche sur la photo), son partenaire de la LHJMQ avec le courant semble déjà passer.

Placé à ses côtés pour les entrevues, le sympathique gardien s’est assuré de le taquiner.

« Il aura besoin d’un traducteur maintenant et je vais pouvoir m’en occuper », a lancé, fier de son coup, le cerbère aux origines britanniques.