Un voyage mémorable...
$content.firstChildCategorie mercredi, 9 juil. 2014. 19:50 mercredi, 13 avr. 2011. 15:50Nous sommes à Ottawa. Le général prend la parole. « Après ce séjour, votre vie ne sera plus la même. Vous serez changé. Vous la verrez sous un autre angle. Écoutez les consignes, suivez-les à la lettre, votre vie en dépend. Bon séjour et soyez prudents ». Nous nous regardons en silence, anxieux, mais excités à l’aventure qui nous attend. Avant de monter à bord de l’avion des forces armées, nous devons signer un document qui dit grosso modo que notre vie sera en danger et nous y allons en connaissance de cause. Je signe. André Roy me regarde et semble réaliser soudainement que notre petit voyage ne sera peut-être pas une partie de plaisir. «Tu te rends compte que notre vie est en danger là-bas? » Je rigole nerveusement. « Oui André, on s’en va dans un pays en guerre mais je me sens en confiance. »
Nous montons à bord de l’immense avion noir, spacieux. Après 17 heures de vol, autour de minuit, le commandant nous demande de fermer les hublots et nous précise que les lumières à bord de l’avion seront éteintes et que nous volerons dans le noir complet afin d’éviter de servir de cible…j‘y vais d‘une grande respiration et je comprends l’ampleur de l’inquiétude d’André. On ne va pas dans un tout-inclus au Mexique mettons!
Arrivé sur la piste, nous descendons de l’appareil escortés par des soldats armés jusqu’aux dents! On nous dirige vers un vieil édifice, désuet, usé, où on peut voir sur les murs les trous laissés par les balles. On nous explique que cet édifice a été le dernier quartier-général des talibans, dont l’armée a pris contrôle il y a quelques années.
Nous avons vécu lors de ces quelques jours en Afghanistan, une panoplie d’expériences intéressantes, nouvelles et même angoissantes, comme lorsque nous avons reçu une attaque de roquette sur la base militaire. Étendu par terre aussitôt la sirène qui se fait entendre, on a le temps de prier pour que la cible visée atterrisse loin du lieu où on se trouve.
Ce qui nous a toutefois le plus impressionné ce sont les rencontres chaleureuses avec les militaires, ces hommes et femmes qui démontrent un courage à toute épreuve, qui risquent leur vie à chaque jour. Des militaires qui ont une bonne réputation même en Afghanistan. D‘ailleurs un soir que je me promenais au marché, j‘ai croisé un Afghan qui au passage, me regarde d‘un drôle d’air, m’arrête et montre du doigt le drapeau canadien affiché sur mon uniforme. D’un large sourire, il lève le pouce et dit avec un accent prononcé, «Canada, good people ».
Les Afghans apprécient les Canadiens qui il faut le souligner, accomplissent aussi une mission qui a pour but de redonner une certaine démocratie à ce pays. Ils offrent une formation aux policiers locaux, ils ont instauré un système judiciaire semblable à celui du Canada, ils enseignent les rudiments de l’agriculture aux paysans, bref, ils ne font pas que combattre. Mais peu importe que l’on soit d’accord ou pas avec la présence canadienne là-bas, nous y sommes allés pour l’aspect humain, pour rencontrer ces hommes et ses femmes qui sont privés de leur famille pendant de nombreux mois, qui vivent dans des conditions extrêmement difficiles, qui travaillent des heures sans loisir ou passe-temps, sauf un…le hockey balle et les matches du Canadien! J’ai eu le bonheur de discuter avec une charmante jeune femme qui a pour boulot de trouver les mines au sol et de les retirer. Un travail à haut risque. « Tu sais Chantal, on ne pense pas toujours au danger. Moi avant d’aller travailler, je vais sur le rds.ca et je lis tout ce qui concerne le Canadien. S’il gagne, je vais travailler le cœur léger et je suis heureuse et ça me fait oublier pour quelques instants que je suis si loin des miens. Le Canadien, le hockey me rapproche de la maison, m’inspire et me donne de l’énergie pour la journée! Je suis une vraie partisane » dit-elle en conclusion avec un large sourire. C’est pour cette raison que l’équipe de l’Antichambre est allé à la rencontre de nos militaires québécois en Afghanistan. Pour les honorer, les encourager et dire à leurs proches qui sont ici à les attendre, à quel point ils peuvent être fiers de leurs bien-aimés.