En cette année olympique, Kristopher Letang aurait adoré poursuivre sur sa lancée de la dernière saison, mais une blessure qui l'a forcé à retarder son entrée en scène et un effort plus prononcé sur son jeu défensif ont ralenti sa candidature pour être élu sur la formation canadienne.

Après avoir raté les neuf premiers matchs du calendrier 2013-2014, Letang affiche des statistiques un peu modestes pour son profil de récent finaliste au trophée Norris avec 5 buts et 5 aides en 20 rencontres.

Le Québécois de 26 ans n’est pas du style à se réfugier derrière les clichés trop fréquents, il admet que le contexte n’était pas évident.

« C’est certain que j’ai traversé une période d’adaptation au début et les choses se replacent tranquillement pas vite. Je me suis retrouvé avec du rattrapage à faire pour reprendre le rythme des autres et je suis de plus en plus en santé », a-t-il raconté au RDS.ca au lendemain d’une quatrième victoire consécutive des Penguins.

Kristopher LetangSans une modification de son style, le numéro 58 aurait sans doute quelques points de plus à son cumulatif pour convaincre Steve Yzerman et les autres dirigeants d’Équipe Canada. En collaboration avec les entraîneurs des Penguins, Letang accorde maintenant une attention plus soignée à son rôle défensif ce qui ne garantit pas des résultats immédiats.

« On essaie de nouvelles choses et je me concentre plus sur la défense. On m’a critiqué plusieurs fois pour mon jeu défensif dans les séries donc j’essaie d’être plus conservateur et d'appuyer un peu moins l’attaque », a dévoilé le droitier.

La transition ne s’effectue pas du jour au lendemain surtout pour un athlète dont l’ADN renferme une panoplie d’attributs offensifs.

« Ce n’est pas nécessairement dans ma nature (d’axer son jeu sur la défense) et je me retrouve aussi avec la tâche de jouer avec Olli Maatta, notre jeune de 19 ans. J’essaie de l’aider et je ne peux pas foncer vers l’attaque à chaque présence comme auparavant. Je n’avais pas prévu me blesser en début d’année et que ce soit ensuite au tour de Rob Scuderi. C’est un nouveau défi et une adaptation à traverser, mais j’ai la chance de prouver des choses », a commenté l’auteur de 38 points en 35 parties durant la dernière saison écourtée.

Contrairement à certains athlètes, Letang ne joue donc pas le jeu d’ignorer les médias et il est conscient de certains des reproches à son endroit.

« Ce sont des critiques médiatiques, les gens chialent que je produis moins en offensive, mais avant on faisait la même chose sur mon jeu défensif. Il y aura toujours quelque chose à critiquer, mais quand on regarde les vidéos avec les entraîneurs, on remarque seulement de minimes détails à corriger », a admis l’interlocuteur pertinent.

Derrière Weber, Doughty, Subban et Pietrangelo?

Au cours du camp d’orientation estival de l’équipe canadienne, Letang figurait parmi les invités intéressants pour composer la brigade défensive de Mike Babcock, mais son nom est graduellement disparu de plusieurs des discussions des experts et des amateurs à ce sujet.Kristopher Letang

Étant donné que Babcock a précisé ses intentions de composer un groupe également réparti de droitiers et de gauchers pour les utiliser de leur côté naturel, Letang semble maintenant se retrouver notamment derrière Shea Weber, Drew Doughty, P.K. Subban, Alex Pietrangelo et peut-être Brent Seabrook.

« Ça ne me dérange pas, ça fait partie du jeu. Quand je suis allé au camp d’orientation cet été, je me disais que tous les invités méritaient d’aller aux JO.

« Ils vont bâtir une équipe avec les éléments qu’ils pensent être les bons pour gagner et je n’ai pas mon mot à dire là-dessus. Même avant le début de la saison, certains se demandaient si je pouvais tenir mon bout défensivement. La seule manière de leur prouver, c’était de faire attention cette année, mais au détriment de mon implication en attaque », a-t-il répondu à ce propos.

La composition finale de l’équipe sera annoncée, avec anticipation, le 7 janvier et il est pertinent de se demander – et de lui demander – s’il est encore confiant de pouvoir renverser la vapeur.

« Oui et non. Je vais commencer par faire ce que l’on me demande chez les Penguins. Voilà ce qui est important et je ne vais pas essayer de me mettre en vedette dans un « one man show » pour plaire aux dirigeants. Je ne m’en fais pas avec cela et des choses peuvent encore survenir », a-t-il avoué.

Si son appui olympique a perdu de son élan, ses coéquipiers Marc-André Fleury et Chris Kunitz peuvent croire en leurs chances pour différents facteurs. Après des séries éliminatoires plus éprouvantes, Fleury a rebondi en force et ses statistiques pourraient lui mériter un poste.

« J’aurais voulu qu’il soit là dès cet été et je ne comprends pas pourquoi il avait été oublié. Dans les dernières années, il a vécu des malchances à des mauvais moments, mais il reste parmi l’élite. Il mérite sa place avec Équipe Canada et je lui souhaite de tout cœur », a jugé Letang.

Kristopher Letang, Marc-André Fleury et Sidney CrosbyEn ce qui concerne Kunitz, le facteur qui penche le plus en sa faveur s’avère sa chimie indiscutable avec Sidney Crosby.

« Je serais content pour lui, c’est une très bonne personne et il est parti de loin donc ce serait encore plus agréable de le voir se tailler un poste. Mais en ce moment, c’est l’heure des hypothèses et des prédictions sauf qu’on ne connaît pas les préférences des dirigeants pour créer leurs combinaisons. »

Cette période fertile en prévision d’experts de tous les acabits rend l’attente encore plus intrigante pour les joueurs.

« Disons que ce serait plus facile si personne n’en parlait et qu’on se contentait d’attendre le verdict du 7 janvier, mais les gens aiment créer des scénarios et ça se rend aux oreilles des joueurs assez facilement. C’est sûr qu’on se pose des questions, mais si tu essaies de jouer seul pour impressionner, ça ne fonctionnera pas », a-t-il reconnu.

Dès jeudi soir, Letang hérite de l’occasion idéale pour relancer sa campagne olympique alors que les Penguins reçoivent l’équipe de l’heure de la LNH, les Sharks de San Jose, qui ont subi une seule défaite depuis 10 matchs.

« Ils ont perdu que trois matchs en temps régulier et ils ont beaucoup de punch offensif (2e rang pour les buts marqués). Ils misent aussi sur des défenseurs très agiles qui appuient l’attaque. Ce sera important de limiter les revirements », a ciblé Letang qui visitera ensuite les Bruins samedi.