J’ai eu la chance de disputer quelques matchs contre Martin Brodeur pendant ma carrière et je me souviens très bien d’avoir été sur la patinoire en même temps que lui et de le regarder d’un œil complètement différent de la quasi-totalité des autres gardiens de la ligue. Brodeur dégageait une aura qui s’avérait très impressionnante et même intimidante par moments.

Je me rappelle également que c’était très rare qu’une équipe établisse un plan de match en fonction du gardien adverse, mais lorsque nous affrontions Brodeur, il faisait inévitablement l’objet d’une partie du plan de match étant donné qu’il était tellement bon autour de son filet.

Quand mes équipes se mesuraient aux Devils, nous avions toujours pour objectif d’éloigner les rondelles le plus loin possible de Brodeur, parce que chaque fois qu’il parvenait à y toucher, il était en mesure de prendre notre échec avant à contresens. Il était impératif de jouer intelligemment et de façon plus méthodique qu’à l’habitude, car il pouvait nous faire très mal.

Certains diront qu’il a grandement profité de la trappe instaurée par Jacques Lemaire et qui n’a jamais été complètement oubliée au New Jersey, mais Brodeur a néanmoins toujours été capable d’élever son jeu d’un cran dans les matchs les plus importants, tant dans la Ligue nationale de hockey que sur la scène internationale pendant les Jeux olympiques.

Il est cependant difficile de dire quelle influence a eu Brodeur sur les jeunes gardiens qui ont eu la chance de le voir à l’œuvre. Patrick Roy s’était imposé grâce au style papillon et tout le monde a voulu l’imiter par la suite. Dans le cas de Brodeur, c’est moins évident, puisque plusieurs personnes se demandent encore quel est son véritable style après tout ce temps!

Si les jeunes ne peuvent pas copier le style de Brodeur, ils peuvent néanmoins tenter d’afficher la même combativité, posséder la même concentration ou encore essayer d’arrêter le même nombre de rondelles. Je pense qu’on ne veut pas copier Brodeur, mais carrément le devenir. Chose certaine, il a eu une certaine influence sur les règlements de la ligue, puisqu’il est en grande partie responsable de l’implantation du trapèze derrière le filet des gardiens.

Je n’ai malheureusement jamais eu la chance de côtoyer Brodeur à l’extérieur de la patinoire pendant la saison estivale notamment, mais j’ai le privilège d’être l’un des entraîneurs de son fils Anthony avec les Voltigeurs de Drummondville de la Ligue de hockey junior majeur du Québec.

Il y a évidemment beaucoup de ressemblances entre les deux, puisqu’Anthony est aussi gardien. Mais ce dernier n’évoque jamais le souvenir de son père, tout comme je n’ai jamais eu de discussion à ce sujet avec lui. Il faut savoir que ce sont deux choses complètement différentes.