TAMPA BAY - Antoine Vermette avait mille et une bonnes raisons de marquer le but de la victoire mercredi soir à Tampa. Le but qui a lancé les Blackhawks en avant 1-0 dans la série qui les oppose au Lightning de Tampa Bay.

Ce but rapproche le Québécois à trois victoires d’une première conquête de la coupe Stanley. Un trophée qu’il a vu de près en 2007 lorsqu’il s’est rendu en finale de la coupe Stanley avec les Sénateurs d’Ottawa. Une coupe qu’il n’a toutefois pas été en mesure de toucher parce que les Ducks d’Anaheim, trop forts pour les Sénateurs, avaient survolé la finale en cinq petites parties.

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À quelques semaines de l’ouverture du marché des joueurs autonomes, Antoine Vermette profitera aussi de toute la visibilité que lui offre la finale de la coupe Stanley pour mousser sa valeur et l’assurer de mettre la main sur un long et lucratif contrat. Au sein d’un club aussi dynamique en attaque que les Hawks, Antoine Vermette évolue dans l’ombre des Toews, Kane, Hossa, Saad et autres. Mais le Québécois s’est quand même démarqué alors que deux des trois buts qu’il a enfilés jusqu’ici en séries ont propulsé son club vers la victoire.

Ce n’est pas rien.

Mais au-delà son désir de soulever la coupe le plus rapidement possible et de mettre toutes les chances de son côté afin de profiter de son autonomie complète, Antoine Vermette a une raison bien plus importante de voir ses Hawks déclasser rapidement le Lightning. Son épouse Karen Bonneau doit donner naissance à leur deuxième enfant le 17 juin prochain, date prévue pour un éventuel septième et dernier match de la série finale.

« Je lui ai demandé d’être patiente », a lancé avec une inquiétude évidente le Québécois de 32 ans.

Déjà papa d’une petite fille (Leonna), Vermette a épousé sa copine de toujours qu’il a croisée à l’école secondaire et qui partage sa vie depuis. « Je ne sais pas ce qui nous attend. J’espère que tout ira bien, mais si ça devait arriver comme prévu le 17 juin et qu’un match sept devait être nécessaire, je crois qu’elle ne m’en parlerait pas. On verra », a enchainé Vermette qui était alors entouré de journalistes québécois dans le cadre de la journée médiatique orchestrée par la LNH. Des journalistes qui étaient bien plus amusés que le principal intéressé par cette situation, disons délicate.

Antoine Vermette est passé des Coyotes de Phoenix aux Blackhawks de Chicago le 28 février dernier. Parce que son club était miné par des blessures, dont une qui le privait de son as marqueur Patrick Kane, le directeur général des Hawks Stan Bowman a accepté de céder un choix de première ronde lors du prochain repêchage – en plus du défenseur suédois de 23 ans Klas Dahlbeck – aux Coyotes de Phoenix. C’était cher payé compte tenu du fait que Vermette écoulait les dernières semaines d’un contrat de cinq ans et que les Hawks, qui peinent déjà à respecter le plafond salarial, pourraient bien être incapables de s’entendre avec le Québécois.

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Pis encore, les premiers coups de patin de Vermette avec sa nouvelle équipe sont loin de l’avoir propulsé vers des résultats explosifs. Blanchi à son premier match à Chicago – le 2 mars contre les Hurricanes de la Caroline – Vermette s’est contenté de trois passes lors de ses 19 matchs de saison régulière avec les Hawks. En séries, l’entraîneur-chef Joel Quenneville l’a rayé de sa formation lors du troisième match de la finale d’association Ouest contre les Ducks d’Anaheim. Une gifle que Vermette a encaissée en marquant dès le match suivant – au début de la deuxième période de prolongation – le but qui permettait aux Hawks de niveler les chances 2-2 dans la série.

« Disons que les choses ne se sont pas passées comme je l’anticipais. J’ai gardé une bonne attitude et je me suis concentré sur le fait qu’il était important de gagner peu importe les circonstances », a admis candidement Antoine Vermette lundi.

À Columbus où il s’est retrouvé lorsque les Sénateurs d’Ottawa l’ont échangé aux Blue Jackets pour mettre la main sur le gardien Pascal Leclaire et en Arizona ensuite avec les Coyotes, Antoine Vermette faisait partie de l’élite de ses équipes. Il était sur la patinoire quand son club avait besoin d’un but, quand il avait une avance à protéger. Il était envoyé dans la mêlée pour disputer les mises en jeu importantes, pour neutraliser les attaques massives des adversaires.

Depuis qu’il endosse le chandail des Hawks, Vermette est devenu un joueur de soutien alors que bien des observateurs croyaient qu’il aurait à colmater, du moins en partie, la brèche offensive créée par la blessure subie par Patrick Kane.

« Je ne me suis jamais imposé cette pression de remplacer Patrick Kane. Cela n’a rien eu à voir avec la baisse de ma production offensive. Mais quand tu es habitué de jouer 19 minutes par match et que tu glisses à une douzaine parce que ce n’est plus toi qui te lèves pour aller tuer une punition ou prendre une mise en jeu, tu dois apporter des ajustements. Ça m’a pris un certain temps, mais disons que je suis plus conscient de mon rôle maintenant et que je suis plus en mesure de composer avec ce rôle », a souligné Vermette.

Au-delà les paroles sages qu’il défilait derrière le micro, le joueur de centre de St-Agapit, près de Québec, ne pouvait cacher sa soif tout à fait normale de vouloir obtenir plus de responsabilités, plus de temps d’utilisation.

En marquant le but de la victoire mercredi lors du premier match de la grande finale contre Tampa et en remportant une mise en jeu de plus qu’il en a perdue (6-5), Antoine Vermette a maximisé les 11 minutes de temps d’utilisation offertes par Joel Quenneville.

Pour y arriver, Vermette assure que l’expérience acquise au fil des années et sa présence en finale avec les Sénateurs lui est d’un grand secours. « Je ne vous lancerai pas que le Lightning n’a pas de chance de gagner la finale en raison de son manque d’expérience, car Tampa a assez de talent pour gagner la coupe Stanley, c’est évident. Mais l’expérience donnera toujours un avantage à celui qui en a à son actif. Avoir de l’expérience, ça veut dire que tu es passé par là. Que tu es mieux préparé à composer avec ce qui t’attend. Ce n’est pas une obligation d’avoir de l’expérience, mais je demeure convaincu que ça devient une aide précieuse surtout lorsque tu te retrouves dans des situations corsées. Lorsque la pression monte », plaidait Antoine Vermette lundi lors de la journée médiatique.

Cette expérience ne lui a certainement pas nui lorsqu’il a créé l’égalité 2-2 en finale de l’Ouest avec son but aux dépens des Ducks en deuxième période de prolongation.

Cette expérience a certainement contribué en fin de match mercredi lorsque son compagnon de jeu Teuvo Teravainen avec un bel échec avant lui a refilé la rondelle au beau milieu de l’enclave d’où Vermette, au lieu de paniquer dans cette situation corsée, a su bien prendre son temps pour déjouer le gardien Ben Bishop avec un tir puissant et précis qui a propulsé les Hawks vers la victoire.

On verra si cette expérience lui sourira encore, dans sa quête de soulever la coupe Stanley une première fois, de profiter de son autonomie complète et surtout d’être aux côtés de sa belle Karen lorsqu’elle donnera naissance au deuxième enfant du couple le 17 juin prochain… ou un peu après des fois que la série se prolongerait jusqu’à la limite des sept parties.