MONTRÉAL – Pour la première édition montréalaise de son camp Defense First, Mike Weaver partage ce qu’il fait de mieux dans la vie : jouer au hockey sans la rondelle et... distribuer des accolades.

Il faut croire qu’il aurait un avenir intéressant comme entraîneur puisque ses protégés ont retenu ses enseignements à la lettre.

En effet, durant une séance de discussion avec ses jeunes protégés lors de la journée d’ouverture du camp, Weaver leur a expliqué qu’ils devaient être reconnaissants envers leurs parents pour tous les sacrifices qu’ils ont effectués et qu’ils effectuent pour eux.

Il a donc insisté qu’ils devaient absolument les remercier avec des accolades surtout quand il a su qu’ils étaient peu nombreux à le faire.

Mike WeaverMoins de 24 heures après ce conseil, des parents ont fait chaud au cœur à Weaver en lui apprenant que leur fils les avait serrés dans ses bras.

Les résultats semblaient tout aussi probants sur la patinoire alors que Weaver s’attardait à expliquer les nuances du travail défensif. En le regardant à l’œuvre tout en ayant en tête son parcours de plus de 600 matchs dans la LNH, il aurait été difficile de ne pas s’informer de ses désirs de devenir entraîneur à court, moyen ou long terme.

« Non, je ne veux pas que les gens me détestent », a réagi Weaver avec humour et une pointe de sérieux dans sa réponse.

« J’apprécie surtout avoir mon école de hockey. Je ne crois pas que je serais enclin à faire tous les voyages en autobus. J’aimerais travailler avec beaucoup d’espoirs, d’agents et de recruteurs pour développer certains atouts des jeunes. Ils pourraient me les confier et je pourrais travailler avec eux. Je voudrais améliorer le hockey sans me concentrer sur une seule équipe », a proposé Weaver qui a l’habitude d’arriver à ses fins même quand les probabilités ne jouent pas en sa faveur.

La pilule n’a pas été facile à avaler quand il a su que le Canadien ne désirait pas retenir ses services, mais il avait tout de même réalisé qu’il en était rendu à accrocher ses patins.

« Je me plais beaucoup à la retraite, je savais que c’était le bon moment pour quitter le hockey. Mentalement et physiquement, j’étais prêt pour ça et je comprenais que c’était inutile de disputer une autre saison. Je pouvais me consacrer à différentes avenues développées au fil des ans. C’était la meilleure décision pour ma famille et pour moi », s’est rappelé le volubile retraité de 38 ans.

Peut-être que c’était relié à son talent modeste, mais Weaver avait compris avant même d’effectuer ses premiers pas dans la LNH qu’il se devait de préparer minutieusement son après-carrière. Le projet principal pour occuper ses journées consiste en cette école de hockey sur l’accent défensif.

« C’est une belle façon de pouvoir redonner à la communauté du hockey et parler aux jeunes, je peux vous dire qu’ils en ont des questions à poser », a relayé Weaver en notant que cette dimension du hockey est trop souvent négligée.

Son autre « bébé », un peu plus complexe, se veut un répertoire virtuel d’exercices pour les entraîneurs de hockey. Maintenant connu sous l’appellation Coach Them, cet outil a fini par exiger encore plus d’efforts qu’il aurait pu le penser.

« Pendant ma carrière, c’était difficile d’investir beaucoup de temps dans le développement. Maintenant, je peux m’y concentrer. Je me réveille vers 4 h tous les matins et je travaille avec mes développeurs. Je n’avais pas réalisé que ça prendrait autant de temps pour développer une nouvelle technologie, mais je sens vraiment un besoin et ça se confirme toujours avec mon école de hockey », a témoigné le droitier qui a cumulé 8 buts, 89 aides et 227 minutes de punition en 633 parties régulières dans le circuit Bettman.

Même si sa vie ne manque pas d’action, Weaver admet qu’il s’ennuie de la camaraderie d’un vestiaire de hockey. Ce n’est pas si étonnant puisqu’il était reconnu pour bien s’amuser sur les lieux de son travail.

« C’est certain, j’étais si habitué d’arriver dans le vestiaire et de me faire gentiment narguer à gauche et à droite. Disons que c’est normal que ta femme n’agisse pas de la même manière », a-t-il confié avec le sourire au visage.

Bon vivant, Weaver n’a tout de même pas été en mesure d’éviter les journées plus moroses psychologiquement.

Sa révélation en dit donc long sur les anciens athlètes qui traversent des épreuves personnelles comme la dépression.

« Je n’ai pas revu tant de joueurs depuis ma retraite et je peux comprendre pourquoi plusieurs joueurs vivent des hauts et des bas au niveau émotif. Je suis un peu passé par là dans la dernière année, ce fut plus difficile dans certains moments, mais je me considère tellement chanceux de m’être préparé pour la suite des choses.

« Ce n’est pas le cas pour de nombreux joueurs. Il ne faut pas oublier que les gars sont habitués de suivre exactement la même routine pendant des années. Je parle même de petits détails comme dans l’échauffement, ça fait tout un changement », a décrit Weaver avec ouverture.

Une fois de plus, la préparation représente un élément déterminant pour éviter les périodes sombres.

« Il faut réaliser que c’est un privilège de jouer dans la LNH et que ça ne va pas durer pour toujours », a suggéré Weaver qui a porté l’uniforme de six équipes du circuit Bettman.

Weaver lève son chapeau à son ami Mike Condon

Mike Condon, qui s’est lié d’amitié avec Weaver, avait saisi ce message depuis des lunes. Pour lui aussi, le chemin vers la Ligue nationale semblait improbable et il aurait encore moins imaginé une saison recrue autant rocambolesque avec la perte de Carey Price et 51 départs pour le Canadien.  

« Je pense qu’il s’est très bien débrouillé. Il était en contrôle malgré une pression qui devait être complètement folle. Pour une recrue, de pouvoir remplacer Price de cette manière dans de telles circonstances, je trouve que c’est très bien », a vanté Weaver.

« Je suis vraiment content pour lui, il a travaillé tellement fort l’année précédente. Ses efforts lui ont donné une occasion et il a su en profiter », a prétendu Weaver sur le gardien de 26 ans qui se retrouvera en compétition avec le vétéran Al Montoya.

Par la nature de ses tâches et de ses intérêts, Weaver s’intéresse surtout au développement des joueurs et du sport. Il remarque que le contexte dans lequel les jeunes sont plongés – comme Condon – est plus éprouvant qu’auparavant.

« Les jeunes joueurs repêchés sont envoyés dans la mêlée si rapidement. À mon avis, ils ont besoin de plus de développement, ils doivent apprendre à devenir des professionnels dans les rangs mineurs », a observé Weaver en suggérant une période minimale d’un an.

« La pression est devenue immense. Je peux même la sentir sur les épaules de certains de mes jeunes au camp. Être lancé dans la LNH avec autant de pression, ce n’est pas évident », a conclu Weaver qui serait un bon allié pour encadrer cette relève et même la réconforter avec une accolade si nécessaire.