Les Devils du New Jersey représentent l’une des plus belles surprises autour de la LNH jusqu’ici cette saison.

À l’image des Coyotes de l’Arizona dans l’Ouest, les Devils font mentir les prédictions qui les plaçaient loin, très loin, au classement en début d’année.

Au lieu de se battre pour le dernier rang dans l’Est, voire du classement général, les Devils se battent pour une place en séries. Avec 11 victoires en 21 rencontres, les Devils occupent le 10e rang, c’est vrai. Mais ils ne sont qu’à deux points du Lightning de Tampa Bay qui a disputé deux matchs de plus, des Red Wings de Detroit et des Islanders de New York aux dépens de qui les Devils ont un match en main.

Après avoir encaissé trois revers de suite en lever de rideau d’une saison qui n’annonçait rien de bon, les Devils ont gagné six de leurs huit matchs suivants (6-1-1). Ils ont ajouté une autre séquence positive de quatre gains en cinq rencontres (4-1-0) et tenteront de rebondir face au Canadien ce soir après avoir encaissé trois revers (1-3-0) lors de leurs quatre derniers matchs.

Les Devils surprennent positivement en dépit du fait qu’ils comptent sur une équipe orpheline de Lou Lamoriello qui l’a toujours gardée dans le droit chemin avec une main de fer dans un gant qui n’avait rien d’un gant de velours, avec un nouveau directeur général (Ray Shero) et une toute nouvelle équipe d’entraîneurs sous la direction de l’entraîneur-chef recrue John Hynes qui a hérité d’un groupe de joueurs loin de susciter l’envie de ses 29 homologues aux quatre coins de la LNH.

Crédibilité à rétablir

Rencontré à la réunion des directeurs généraux, à Toronto, le 10 novembre dernier, Ray Shero avait le sourire facile tant son équipe lui offrait des résultats inespérés.

« Quand j’ai accepté l’emploi à la tête des Devils – Shero a été congédié par les Penguins de Pittsburgh –, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. Je n’avais pas d’objectif défini autre que de redonner de la crédibilité au sein de la LNH à cette équipe qui en avait perdu l’an dernier », a admis Shero.

Ray SheroLes 78 points récoltés l’an dernier représentaient la plus faible récolte de l’histoire des Devils dans un calendrier de 82 matchs. Au-delà de cette récolte plus que timide, les Devils rataient les séries pour une troisième saison de suite. Pour une quatrième fois en cinq ans. Et bien que la dernière présence des Devils en séries (2011-2012) se soit soldée par une ascension jusqu’en finale de la coupe Stanley – les Kings de Los Angeles avaient alors soulevé la coupe pour la première fois de leur histoire –, cette épopée printanière était loin de faire contrepoids aux insuccès répétés des dernières saisons.

Un peu comme l’avait fait l’entraîneur-chef Bob Hartley en début de saison 2014-2015 à Calgary, Ray Shero a fouetté ses joueurs en leur brossant un tableau sombre de la situation.

« Quand j’ai réuni les joueurs lors du premier jour du camp d’entraînement, je leur ai dit de lire et d’écouter ce qui s’écrivait et se disait sur nous. On nous plaçait bien plus près du dernier rang de la Ligue que d’une place en séries. Je leur ai dit qu’on avait huit mois pour réécrire ce qui s’écrivait sur nous », racontait le DG des Devils dans le hall d’entrée des bureaux de la LNH à Toronto.

Les Devils pourraient piquer du nez après un début de saison surprenant. C’est un fait. Mais Shero assure que ses craintes les plus vives se sont envolées depuis le début de la saison.

« Comme dirigeant, ce qui t’inquiète le plus, c’est que ton équipe devienne la risée de la Ligue. Personne ne veut être ridiculisé. Notre bon début de saison nous aide donc à redonner de la crédibilité à l’organisation. Pas seulement autour de la Ligue, mais surtout dans la tête et le cœur de nos partisans. Je vous dirais que ma quête principale cette année n’est pas d’accéder aux séries. Ça demeure l’objectif de tous les clubs en début de saison, c’est vrai. Mais ce qui m’importe le plus, c’est que nos partisans retrouvent de la fierté. Qu’ils reviennent derrière nous. Et qu’en dépit des résultats sur la patinoire, qu’ils comprennent ce que nous sommes en train de faire et voient que nous travaillons pour leur redonner un club gagnant le plus vite possible », expliquait Shero aux journalistes qui l’entouraient.

Schneider : le grand leader

Comme bien des clubs dans la LNH, les Devils s’en remettent beaucoup à leur gardien pour obtenir du succès. Un défi que Cory Schneider relève avec brio depuis le début de la saison.

Ses dix victoires lui permettent de partager le 4e rang dans la LNH derrière Braden Holtby qui domine le circuit avec 13. Sa moyenne de 2,05 buts alloués par match le place au 5e rang et le gardien américain acquis des Canucks de Vancouver en retour d’un choix de première ronde (Bo Horvat) est huitième dans la LNH avec une efficacité de 92,7 %.

Tout ça derrière une équipe bien plus fragile autant offensivement que défensivement en comparaison du Canadien et des autres clubs de tête autour de la LNH.

Vrai que Mike Cammalleri connaît un excellent début de saison. Ses 7 buts et 22 points lui permettent d’occuper le 14e rang des marqueurs dans la LNH. Avec ces statistiques, Cammalleri serait sur un pied d’égalité avec Max Pacioretty et ne serait devancé que par Tomas Plekanec s’il endossait toujours l’uniforme du Canadien.

Derrière Cammalleri, quatre joueurs seulement affichent plus de 10 points : Adam Henrique, Kyle Palmieri,  Lee Stempniak (16) et Travis Zajac (13)

Chez le Canadien, 10 joueurs ont déjà atteint le plateau des 10 points, dont 3 qui en revendiquent plus de 20. Avec sept points, Nathan Beaulieu occupe le 14e rang des marqueurs chez le Tricolore. Il partagerait le sixième chez les Devils…

« C’est clair que Cory (Schneider) est notre meilleur joueur depuis le début de la saison. Il nous a offert plusieurs victoires. À l’image des autres vétérans de notre équipe, il a vraiment compris le message que j’ai lancé en début de saison et tient à prendre tous les moyens pour que l’équipe, et par ricochet l’ensemble des joueurs, retrouvent de la crédibilité cette année. Je savais que Cory avait sa place parmi les meilleurs gardiens de la Ligue. Mais je ne savais pas à quel point il pouvait assumer du leadership. Il a pris le club sous son aile. Il a pris les jeunes sous son aile. Il m’a même approché lors du camp d’entraînement pour m’offrir d’héberger des jeunes chez lui afin de faciliter leur entrée dans la LNH. Ça vous donne une idée du genre de gars qu’il est », a conclu Ray Shero qui n’a toutefois pas donné suite à l’offre de son gardien numéro un.