Une chose qui peut être dite à propos des Flyers, c'est qu'ils sont plus durs sur eux-mêmes que les partisans ou les médias. Que cette mentalité provienne de l'entraîneur Peter Laviolette ou des joueurs, les Flyers étaient pour le moins déçus de leur performance lors du match 3.

« Je crois qu'avec notre effort de la veille nous avons eu ce que nous méritions, a avoué le capitaine de l'équipe, Mike Richards. Ce n'était évidemment pas une bonne performance et ça a paru sur le tableau indicateur. »

« Avec un pareil pointage dans un match d'une telle importance… Je crois que l'on doit se poser des questions et trouver quelques réponses », a continué Richards.

Le gardien Michael Leighton a même concédé que les Flyers étaient un peu « intimidés » par l'intensité offerte par le Tricolore.

« On s'y attendait et nous voulions leur répondre, mais nous ne l'avons pas fait, a simplement dit Leighton. Quelques-uns de leurs joueurs ne cessaient de parler et de nous déranger après le sifflet et nous nous sommes laissé emporter. Nous devrons assurément être une équipe plus rude et plus robuste. »

Philadelphie est toujours en avant 2-1 dans la série, mais à les attendre ils sont plus frustrés et déçus d'eux que lorsqu'ils tiraient de l'arrière 0-3 contre les Bruins de Boston.

Tout cela fait partie de la très compliquée psychologie des séries éliminatoires. Lors de la dernière ronde, les Flyers se devaient de croire qu'ils pouvaient effacer ce déficit de trois rencontres. Ils devaient se convaincre eux-mêmes qu'ils jouaient suffisamment bien pour gagner, et ce, même s'ils perdaient.

Ça a fonctionné et l'équipe en orange a mis en place un des plus brillants retours de l'histoire du sport.

Sauf que les choses ne regardent pas aussi bien cette fois-ci pour les Flyers. Ça va de pire en pire pour l'équipe et c'est complètement l'opposé de ce qu'ils veulent. Ils ont été bons lors du premier match, médiocres dans le second et simplement mauvais lors du dernier match.

Pour leur bien, les hommes de Peter Laviolette devront absolument changer le rythme de cette série lors du match 4.

Évidemment, une avance de 3-1 veut dire beaucoup plus qu'une égalité de 2-2, mais dans ce cas-ci une victoire des Flyers aurait un bien plus grand impact puisque le Tricolore tomberait de son nuage… et il tomberait de haut.

Des joueurs très, très émotifs

« La ligne est mince entre un gars confiant et un gars "frais chié" », a répondu Carcillo à des journalistes qui lui demandaient ce qui se passait entre lui et certains joueurs du Canadien.

À un certain moment dans le match, le tableau indicateur du Centre Bell montrait Michael Cammalleri faisant une grimace à l'attaquant des Flyers alors que Maxim Lapierre s'amusait à faire toute sorte de niaiseries pour déranger.

Il y a également eu un petit incident dans les derniers instants du match. Avec Chris Pronger et Braydon Coburn au banc des pénalités, Jacques Martin a envoyé sa meilleure unité offensive sur la glace.

Avec un pointage de 4 à 1, les Flyers ont pris cela comme un manque de respect. Un peu comme voler un but au baseball en neuvième manche avec une avance de sept points ou comme tenter une longue passe quand une équipe mène par quatre touchés au football..

« Je ne sais pas ce qu'ils essayaient de prouver en faisant cela, a dit Richards. Évidemment, ils voulaient marquer, mais peut-être voulaient-ils nous mettre notre défaite sous le nez. Mais parfois quand quelqu'un crache en l'air, ça peut lui retomber sur le nez. J'espère que nous allons être en mesure de canaliser l'énergie que nous avons tirée de ce geste et leur remettre sous leur nez à leur tour. »

Un observateur neutre aura noté que le cinquième but du Canadien - marqué avec leurs meilleurs joueurs sur la glace dans la dernière minute de jeu - était en fait une réponse au geste de Scott Hartnell qui s'en est pris à Roman Hamrlik alors que le match était hors de portée des siens.

« Je crois que plus la série avancera, plus il y aura de haine entre les deux équipes et des frictions vont invariablement se produire, a dit Daniel Brière. Nous pouvons compter sur plusieurs joueurs qui sont bons dans ce domaine. »

Pour espérer un revirement, les Flyers devront se convaincre que ce sont vraiment les joueurs en rouge qui sont les « méchants ». Ils ont vraiment besoin de ce petit avantage psychologique s'ils veulent éviter le scénario du troisième match.

« Il y a plusieurs moyens de mettre les choses en perspective, a confessé Laviolette. Attitude, ambition, agir en désespoir de cause. Au moins, nous étions un peu plus intenses lors de l'entraînement de vendredi. Nous devrons bâtir sur cette intensité et trouver un moyen de la transposer dans la rencontre de demain. »

La stratégie des Flyers est évidente : fatiguer leurs adversaires au cours d'une longue série. Ça a fonctionné contre les Bruins.

Le problème? Ce style de jeu fatigue aussi les Flyers. On est en droit de se demander si la fatigue ne commence pas à affecter Philadelphie aussi, et ce, au moment même où ils doivent faire avec l'imposante vitesse du Tricolore.

Un peu de frustration, envers eux-mêmes et envers leurs adversaires, est généralement un bon remède au hockey pour combattre la fatigue et sa propre incapacité à offrir un jeu de qualité.

Après un jour de repos a mijoté leur remède, les Flyers devront arriver bien immunisés pour le match 4 s'ils veulent éviter de se retrouver à égalité avec le Canadien après quatre rencontres.