OTTAWA – Si certaines défaites peuvent laisser des marques plus profondes que d’autres, les joueurs du Canadien insistent depuis deux jours pour dire que celle qu’ils ont subie dans le troisième match de leur série contre les Sénateurs ne fait pas partie de cette catégorie.

Le refrain a été entonné par Josh Gorges alors que les plaies étaient encore fraiches dimanche. Hier, ses propos ont notamment trouvé écho devant le casier de Carey Price. Une cuite de 6-1 ou une prolongation au terme de laquelle on méritait un meilleur sort? Du pareil au même. La mémoire d’un joueur de hockey est apparemment ainsi faite qu’elle ne tient pas compte de ce genre de détails.

Et dans une série sans zone grise, tout le monde semble enfin avoir trouvé un point sur lequel s’entendre.
 

« Je comprends très bien qu’ils disent voir la situation de cet œil, expliquait Craig Anderson pendant qu’une quinzaine de joueurs du Canadien s’adonnaient à un entraînement optionnel lundi. De mon point de vue de gardien, que je perde un match 5-0 ou 1-0, ça ne change rien. Une défaite, c’est une défaite. On n’obtient pas deux victoires pour gagner par un écart de cinq buts. Le prochain match est un nouveau départ, tout le monde recommence à 0-0. »

Tout ça sonne très bien, mais ça ne semble pas un peu plus facile à dire qu’à mettre en pratique?

« C’est la mentalité d’un joueur de hockey, on est conditionné à penser ainsi depuis si longtemps, assure celui qui montre un pourcentage d’arrêt de ,949 depuis le début de la série. Habituellement, dès qu’on quitte l’aréna après un match, le résultat est oublié, verrouillé dans notre casier, et on passe à autre chose. C’est ce qu’on nous a toujours appris à faire. »

« Quand on a perdu le deuxième match à Montréal, on l’avait oublié avant même d’être revenu ici. Une fois qu’un match est fini, on tourne la page et on repart la machine. Il faut maintenant faire la même chose avec notre dernière victoire, a relancé Guillaume Latendresse. C’est ça les séries, il faut tout de suite diriger nos pensées vers le prochain match. Le Canadien a encore des bons joueurs qui vont continuer d’essayer de faire tout ce qu’ils peuvent pour gagner et ça ne changera pas tant qu’une équipe n’aura pas battu l’autre quatre fois. »

« Nous n’avons vraiment rien accompli encore, a rapidement fait remarquer l’entraîneur Paul MacLean. Deux matchs, c’est tout ce que nous avons gagné. Le plus dur est à venir et nous le savons, tout le monde le comprend. Nous devons être meilleurs, continuer d’élever le niveau de notre jeu. »

Des attentes réalistes

Un match ponctué de plus de 200 minutes de pénalité est toujours suivi d’attentes démesurées. Les joueurs Sénateurs s’attendent toutefois au retour du jeu propre pour leur deuxième match à domicile.

« Je pense que tout le monde va prendre une grande respiration, regarder la situation froidement et réaliser que le plus important est de gagner un match de hockey, prédit Anderson. On s’attend à devoir vendre chèrement notre peau, mais est-ce qu’il y aura une autre bagarre générale? J’en doute. »

« En séries, chaque match est unique, souligne Erik Karlsson. C’est comme si on affrontait toujours les mêmes joueurs, mais dans des équipes différentes.

On sait donc que le prochain match sera complètement différent du précédent et on est préparé pour un test serré et difficile. »

Les Sénateurs ont été désignés par la majorité comme les grands gagnants du concours de gros muscles de dimanche. Chris Neil, qui a eu le temps d’appliquer six mises en échec et d’engager le combat avec Travis Moen en jouant pendant à peine six minutes, n’est cependant pas prêt à accorder un tel avantage aux siens.

« Au niveau de la robustesse, ils ont été aussi actifs que nous », a soulevé Neil, qui s’est appuyé sur son étude du nombre recensé de mises en échec (47-44 en faveur d’Ottawa) pour solidifier son argument.

« Pour les avoir aussi affrontés souvent en saison régulière, on sait que c’est une équipe qui aime imposer beaucoup de pression. Elle peut le faire avec ses quatre trios et c’est exactement ce qu’elle a fait dans les deux premiers matchs de la série. On s’est dit dès le début que si on n’était pas prêt à égaler leur niveau d’implication physique, on se retrouverait du mauvais côté d’une série très courte. Je dirais qu’à l’exception du deuxième match, on est parvenu à le faire. »

Des conséquences pour Gryba?

Banni au trou pendant deux matchs pour avoir envoyé Lars Eller à l’hôpital avec une violente mise en échec pour donner le ton à la série, le défenseur Eric Gryba a servi sa peine et est maintenant prêt à reprendre le boulot.

MacLean n’est pas allé plus loin que ce constat lorsque questionné sur les chances de revoir le robuste défenseur réintégrer la brigade des Sénateurs, mais il a pratiquement dévoilé son jeu en confirmant qu’une blessure au bas du corps forcerait le jeune Patrick Wiercioch à l’inaction dans le match no 4.

Vertement critiqué par Michel Therrien pour sa description des événements qui ont incité la Ligue à sévir à l’endroit de Gryba, MacLean a mûri sa réponse pendant quelques secondes lorsqu’on lui a demandé s’il s’attendait à ce que son protégé doive faire face à la musique à son retour au jeu.

« Ce sera intéressant à suivre », a-t-il finalement laissé tomber.

« Je ne sais pas ce qu’ils pensent de l’autre côté, mais ‘Grybes’ ne changera pas, prévient Neil. Si l’opportunité de compléter une mise en échec semblable se présente de nouveau, il le fera. On le connaît comme un joueur physique et je m’attends à la même contribution de sa part. »

« Nous lui demanderons simplement de reprendre où il a laissé et d’être lui-même, a détaillé MacLean. Nous ne voulons pas qu’il tente d’en faire trop. Il est gros, il est fort et il s’avère une présence dominante au centre de la glace. Nous voulons qu’il comprenne qu’il doit continuer dans la même veine. »