Luc Robitaille a bien connu Nicklas Lidstrom et Sergei Fedorov avec qui il a gagné la coupe Stanley en 2002. Intronisé au Temple de la renommée du hockey en 2009, Robitaille savait que ce n’était qu’une question de temps avant que ces deux joueurs ne viennent le rejoindre.

«J’ai joué deux saisons avec Lidstrom et je crois bien ne l’avoir jamais vu commettre une erreur sur la patinoire», a témoigné un Robitaille admiratif. «C’était un gars aussi calme dans le vestiaire qu’il l’était sur la glace. Les gars le surnommaient l’être humain parfait», m’a lancé celui qui est aujourd’hui président des Kings de Los Angeles.

ContentId(3.1161347):Lidstrom admis au Temple de la renommée
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Ancien entraîneur-chef des Red Wings, Scotty Bowman a été plus élogieux encore que Robitaille dans l’analyse qu’il a faite de Niklas Lidstrom. «On ne développe plus ce genre de défenseur aujourd’hui. J’ai eu la chance de compter sur de très grands défenseurs au cours de ma carrière, particulièrement à Montréal avec le Big Three (Larry Robinson, Serge Savard, Guy Lapointe) mais je peux t’assurer que Nick Lidstrom était à leur niveau.»

Parfait sur la glace comme dans le vestiaire des Red Wings avec qui il a passé l’entièreté de sa carrière de 19 ans dans la LNH, Niklas Lidstrom l’a également été dans le cadre des remerciements qu’il a distribués après son intronisation. Au cours de son discours, Lidstrom a toutefois avoué un crime de lèse-majesté qui portera ombrage, mais si peu, à son image de joueur parfait. «Je ne connaissais tellement rien à la Ligue nationale et à l’histoire des Red Wings lors de mon arrivée à Detroit que j’ai réclamé le numéro 9. On m’a rappelé à l’ordre rapidement», a plaidé Lidstrom qui avait demandé de porter le numéro immortalisé par Gordie Howe. Une bévue aussi grossière à Detroit qu’elle le serait à Montréal si un jeune joueur réclamait les numéros 4 de Jean Béliveau, 9 de Maurice Richard, 10 de Guy Lafleur ou des autres immortels du Canadien.

Comme tous les intronisés, Lidstrom a multiplié les remerciements habituels. Il n’a toutefois pas manqué de saluer ses coéquipiers et amis des Red Wings. Particulièrement ceux avec qui il a soulevé la troisième de ses quatre coupes Stanley en 2002. «Je ne suis pas arrivé ici seul. J’ai profité de l’aide de très nombreux coéquipiers au fil de ma carrière. Il y a maintenant 12 joueurs de cette édition (2002) des Wings au Tempe de la renommée. D’autres devraient s’ajouter», a souhaité le Suédois qui est encore associé au hockey à titre d’entraîneur dans les rangs mineurs dans sa Suède natale et aussi à titre de dépisteur pour les Red Wings.

ContentId(3.1161337):Le Temple ouvre ses portes à Fedorov
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Fedorov : ambassadeur

Premier joueur intronisé, Sergeï Federov a savouré ce grand moment en effectuant un long discours. Contrairement au patineur ultrarapide qu’il était, Fedorov a pris son temps pour défiler ses remerciements. Visiblement ému par «l’honneur inespéré» que les dirigeants du Temple de la renommée lui ont réservé, Sergeï Fedorov a complété son discours en assurant «qu’il porterait fièrement la bague et le veston commémorant son intronisation à titre d’ambassadeur du sport que j’aime, le hockey.»

Croisé sur le tapis rouge menant au grand hall où la cérémonie était sur le point de commencer, Scotty Bowman a qualifié «d’exceptionnel» le jeune russe qui a contribué aux succès des Wings et à trois de ses quatre dernières conquêtes de la coupe Stanley. «Il avait de grandes qualités offensives, mais était tout aussi solide en défensive. Il n’y avait aucune faille dans son jeu. Il était tellement complet que je l’ai muté à la ligne bleue pendant six semaines par mesure d’urgence. Il avait été égal à lui-même», a indiqué Bowman.

Des compliments que Fedorov a retournés en assurant au cours de son discours que Scotty Bowman était le plus grand entraîneur-chef de l’histoire du hockey et qu’il l’avait aidé à être un meilleur joueur sur la glace et un meilleur homme à l’extérieur de la patinoire.

ContentId(3.1161350):Pronger parmi les immortels
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Pronger : aucun regret

S’il a très bien connu Lidstrom et Fedorov avec qui il a partagé le vestiaire des Wings en 2001-2002 et 2002-2003, Robitaille a aussi bien connu Chris Pronger. Peut-être même un peu trop. «Lui, tu voulais le croiser le moins souvent possible parce qu’il brassait tout le temps. Je me souviens d’avoir apostrophé des arbitres en leur disant qu’ils devraient lui imposer une pénalité à chacune des présences qu’il effectuait sur la glace. Des fois, j’avais l’impression que les arbitres me donnaient raison, mais ils ne le pénalisaient pas. Pronger n’était pas seulement un dur. Avec sa portée, son coup de patin et la qualité de son tir, c’était aussi un très bon défenseur», a ajouté Robitaille.

Dans la présentation qui a précédé son intronisation, Chris Pronger a été décrit comme un joueur détesté par ses adversaires, mais adulé par ses coéquipiers.

Lorsqu’il s’est présenté pour signer le registre officiel des intronisés, Chris Pronger s’est fait demander s’il regrettait ne serait-ce qu’un seul des assauts qu’il a multipliés sur la patinoire. Après quelques secondes de réflexion, Pronger a relevé la tête avant de répondre : «Non ! Et le fait que je sois ici ce soir me donne raison de ne rien regretter», a conclu celui qui est aujourd’hui l’un des adjoints de Stéphane Quintal, le préfet de discipline de la LNH.

Repêché au deuxième rang du repêchage de 1993 derrière Alexandre Daigle (Ottawa), Chris Pronger a été échangé aux Blues de St.Louis deux ans après son arrivée à Hartford. Jim Rutherford, qui avait complété cette transaction, assure qu’elle devait être effectuée. «Chris avait été impliqué dans une histoire qui lui portait ombrage à Hartford. Un changement d’air s’imposait. Et il en a grandement profité. Nous avions laissé partir un futur membre du Temple de la renommée. C’est vrai. Mais si tu regardes la suite des choses, nous avons obtenu un excellent joueur en Brendan Shanahan en retour de Chris et avons obtenu Rod Brind’Amour après le départ de Shanahan. Et c’est Brind’Amour qui a soulevé notre coupe Stanley à titre de capitaine des Hurricanes en 2007», a indiqué l’ancien DG des Canes qui occupe aujourd’hui le même poste avec les Penguins de Pittsburgh.

ContentId(3.1161340):Housley fait son entrée au Panthéon
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Américains à l’honneur

Phil Housley et Angela Ruggiero ont gonflé à 14 le nombre d’Américains au Temple de la renommée. C’est d’ailleurs Pat Lafontaine, intronisé en 2003, et Cammi Granato (2003) qui ont remis les plaques officielles à Housley et Ruggiero.

«Phil a été l’un des précurseurs du hockey aux USA. Surtout à titre de défenseur. Avec les Chris Chelios et Bryan Leetch, Phil Housley a été aussi important dans l’histoire du hockey aux États-Unis que les Bobby Orr ou Raymond Bourque au Canada. C’était un patineur exceptionnel doté d’habiletés offensives impressionnantes», a d’ailleurs souligné Lafontaine avant la cérémonie.

Quant à Angela Ruggiero, son intronisation est une preuve de l’effet positif qu’ont eu les Kings sur le hockey en Californie. «C’est la première fois qu’un joueur né en Californie entre au Temple. C’est une source de fierté pour les Kings et nous l’honorerons comme il se doit», a promis le président des Kings qui, avec Wayne Gretzky, était l’une des idoles de jeunesse de Ruggiero lorsqu’elle donnait ses premiers coups de patin en Californie.

«Je voulais jouer un jour pour les Kings», a indiqué celle qui a disputé sa première partie de hockey à la demande de son frère qui avait besoin d’un autre joueur au sein de son équipe mineure.

À défaut de jouer pour les Kings, Angela Ruggiero a défendu les couleurs des USA avec qui elle a gagné une médaille d’or olympique aux Jeux de Nagano en 1998 et une médaille d’or au Championnat du monde de hockey féminin en 2005.

Grands bâtisseurs 

Outre les cinq joueurs qui ont fait de la cuvée 2015 une cohorte exceptionnelle, Bill Hay et Peter Karmanos, à titre de bâtisseurs, ont rehaussé le niveau déjà impressionnant du groupe d’intronisés.

Bill Hay est surtout connu pour les différents rôles qu’il a remplis au cours de ses 33 ans passés au sein de la haute direction du Temple de la renommée, dont 15 à titre de président et chef de la direction. Toutes ces années ont fait oublier que Bill Hay a aussi été une vedette du hockey. Son trophée Calder acquit en 1960 lors de sa première saison avec les Blackhawks de Chicago et la coupe Stanley qu’il a soulevée la saison suivante ont été les faits saillants de sa courte carrière de sept saisons dans la LNH.

Quant à Peter Karmanos, le milliardaire est surtout connu à titre de propriétaire des Hurricanes de la Caroline et de fondateur de la compagnie de haute technologie Compuware.

Dans son discours d’intronisation, Karmanos s’est assuré d’illustrer la passion qui l’a toujours associé au hockey. «J’ai regardé mon premier match sur une télé zénith, avec un écran rond de 11 pouces en noir et blanc. À cette époque, la diffusion du match débutait en troisième période. Gordie Howe, Ted Lindsay et Alex Delvecchio sont les trois premiers joueurs que j’ai vu jouer lors de ce premier match qui opposait les Wings au Canadien de Montréal. Depuis ce premier match, le hockey a toujours fait partie de ma vie», a lancé Karmanos.

En plus de fonder une riche multinationale en haute technologie, Peter Karmanos a fondé une multinationale du hockey amateur – le programme de hockey Compuware – qui a propulsé des dizaines de jeunes joueurs vers la LNH dont les Pat Lafontaine, Mike Modano, Eric Lindros et Kevin Hatcher. Les équipes associées au programme mis de l’avant par Karmanos ont remporté les grands honneurs de tournois prestigieux comme le Tournoi international de hockey pee-wee de Québec et des championnats à tous les niveaux du hockey mineur aux États-Unis. Ses Spitfires de Windsor et les Whalers de Playmouth, premier club de la Ligue junior de l’Ontario à avoir pignon sur rue aux USA ont aussi connu du succès. Sans oublier ses Hurricanes de la Caroline, anciennement Whalers de Hartford, qui lui ont permis de célébrer une conquête de la coupe Stanley en 2006.

Si la cuvée 2015 est exceptionnelle alors que Fedorov, Lidstrom et Pronger ont fait leur entrée au Temple dès leur première année d’éligibilité, ce sera différent en 2016. Aucun joueur ayant pris sa retraite il y a trois ans ne semble avoir une place déjà réservée. La cuvée 2016 devrait donc permettre à plusieurs joueurs qui patientent depuis des années d’obtenir le laissez-passer tant espéré. Sur cette liste, on peut déjà inscrire les noms des Eric Lindros, Mark Recchi, Sergei Zubov, Paul Kariya, voire peut-être même celui de Guy Carbonneau, l’un des meilleurs joueurs défensifs de son époque.

Jacques Demers, qui le dernier entraîneur-chef à avoir soulevé la coupe Stanley à la barre du Canadien de Montréal en 1993, pourrait aussi certainement être considéré.