Connor McDavid : à un vote d'une unanimité pleinement méritée
MONTRÉAL - Comme plusieurs, comme un peu tout le monde en fait, j'ai été surpris de voir que Connor McDavid ne soit pas unanimement couronné à titre de joueur le plus utile de la LNH.
Très surpris même.
Il est déjà acquis que McDavid est le meilleur joueur de la planète hockey au grand complet. Le joueur par excellence. Ses pairs l'ont d'ailleurs confirmé en lui décernant le trophée Ted-Lindsay pour la quatrième fois de sa carrière. Il rejoint donc Mario Lemieux qui l'a gagné quatre fois également. Et il rejoindra bientôt et dépassera sans doute Wayne Gretzky qui trône tout en haut de la pyramide avec cinq titres.
Mais voilà : en 2022-2023, Connor McDavid n'a pas seulement été le joueur par excellence. Il a aussi été le joueur le plus utile à son équipe. Du moins à mes yeux et à ceux des 196 collègues qui ont donné leur vote de première place à «Mc Jesus».
Pourquoi Seth Rorabaugh, du chapitre de Pittsburgh, lui a préféré David Pastrnak? Je n'en ai pas la moindre idée.
À l'image des Bruins et de plusieurs de ses coéquipiers – Patrice Bergeron a d'ailleurs gagné haut la main le trophée Selke; Linus Ullmark le Vézina; Jim Montgomery le Jack-Adams – «Pasta» a connu une saison exceptionnelle. C'est pour cette raison qu'il a obtenu 109 votes de deuxième place, 42 de troisième et 32 de quatrième et cinquième place.
Mais je peine à comprendre qu'il ait pu devancer McDavid sur l'un des 196 bulletins de vote. Je peine plus encore à comprendre que le capitaine des Oilers y soit confiné au cinquième rang.
Si le collègue Rorabaugh était de Boston, on pourrait imputer à deux brins de partisanerie déplacée ce vote en faveur de Pastrnak.
Mais il est de Pittsburgh. Et comme il n'a pas osé faire une place à un Penguin dans sa sélection pour le Hart, on peut prétendre que c'est sa raison et non son cœur qui l'a guidé dans cette sélection.
Une sélection qui a privé McDavid du vote unanime qu'il méritait. Une sélection qui a unanimement été décriée aux quatre coins de la planète hockey.
Mais bon. Dans toute élection, il a des votes que les uns et les autres peinent à comprendre; peinent à croire. Ceux et celles qui votent à gauche ne comprennent pas ceux et celles qui votent à droite. L'inverse est tout aussi vrai.
Qui a raison? Qui a tort?
Allons savoir.
C'est pour cette raison que la majorité l'emporte. Ce n'est pas toujours parfait, mais c'est quand même ce qui s'en rapproche le plus. Pourvu que le scrutin soit libre et respecté.
Ce qui a encore été le cas cette année du côté de l'Association des journalistes couvrant les activités de la LNH (PHWA).
Pour le Hart, j'ai bien sûr donné mon vote de première place à McDavid. Suivent dans l'ordre : Pastrnak, Matthew Tkachuk, Nathan MacKinnon et le gardien Ilya Sorokin sans qui les Islanders n'auraient jamais atteint les séries éliminatoires.
Lindholm devant Karlsson?
Si la course aux trophées Hart et Selke étaient gagnées d'avance, celle aux trophées Norris et Calder l'étaient moins à mes yeux.
Bon! Les 123 votes de première place accordée à Erik Karlsson tendent à démontrer le contraire. J'en conviens.
Pourquoi alors ai-je décidé de préférer Hampus Lindholm et Adam Fox à Karlsson? Pourquoi est-ce que j'ai «osé» donné mon vote de première place – il en a obtenu 12 sur les 180 – au défenseur des Bruins?
Parce que Lindholm et Fox ont joué du hockey significatif du début à la fin de la saison. Ce que Karlsson n'a pas fait du début à la fin de la saison.
Karlsson est spectaculaire. Il est même un génie créatif lorsqu'il se lance à l'attaque. Ses 25 buts marqués et 101 points récoltés le démontrent d'ailleurs de façon éloquente.
Mais pour gagner le Norris, il me semble qu'il faut aussi jouer un brin ou deux en défensive. Ce que Karlsson faisait lorsqu'il a mis la main sur ses deux premiers trophées Norris.
Ce qu'il n'a pas fait la saison dernière.
Évoluant au sein d'un club éliminé des séries avant même le début du premier match de la saison, Karlsson s'est «contenté» d'être un quatrième attaquant chaque fois qu'il sautait sur la glace. Il pouvait se le permettre, car ses poussées offensives et ses absences défensives n'avaient aucune incidence sur le résultat des matchs.
Il s'est fait plaisir et du coup il a fait plaisir aux partisans des Sharks qui autrement n'auraient savouré aucun plaisir la saison dernière.
Son accession au sein du groupe de défenseurs ayant fracassé le plateau des 100 points représente un exploit sensationnel. J'en conviens.
Et s'il avait atteint ce sommet en aidant son équipe à accéder aux séries, Karlsson aurait obtenu mon vote de première place sans la moindre hésitation. Il aurait sans doute même devancé Pastrnak au deuxième rang de mon bulletin pour le trophée Hart.
Mais contrairement à Lindholm et Fox, Karlsson s'est concentré sur sa récolte offensive. Voilà pourquoi il est, à tort ou à raison, troisième sur mon bulletin.
Je crois vraiment qu'Adam Fox est un meilleur défenseur qu'Hampus Lindholm. Comme Victor Hedman, Roman Josi, Cale Makar sont de meilleurs défenseurs que l'arrière des Bruins.
Mais en 2022-2023, Lindholm a été le meilleur défenseur de la meilleure équipe de la LNH. Il a contribué à l'attaque. Il a solidifié une brigade défensive déjà solide. Il a été le plus performant à sa position en jouant du hockey significatif tous les soirs.
Voilà pourquoi il a obtenu mon vote.
Josh Morrissey est quatrième parce qu'il a été l'un des grands facteurs de réussite des Jets en saison régulière.
Pourquoi Devon Toews devant Cale Makar qui a terminé deuxième?
Tout simplement parce que Toews ne reçoit pas le mérite qu'il devrait à titre de complice de Makar. Et aussi, et surtout, parce qu'il a maintenu son niveau d'excellence à la ligne bleue lorsque Makar a été mis en échec par les blessures.
J'aime bien, avec mes votes de cinquième place, lever mon chapeau à un joueur qui ne reçoit pas l'attention qu'il mérite à mes yeux.
La sélection de Toews est donc bien plus un «bravo» à son endroit qu'un affront à l'endroit de Cale Makar.
Beniers quatrième!
La course au trophée Calder est trop souvent concentrée sur les récoltes offensives des jeunes candidats.
Et comme, lorsqu'on arrive dans la LNH, il est plus facile de marquer des buts que de briller à la ligne bleue ou plus encore d'occuper un poste de premier plan devant le filet, j'ai l'habitude de favoriser les défenseurs et les gardiens au détriment des attaquants.
J'ai respecté cette habitude cette année.
Rien contre Matt Beniers ou Wyatt Johnston qui ont connu de premières saisons flamboyantes. Surtout la première moitié de saison de Beniers à Seattle.
Mais Owen Power m'a trop impressionné par la qualité de son jeu à la ligne bleue des Sabres pour être devancé. Et s'il l'avait été, c'est Stuart Skinner qui lui aurait ravi la première place.
Je suis prêt à encaisser les coups et contrecoups de ma sélection de Jake Sanderson au troisième rang. Peut-être que Beniers et Johnston méritaient d'être devant lui.
Mais j'ai vu jouer Sanderson plus souvent et comme son aisance, sa confiance et la qualité de son jeu m'ont toujours renversé, je l'ai campé au troisième rang.
Des hommages à Letang
Kristopher Letang est un défenseur exceptionnel. Et l'homme qui se cache sous l'équipement est meilleur encore.
C'est un plaisir de le voir jouer et avec tout ce qu'il a traversé sur le plan médical au fil de sa carrière, je ne peux m'opposer à sa sélection à titre de gagnant du trophée Bill Masterton.
Mais je n'ai pas voté pour lui.
Depuis des années, le Masterton est devenu l'hommage au joueur qui a surmonté les plus grosses blessures. Parfois c'est pleinement mérité. Et ce l'était sans doute cette année.
Mais le Masterton, c'est aussi et ce devrait surtout être un hommage rendu à des joueurs dont la persévérance leur a permis de traverser le temps.
C'est pour cette raison que j'ai préféré donner mes votes au défenseur Mark Giordano et au gardien Craig Anderson. Deux vétérans qui ont fait bien plus que se contenter de faire acte de présence l'an dernier.
J'ai donné mon vote de troisième place à Alex Belzile pour tout ce qu'il a eu à endurer avant de réaliser, à 29 ans, son rêve d'accéder à la LNH et de remplir, à 31 ans, un rôle régulier, ou presque, avec le Canadien.
Voilà : vous savez tout!
Maintenant : place au repêchage!