Samuel Bolduc gagne rapidement la confiance des entraîneurs
OTTAWA – Samuel Bolduc évoluait dans une deuxième division de hockey scolaire lorsque son agent, Philippe Lecavalier, l'a repéré avec son collègue Dominic Couture. Cette semaine, il a franchi l'étape de disputer ses deux premiers matchs dans la LNH.
Considérant d'où il a entamé son chemin, pas étonnant que Bolduc, qui dégage un calme déstabilisant, soit devenu émotif pour ce grand moment.
« Ça s'est bien passé. Mais quand est arrivé le temps de mettre le chandail sur le dos, oh les émotions sont venues un peu. C'est un rêve de petit kid. Je ne l'oublierai jamais », a confié Bolduc quelques heures avant son deuxième match avec les Islanders de New York.
À son année de repêchage, malgré ses impressionnantes qualités athlétiques, plusieurs recruteurs avait des doutes sur la carrière qui l'attendait. Fascinant de constater, trois ans plus tard, qu'il a démontré qu'il est moulé pour ce niveau dans le bref échantillon exposé.
Bien sûr, Bolduc doit encore assimiler certains éléments cruciaux contre la meilleure compétition au monde. Mercredi soir, au Centre Canadian Tire, on l'a vu perdre deux ou trois batailles pour la rondelle et manquer un peu de mordant sur quelques jeux.
Mais on retient surtout son aplomb dans la majorité des situations avec la rondelle. Il a notamment réussi une longue passe vers Brock Nelson pour mener à une chance de marquer.
Pour vous donner une idée de la confiance acquise à la vitesse de l'éclair auprès des entraîneurs, Bolduc a été employé sur la première vague de l'avantage numérique dès ce deuxième match. De plus, il a été envoyé sur la patinoire pour les dernières secondes quand le gardien avait été retiré dans cette défaite de 2 à 1.
« Il a les habiletés pour le faire, a convenu l'entraîneur Lane Lambert après l'échauffement mercredi. J'ai aimé ce que j'ai vu (de son premier match). Il possède un bon gabarit et il est calme avec la rondelle si bien qu'il prenait la bonne décision. »
Quelques minutes plus tôt, Jean-Gabriel Pageau était arrivé à la même conclusion.
« Sam, c'est un gars super calme et terre à terre. Tu vois qu'il vient d'une bonne famille, qu'il a travaillé pour arriver ici et qu'il mérite sa place. Dans son jeu, j'ai trouvé que c'était la même chose. Moi, j'étais stressé pour mes débuts. Lui, il était calme et ça se voyait dans les décisions qu'il prenait. Ça paraît qu'il a une bonne vision du jeu », a commenté Pageau qui est toujours aussi généreux de son temps.
Pageau a ensuite regardé Bolduc du coin de l'œil en y allant de cet autre compliment.
« Je ne savais pas qu'il pouvait tirer la rondelle aussi fort, ça m'a surpris un peu pendant la pratique, a lancé Pageau. C'est un gros bonhomme qui travaille fort qui a les atouts offensifs et il est dur à battre dans les coins. Quoi de mieux pour une équipe. »
Cette famille, à laquelle Pageau faisait allusion, était présente au cœur d'une imposante délégation à Ottawa mercredi soir. Puisque Bolduc avait su peu de temps avant le duel de lundi, contre les Maple Leafs de Toronto, qu'il vivrait son baptême du circuit Bettman, ses parents n'avaient pas pu y assister. Toutefois, son frère avait choisi de se déplacer sans avoir la confirmation.
À Ottawa, ils ont pu se reprendre et ils n'ont pas eu de misère à dénicher des billets alors que la foule a été annoncée à 13 980 spectateurs.
Une étape à la fois
Bolduc a eu besoin de disputer 121 matchs dans la Ligue américaine de hockey avant d'obtenir ce rappel mérité à sa troisième saison professionnelle. Tout au long de son parcours, le Québécois de 22 ans n'a jamais été du style à brûler les étapes.
Après une excellente saison recrue avec le club-école des Islanders, la deuxième a été plus éprouvante avec une blessure et la COVID-19. Il a retrouvé tout son aplomb cette saison si bien qu'il a rejoint les Islanders avec le bon état d'esprit.
« Il faut que tu arrives avec un peu de confiance et que tu n'essaies pas de changer ton jeu ou jouer avec trop de stress. Oui, c'est un peu intimidant. Mais, après quelques présences, ça se dissipe peu à peu. Tu te rends compte que tu es capable de jouer là », a mentionné l'imposant gaucher de six pieds quatre pouces et 220 livres.
« En arrivant cette année, ils m'ont donné un plus gros rôle à Bridgeport. Ça m'a permis d'avoir plus de temps de glace et des situations pour être offensif », a précisé l'auteur de 26 points en 40 matchs dans la LAH en 2022-2023.
À Bridgeport, Bolduc est heureux de pouvoir jouer avec quelques Québécois comme Arnaud Durandeau, William Dufour et Vincent Sévigny. Durandeau était bien heureux pour celui qui porte le numéro 4 avec les Islanders.
« Je n'étais pas surpris de son rappel, il connaît une très bonne saison. Je pense qu'il pourrait devenir un très bon défenseur dans la LNH et il est parmi ceux qui travaillent le plus dans l'équipe », a souligné Durandeau en conversation avec le RDS.ca.
« C'est un vrai pro dans son comportement. Il pratique souvent son lancer même si c'est l'un de ses meilleurs atouts », a ajouté Durandeau qui croit en ses chances d'obtenir, lui aussi, un rappel cette saison.
Présentement, Bolduc profite de l'absence de Noah Dobson pour exposer son potentiel. Les Islanders n'ont rien à perdre car ils ont amassé une seule victoire depuis onze matchs.
« S'il fait partie de la solution et qu'il aide l'équipe à gagner, ils pourraient le garder », a soumis son agent.
Quand Lecavalier et Couture ont repéré ce diamant brut, ils ont poussé fort pour que l'Armada de Blainville-Boisbriand le repêche.
« C'était près de sa maison donc ça devenait le scénario idéal. Il jouait dans le Midget AAA tout en faisant les pratiques avec l'Armada. Ça lui permettait d'apprendre beaucoup avec Joël Bouchard et Jean-François Fortin, deux anciens défenseurs de la LNH », a expliqué Lecavalier.
Cet été, Bolduc a continué son développement sous les conseils de Daniel Jacob qu'il a justement connu avec l'Armada.
Désormais, il ne lui reste qu'à sortir de sa coquille dans la LNH comme il a eu à le faire à chaque niveau. Mais on voit déjà que le défi n'est pas trop grand pour lui. De quoi réjouir les recruteurs des Islanders qui ont misé sur énorme potentiel au 57e rang.
Moins convaincu par son caractère, le Canadien avait choisi d'échanger sa 50e sélection, en 2019, pour reculer afin de repêcher Mattias Norlinder et Jacob Leguerrier.