PITTSBURGH - Parce que j’avais opté pour les Capitals aux dépens des Penguins et que je croyais vraiment que les Islanders sortiraient le Lightning, rapidement en plus, je me sens un brin dépaysé maintenant qu’il est temps de choisir entre Pittsburgh et Tampa Bay pour représenter l’Est en finale de la coupe Stanley.

Mais bon!

Parce que les Penguins ont évincé la meilleure équipe de l’Est, du moins à mes yeux, parce que les Penguins ont su battre Braden Holtby, le meilleur gardien de la LNH cette année celui qui héritera sans l’ombre d’un doute du trophée Vézina, il est difficile de leur tourner le dos.

Le Lightning mérite du respect, beaucoup de respect même au lendemain de sa brillante victoire aux dépens des Islanders, mais les Penguins me semblent meilleurs. Plus complets.

Le Lightning pourrait bien recevoir du renfort alors que Steven Stamkos et Anton Stralman pourraient rejoindre leurs coéquipiers au cours de la finale.

Mais attention! Les Penguins aussi recevront du renfort dès que Sidney Crosby et Evgeny Malkin se remettront à produire. Les deux piliers des Penguins jouent du gros hockey. Ils attirent beaucoup d’attention, ce qui fait bien l’affaire de Phil Kessel et de leurs autres coéquipiers qui ont plus de marge de manoeuvre pour produire. Et Dieu sait - les Capitals aussi - que les joueurs de soutien des Penguins produisent à profusion.

Mais avec un but et trois passes comme production combinée, il est clair que Crosby et Malkin devraient mousser leurs statistiques à un moment ou un autre.

Bien que les deux clubs soient ultrarapides, il est normal, je crois, de donner un petit avantage aux Penguins dans cette facette si importante du jeu.

Carl Hagelin a été acquis en remplacement de David Perron justement en raison de sa vitesse. Une vitesse qui lui a permis de dominer ses anciens coéquipiers des Rangers en première ronde et les joueurs des Caps en demi-finale de l’Est. Matt Cullen, malgré ses 39 ans, donne le ton également au sein du quatrième trio.

Si j’accorde un avantage à la qualité du jeu physique et défensif des trios de soutien du Lightning aux dépens de ceux des Penguins, ceux de Pittsburgh pourraient gagner les duels en raison de leur vitesse.

Parlant de duel, celui qui opposera Kristopher Letang et Victor Hedman sera sensationnel. Ces deux défenseurs jouent aussi bien, sinon mieux, que les trois finalistes dans la course au trophée Norris.

Je suis un inconditionnel de Letang depuis toujours. Je me garderai donc une petite gêne pour ne pas exagérer à l’aube d’une série qui devrait le mettre davantage en évidence.

Mais ce que Hedman a accompli contre les Islanders n’est rien de moins que phénoménal. Il a - pas à lui seul, mais pas loin - éteint John Tavares qui avait sorti presque à lui seul Roberto Luongo et les Panthers en première ronde.

De fait, j’ai commis trois erreurs en croyant que les Islanders sortiraient le Lightning. Facilement en plus.

La première a été de croire que Tavares aurait le dessus sur Hedman surtout qu’il n’était pas appuyé par la présence rassurante de Stralman.

La deuxième, j’ai cru que Jack Capuano et l’équipe d’entraîneurs des Islanders pourraient rivaliser avec Jon Cooper et son groupe d’adjoints. Ce n’est pas arrivé. Loin de là même. Les coachs du Lightning ont dicté le ton du début à la fin de la série. Ce sera beaucoup plus serré comme bataille de stratégie maintenant que Cooper et sa gang sont confrontés à Mike Sullivan et la sienne. Vous pouvez compter sur Jacques Martin pour élaborer quelques stratégies défensives afin de minimiser les risques d’explosion de la part du premier trio des Bolts. Un trio redoutable composé de Killorn-Johnson-Kucherov. Un trio qui produit sans bon sens. Kucherov domine la LNH avec neuf buts depuis le début des séries. Mieux encore, beaucoup mieux encore, le Lightning a dominé ses adversaires 20-3 lorsqu’il était sur la patinoire. Parlez-moi d’un attaquant capable de produire à la tonne et de ne pas gaspiller sa production en laissant ses adversaires en faire autant…

Troisième erreur commise, et celle-là a été monstrueuse, je ne me suis pas assez méfié des lacunes des Islanders devant le filet. Trop obnubilé par Tavares peut-être, j’ai cru que Tomas Greiss pourrait faire le travail et rivaliser, ne serait-ce qu’un peu, avec Ben Bishop.

Je vous jure qu’on ne m’y reprendra plus. Jamais!

Nous voilà donc rendus aux gardiens.

Ben Bishop est la stabilité incarnée. Gros, grand, solide, il est simplement bon. Non! Très bon.

Devant le filet des Penguins, Matt Murray est une véritable révélation. Il n’a pas remporté les deux dernières séries à lui seul. Ça non! Mais il a été tellement solide que jamais la direction des Penguins n’a songé à redonner le filet à Marc-André Fleury.

Tout un compliment pour le gardien recrue. Un gardien qui est en train d’imiter un certain Ken Dryden qui a pris le Canadien et la LNH par surprise au printemps 1971 en guidant le Tricolore jusqu’à la coupe Stanley. Je ne vous dis pas que Murray remportera le Conn-Smythe cette année et le Calder la saison prochaine - un exploit que seul Dryden a réalisé dans l’histoire - mais je ne vois pas comment les Penguins pourraient le sortir du filet.

On le laisse là tant qu’il n’aura pas de mauvais match. Si cela arrive, Fleury débarquera en renfort avec non seulement la motivation de faire gagner son club, mais aussi celle de reprendre son poste en vue de la saison prochaine et des autres qui viendront.

Ce qui n’est pas acquis…

Prédiction : Pittsburgh en 6

Sharks-Blues

Si je me suis fait royalement avoir avec mes prédictions dans l’Est, je me suis repris dans l’Ouest avec les victoires des Sharks et des Blues. Mais bien honnêtement, j’ai eu chaud. Car jamais au grand jamais je ne croyais que l’une ou l’autre de ces séries contre Dallas et Nashville se rendrait à la limite des sept matchs.

Mais la finale de l’Ouest qui commencera dimanche à Saint Louis pourrait bien se rendre à la limite. Et plus. J’ai l’impression qu’il faudra bien plus de 21 périodes pour déterminer qui des Sharks ou des Blues croiseront les Penguins en grande finale.

Remarquez qu’un club pourrait gagner en quatre parties qui se décideraient toutes en prolongation que la série serait tout autant serrée. Mais bon!

Cette finale de l’Ouest pourrait s’intituler : la finale de la rédemption.

Car tout comme les Blues au fil des dernières années, les Sharks ont multiplié les déceptions une fois les séries arrivées. Ces deux clubs et leurs joueurs vedettes, du moins certains, se sont retrouvés avec un tatouage de perdant dessiné dans leur dos. Je pense ici surtout à Joe Thornton.

Et bien voilà l’occasion rêvée pour Jumbo Joe de passer un coup de laser sur ce tatouage afin de le faire disparaître.

J’aime tout de ces deux équipes. La vitesse, le talent, la robustesse, l’abnégation, la capacité de marquer des buts tout en respectant un système, la qualité des défenseurs, le franc-parler des joueurs et des entraîneurs avant, après et entre les matchs, les partisans enthousiastes des deux camps.

Tout.

Mais voilà, il n’y aura qu’un gagnant.

Pour une raison que j’ignore - le cœur a ses raisons que la raison ne comprend pas toujours - j’ai balayé du revers de la main le fait que la Lightning était 3-0 contre les Penguins en saison régulière lorsque j’ai fait ma prédiction favorisant Pittsburgh.

Mais voilà, j’ai tendance à accorder de l’importance au fait que les Sharks ont terminé la saison 2-1 face aux Blues.

Cette série est tellement serrée et elle le sera tellement, que je m’accroche simplement à ça et au fait que je veux voir Joe Thornton en finale de la coupe Stanley pour favoriser les Sharks.

Comme toujours - et des fois c’est mieux ainsi - vous n’êtes pas obligés d’être d’accord.

Prédiction : Sharks en 7