Zdeno Chara n’est pas le joueur le plus populaire à Montréal.

Facile à comprendre. On se rappelle tous de sa mise en échec sur Max Pacioretty le 8 mars 2011. C’est le genre d’événement où vous vous rappelez sans doute où vous étiez lorsque l’incident est survenu. J’étais en Afghanistan avec des anciens de la LNH pour animer L’Antichambre aux soldats québécois. Nous regardions le match en direct. La colère envers le joueur des Bruins et l’inquiétude quant au sort de l’attaquant du CH étaient palpable dans la salle. Pourtant, les soldats ont vu bien pire au cours de leur carrière...

Chara devenait alors un joueur marqué. Très peu de partisans du Canadien lui ont pardonné ce geste. Puis plus récemment, le 12 février dernier, dans une version moins dramatique, son double-échec à la gorge de Brendan Gallagher a encore une fois fait beaucoup jaser. Le capitaine des Bruins est un joueur intense, robuste, qui aime se servir de ses 6 pieds 9 pouces et 250 livres pour punir l’adversaire. Je vais toutefois vous avouer une chose, depuis que je suis appelé à couvrir les séries de la LNH, que le Canadien y participe ou non, j’ai appris à apprécier le vétéran défenseur, un homme intéressant et cultivé.

Natif de l’ancienne Tchécoslovaquie du régime communiste, Chara a commencé à regarder des matchs de la LNH en 1990, lui qui a été repêché en 3e ronde par les Islanders 6 ans plus tard. Outre sa langue maternelle, il a appris au cours des années à parler 7 langues : le tchèque, le russe, l’anglais, l’allemand, le suédois et le polonais. 

Autre truc intéressant. Il est un adepte du vélo. Un fanatique même! Alors que la grande majorité des joueurs de la LNH arrivent à l’arena au volant de leurs rutilantes voitures, Chara arrive au TD Garden à vélo. C’est son père qui lui a fait découvrir ce sport, étant l’entraîneur de l’équipe cycliste de la Slovaquie. Comme entraînement estival, le défenseur des Bruins s’amusent d’ailleurs à parcourir entre 5 et 7 étapes du Tour de France, dans les Alpes ou les Pyrénées! Comme ça! Une petite randonnée quoi.

Lorsque les joueurs se blessent sérieusement, ils passent beaucoup de temps en réadaptation et au repos. Lorsqu’il s’est déchiré un ligament au genou gauche en octobre 2014, Chara a fait exactement ça... tout en étudiant et décrochant un permis d’agent d’immeuble! 

Il est aussi toujours très disponible auprès des journalistes, même si parfois il peut perdre patience.

Mon collègue Luc Gélinas raconte : « L’an passé, j’ai eu la chance de couvrir les Bruins pour les quatre rondes des séries. Pour la première fois de ma carrière je devais travailler avec une caméra (iPhone X). J’occupais donc les doubles fonctions de cameraman et journaliste. J’avais un peu de difficulté au début à accomplir les deux tâches. Je devais faire une entrevue avec Patrice Bergeron mais pour me pratiquer avant, je suis allé devant Zdeno Chara qui était moins occupé et discutait avec quelques journalistes de Boston. J’entre dans l’attroupement et je regarde ma caméra pour m’assurer que le cadrage est bon mais ce faisant, mon micro dévie et bang!, frappe Chara en plein sur la gueule! Pas content le géant des Bruins, il me lâche un gros 'Hey!'. Tu sais, comme dans la pub du lutteur qui dit à Patrick Groulx ‘Touche pas à ça’? » précise Luc en riant. 

Il poursuit : « J’étais tellement gêné que je suis sorti du regroupement, j’ai attendu et je suis retourné le voir pour m’excuser en lui expliquant que la double fonction était nouvelle pour moi et que j’avais bien du mal à tout maîtriser! Il a éclaté de rire en me faisant un gros câlin et en en disant qu’il n’y avait rien de grave! »

Pourquoi je vous raconte ces anecdotes? Car Chara faisait partie de la vidéoconférence de la LNH lundi et qu’il a de loin été le plus divertissant. Il a d’abord expliqué que c’est pour avoir plus d’options d’entraînement qu’il avait déménagé sa petite famille à leur maison en Floride pour la pandémie, le jour de son 43e anniversaire de naissance le 18 mars dernier. « Je fais beaucoup de vélo, j’ai accès à la piscine, je vais courir, je lève des poids, je me tiens en forme! » a précisé l’athlète de 43 ans.

Lorsqu’on lui a demandé à quel point la pause était frustrante considérant le fait que les Bruins étaient au sommet « On ne peut pas contrôler ça. En ce moment, ce n’est pas important. Il faut s’occuper de nos familles. Le hockey est secondaire. Il n’y a pas de situation parfaite. En espérant que le hockey revienne mais on verra. »

Mais c’est lorsqu’on lui a demandé avec quel coéquipier il n’aimerait pas se retrouver en quarantaine qu’il a surpris tout le monde! Il n’a pas hésité une seconde : « Tuukka Rask!!! Il a des flatulences terribles! Il aime les ailes de poulets, ça ne lui fait pas et je dois m’asseoir derrière lui dans l’autobus! C’est épouvantable! Je dois me contrôler parfois! » a-t-il avoué en éclatant de rire! Avouez chers partisans du Canadien, même si vous n’avez pas Zdeno Chara en odeur de sainteté, il demeure quand même un personnage intéressant!