Après trois ans d'attente, Saint-Hyacinthe aura enfin son tournoi national de hockey
SAINT-HYACINTHE, Qc - Beaucoup d'eau a coulé de la rivière Yamaska, qui sillonne la ville de Saint-Hyacinthe, depuis que des Maskoutains passionnés de sports ont entamé des démarches, à l'automne de 2017, pour attirer dans leur ville un tournoi national de hockey midget qui s'appelait alors la Coupe Telus. L'aboutissement de leurs efforts arrivera lundi.
Du 24 au 30 avril, le stade Louis-Philippe-Gaucher vivra au rythme du Championnat national masculin M18. Six équipes y participeront, en provenance de cinq grandes régions du pays.
Le Québec comptera deux clubs, soit les Gaulois de Saint-Hyacinthe, dont la présence était assurée à titre d'équipe-hôtesse, et le Blizzard du Séminaire Saint-François, de la région de Québec.
Le Blizzard a mérité son billet en vertu de sa participation à la grande finale de la Ligue M18 AAA, qu'elle a cependant perdue 5-2 aux mains des Gaulois le 9 avril dernier.
Le tournoi est exigeant. Les six équipes joueront tous les jours lors du volet préliminaire, du 24 au 28 avril. Les quatre demi-finalistes auront disputé sept parties en autant de jours à la fin de la compétition.
À quelques jours du début des hostilités, les membres du comité organisateur ont hâte à la première mise en jeu, lundi sur le coup de midi.
Il faut les comprendre; ça fait environ trois ans qu'ils l'attendent. Car ce tournoi devait avoir lieu à la même période de l'année... en 2020, et les Gaulois devaient aussi y participer à titre de club-hôte.
« Le 9 mars 2020, on était prêt. C'était la conférence de presse finale. Le tournoi devait commencer le 20 avril. Notre financement était en place. Nous avions tous nos commanditaires. Nous avions plus de 200 bénévoles. Le seul point d'interrogation, pour nous, c'étaient les performances qu'allait livrer notre équipe », relate Jean Bédard, qui, à l'époque, était président des Gaulois et aussi du comité organisateur du tournoi, deux positions qu'il occupe toujours aujourd'hui.
Bédard et ses acolytes n'étaient toutefois pas préparés pour une catastrophe sanitaire qui allait forcer l'interruption des manifestations sportives et culturelles, pour une période alors indéterminée, partout sur la planète.
La COVID-19 s'est officiellement installée dans le paysage nord-américain quelque 48 heures après la conférence de presse. Le 12 mars, Hockey Canada annulait tous ses tournois nationaux, dont la Coupe Telus, jusqu'à nouvel ordre.
Les développements liés au coronavirus ont forcé Bédard à orienter ses pensées et ses actions vers la gestion des restaurants dont il est propriétaire.
« Honnêtement, j'ai été presque un an et demi sans penser à ça une seconde », raconte Bédard en parlant de la Coupe Telus.
« J'ai été pris dans le `feu' des restaurants. C'est sûr que la Coupe Telus, c'était comme le dernier de mes soucis », admet-il.
« Moi, j'avais du temps pour y penser », renchérit sans malice Jean-Claude Ladouceur, directeur général du comité organisateur et acolyte de longue date de Bédard.
« Les premiers jours, c'était comme, ouais? Après ça, j'ai fait une petite dépression », avoue-t-il.
« Il est tombé bas », corrobore Bédard.
« On était `high'. Tu ne vis pas l'événement alors que tu as tout fait ce travail pendant trois ans. On était prêt. Tout le monde », ajoute Ladouceur pour décrire toute la déception qui l'a habité.
Deuxième chance
Également annulée en 2021 à cause de la pandémie, la Coupe Telus a repris vie avec un tournoi tenu à Okotoks, en Alberta, en mai 2022.
Au même moment, Hockey Canada annonçait que la ville de Saint-Hyacinthe accueillerait l'événement en avril 2023.
Bédard et Ladouceur ont relancé la machine. L'exercice n'a pas été simple.
D'abord, les organisateurs ont vite réalisé que le portrait financier de l'événement ne serait pas le même qu'en 2020.
« On a à peu près 75 000$ de plus de dépenses en hébergement, en repas et en transport », fait remarquer Bédard.
« Ces 75 000$ reposent beaucoup plus sur les entrées à l'aréna. Il faut qu'il y ait du monde dans l'aréna pour boucler notre budget. »
L'autre besogne de Bédard et de Ladouceur était de ramener les bénévoles dans le giron. La plupart sont revenus, mais certains occupant des postes-clé ont choisi de passer leur tour.
« Repartir tout ça, c'était lourd pour certains », souligne Ladouceur.
Certains aspects militaient cependant en faveur du comité organisateur.
D'abord, les importants travaux d'amélioration en cours au stade L.-P.-Gaucher, une enceinte inaugurée en 1938.
Il y avait aussi la présence assurée d'une équipe-hôtesse de qualité composée d'un certain nombre de patineurs locaux et, enfin, le besoin de tenir un événement rassembleur dans la ville, selon Simon Desautels, conseiller pédagogique avec les Gaulois et directeur des opérations hockey de l'événement.
« Depuis les Jeux du Québec d'hiver 2005, il n'y avait rien eu à Saint-Hyacinthe. Aussi, on savait qu'on aurait une bonne équipe et une locomotive en Caleb (Desnoyers) », précise Desautels, en parlant d'un joueur de centre de 16 ans qui est l'un des plus beaux espoirs en vue du prochain repêchage de la LHJMQ.
« L'aréna est un autre aspect positif. Les vestiaires ont été changés, les bandes et les baies vitrées ont été changées, le système de son, l'éclairage. L'aréna est en meilleur état. Après le tournoi, on va léguer quelque chose à la Ville », ajoute Desautels.
« Surtout, on voulait faire le tournoi pour les jeunes », lancent, à l'unisson, les trois membres du comité organisateur.
Après toutes ces péripéties, le tournoi va avoir lieu sous la présidence d'honneur de Bruno Gervais, un ancien Gaulois et défenseur de la LNH, aujourd'hui analyste à RDS.
C'est un rôle qu'il avait accepté avec plaisir en vue de 2020 et qu'il est heureux de remplir trois ans plus tard.
« Quand on me l'a demandé, je n'ai même pas hésité, parce que les Gaulois me tiennent à coeur et parce que l'organisation du tournoi compte sur des gens de qualité », souligne Gervais.
« Jean-Claude Ladouceur, c'est le Wayne Gretzky de la création d'un événement. Il rend tout le monde autour de lui meilleur. Jean Bédard, c'est un Eric Lindros, c'est un Scott Stevens. Lorsqu'il a un problème à régler, il arrive, il fonce et il règle ça! Et l'équipe de bénévoles est extraordinaire. »