C'est par ces quelques mots simples, répétés plusieurs fois par jour, que Jean-Philippe, Alexandre, Gabriel et Marc-Olivier reconnaissent les bienfaits de celle qui les héberge pendant la saison de hockey, avec les Draveurs de Crabtree.

Je devrais dire celles ! Car c'est avec l'accord et l'aide de sa fille Julie que madame Malo a accepté encore cette année de prendre en pension des joueurs de hockey qui évoluent pour l'équipe midget AAA de leur localité. Ces joueurs proviennent de villes éloignées et pour éviter des déplacements onéreux et épuisants, qui prolongeraient de façon abusive leur journée déjà bien remplie, ils ont choisi de demeurer sur place, dans des familles qui les accueillent avec chaleur et attentions.

Pierrette Malo et sa fille Julie vivent l'expérience pour une deuxième année de suite. Elles ont accepté d'héberger chez elles, 4 jeunes joueurs âgés de 15 et 16 ans. On imagine difficilement tout ce que cela peut représenter. Du jour au lendemain, se retrouver avec 4 adolescents, actifs, sémillants, en pleine croissance qui rentrent affamés d'une pratique épuisante, après une journée d'école, après s'être levé à 5h30 du matin pour prendre l'autobus à 6h20. Voilà à quoi ressemble le nouveau mode de vie chez les Malo, depuis septembre dernier.

Et elles sont heureuses

Et elles sont heureuses avec ces jeunes hommes dans la maison. La trop grande maison qu'était devenue leur demeure, depuis qu'elles s'étaient retrouvées toutes seules, après la mort d'un mari et le départ d'un frère. « C'est un peu comme faire revivre la famille », raconte Mme Malo. « J'aime les attendre à la fin de la journée, j'aime leur préparer un bon repas, j'aime la vie qu'ils ramènent à la maison. Quatre c'est beaucoup, mais je suis certaine que c'est mieux pour eux. Ils se serrent les coudes et s'apprécient comme des frères. »

Ces jeunes sont très soucieux de leur alimentation et se prêtent volontiers à la commande hebdomadaire afin de choisir les choses qui correspondent à leur style de vie et à leur développement. Mme Malo soutient qu'il faut respecter leur autonomie et accepter qu'ils animent les soupers quotidiens, d'une nouvelle énergie bienfaisante. Elle reconnaît qu'il faut de prime abord aimer les jeunes, aimer ce qu'ils ont de neuf à nous apporter et essayer de recréer autour d'eux, la famille dont ils s'ennuient, de toute évidence. Car ces jeunes, bien qu'ils pratiquent leur sport préféré dans des conditions presque idéales, aimeraient sûrement être plus près de leurs parents afin de partager avec eux, leur expérience au quotidien.

Le tandem mère et fille Malo assiste à toutes les joutes locales des Draveurs et il n'est pas rare de les voir encourager avec ardeur leurs joueurs préférés. Elles ont toujours de bonnes raisons pour excuser une défaite qui viendra dévaster les gars à leur retour à la maison. Elles profitent des joutes locales pour rencontrer les parents et échanger avec eux sur la situation de ces fils qu'ils partagent au cours de la saison de hockey. « On s'attache à ces jeunes. On s'y habitue très vite et on les aime », de dire Mme Malo. « Ils sont polis, à leurs places et tellement serviables. Ils deviennent lentement mes p'tits gars », ajoute-t-elle avec un sourire presque maternel.

Et ils sont heureux

Chacun bénéficie de sa chambre, à la résidence Malo. On y retrouve à la disposition des jeunes hockeyeurs une salle de jeu et une salle de travail pour les devoirs et les lectures plus sérieuses. C'est la première fois qu'ils quittent le foyer familial, qu'ils s'éloignent des repères habituels et c'est évident qu'ils s'ennuient de ceux qu'ils aiment. Jean-Philippe, Alexandre, Gabriel et Marc-Olivier sont courtois, respectueux, ouverts et très disciplinés. Le soir où je les ai rencontrés, au moment de mon départ vers 20h15, ils m'ont expliqué qu'ils se préparaient pour la collation du soir et qu'ensuite ils montaient se coucher, pour être en forme le lendemain. Un jeune de 16 ans qui se couche à 20h30, par souci de bien-être, faut le faire !

Les lendemains sont faits de journées astreignantes, remplies de travaux exigés par les professeurs où les résultats scolaires sont liés directement à la pratique du hockey, puisque la réussite combinée est essentielle à la poursuite de leur rêve : celui de devenir un joueur de hockey professionnel. Et pour ce faire, il faut se présenter à l'entraînement de 15h30, s'y révéler en forme tous les jours, car l'entraîneur est exigeant et n'accepte pas les demi-mesures.

On en est déjà là, à ce niveau, car voyez vous les joueurs de hockey que vous verrez demain, sur votre écran de télévision HD, passent nécessairement par un circuit tel la Ligue de développement midget AAA du Québec. Après l'éreintante pratique, les jeunes attendent Julie, qui viendra les chercher à l'entrée de l'aréna, pour les ramener à la maison où un bon souper les attend, dans la chaleur d'une maison qui pour quelques mois, sera leur maison avec tout le confort d'une seconde famille.

Il faut que ces jeunes soient vraiment dédiés à leur rêve, car malgré le fait qu'ils soient bien entourés, c'est beaucoup plus contraignant, vu de l'intérieur. Les journées sont bien remplies et programmées au quart de tour, et les places sont limitées. Alors, le jeune se doit de réussir. Réussir ses études, réussir son sport, réussir à apprendre à doser ses énergies, pour atteindre les objectifs qu'il s'est fixés, afin que tous ceux qui croient en lui : ses parents, ses professeurs, ses instructeurs, ses amis, soient fiers de ce qu'il est et surtout de ce qu'il deviendra.

Il est à espérer qu‘il devienne ce joueur de hockey qui meuble ses rêves, mais il est encore plus à souhaiter qu'après tous ces efforts et toute cette détermination à réussir, il devienne tout simplement, un homme.

Mme Malo, vous pouvez être fière de ce que vous apportez à ces jeunes. Ils vous en sont très reconnaissants. Les gens de l'organisation sont redevables de tout ce que vous faites pour eux et ils vous considèrent comme partie prenante de la belle et grande famille des Draveurs de Crabtree.

Merci Madame Malo !

Collaboration spéciale de Raymond Gauthier, les Draveurs de Crabtree