La pression augmente dans le conflit qui afflige la LNH et, simultanément, la mienne aussi. Non pas à cause de la médiation qui commence sans grande promesse ou par le fait que les joueurs viennent tout juste de réaliser qu'ils ne font que négocier contre eux-mêmes. Non. Ma pression interne augmente à cause des opportunistes qui profitent d'un arrêt de travail injustifiable pour traîner dans la boue un sport qui m'a façonné. Et je hais les opportunistes.

J'en ai aussi contre les arrivistes qui s'invitent sans carton à un faux débat sur les valeurs du sport. Les exemples de débordements dans le sport amateur ne manquent pas dans l'actualité dernièrement, je l'avoue. Entraîneur adulte qui frappe un jeune hockeyeur du poing, jeune joueur de soccer qui gardera des séquelles d'un geste inacceptable, bref autant de comportements que je dénonce vivement tout comme le font les démagogues qui les utilisent malheureusement comme capital de sympathie.

Mon bémol je l'insère à la suite de l'énoncé des faits. Et si nous, les passionnés de sport, en adultes responsables dignes de ce nom, nous nous servions de ces situations pour en tirer les leçons de vie nécessaires et pour véhiculer, par le fait même, les vraies valeurs que procure le monde sportif. Ce n'est pas utopique, mais ça demande des efforts de se tenir droit dans l'adversité, parfois avec un œil au beurre noir, pour défendre ce qui a été sali.

Les histoires qui ne défrayeront jamais la manchette sont pourtant celles qui resteront gravées à jamais dans la mémoire des athlètes. J'arrive tout juste d'un tournoi de hockey mineur à Lac-Etchemin avec notre garçon le plus vieux. Ce tournoi pee-wee est une copie conforme de centaines de tournois et festivals qui se déroulent chaque année au hockey mineur, mais aussi au baseball, au soccer, au tennis. Un événement sans prétention, mais bien rodé par des bénévoles au grand coeur qui recevront des formules de politesse des petits participants en guise de chèque de paie. Un tournoi qui a été marqué pour son équipe d'une première victoire en tirs de barrage à vie pour nombre de ses amis. Marqué aussi d'une défaite crève-cœur en quart de finale tard samedi soir. À travers les joies et les larmes de la fin de semaine, on ne parlera pas en boucle dans les médias des arbitres qui ont fait leur travail, des parents qui chantaient dans les estrades pour encourager leurs enfants, de l'équipe gagnante du tournoi qui n'avait qu'une mince victoire jusque-là en saison régulière. Aux oubliettes pour les rabat-joies les discours d'avant-match, les bons temps en équipe, les succès auxquels on ne croyait plus et les déceptions qui nous arrivent sans qu'on s'y attende, mais qui font partie de la vie. Mais pas pour les jeunes, ça non. Je me souviens de chacun des tournois auxquels j'ai participé et j'ai toujours un sourire en coin quand j'y pense.

J'ai deux garçons qui jouent au hockey mineur et qui ont fait partie d'équipes de baseball, de soccer et de golf. J'ai fait du sport toute ma vie. J'ai des amis, ma femme et mes garçons aussi, qui sont toujours impliqués dans le sport organisé. Pour chaque fois qu'une situation regrettable s'est présentée dans le cadre d'une compétition; je connais un nombre exponentiel d'anecdotes constructives. Et ceux qui accrochent sur le négativisme de la chose ont perdu une splendide occasion de mettre en valeur les vraies vertus du sport, ou de se la fermer