La médaille d'or gagnée aux Championnats canadiens, européens et américains de ski nautique, en 1958 et 1959, devait permettre à Marc Cloutier, né à Ste-Agathe le 6 juillet 1934, d'atteindre, contre toute attente, des sommets inespérés dans le monde du sport professionnel. Non comme joueur, on s'entend là dessus. Mais comme administrateur? YOU BET.

En effet, il a été…

-Directeur des relations publiques pour le club de hockey Canadien de 1965 à 69.

-Directeur des opérations pour les Expos de Montréal de l969 à 1976.
-Gérant du Stade olympique en 1976 pour la présentation des Jeux à Montréal et ce pour le compte de la Régie des Installations olympiques (RIO).
-Directeur des opérations pour les Jets de Winnipeg dans l'Association mondiale (AMH) et ensuite la Ligue nationale de 1979 à 1981.
-Directeur du marketing des Championnats mondiaux de hockey junior en 1981-82.
-Et directeur de la mise en marché de la Ligue nationale, élu par les directeurs de marketing des 21 clubs de la Ligue à l'époque.

De plus, en 1967, il a été prêté à "Expo 67" par le Canadien, afin de s'occuper de spectacles à "La Ronde" où lui et sa troupe ont donné 748 spectacles de ski nautique devant environ cinq millions de personnes au cours de l'année. Sa plus grande satisfaction remonte à ses années de jeunesse à Cypress Gardens, en Floride, où ses exploits en ski nautique se sont avérés un tremplin pour atteindre des sommets inespérés dans le sport professionnel par la suite. "C'est ce qui m'a ouvert la porte" de dire le p'tit gars des Pays-d'en-Haut. "Ma plus grande déception" ajoute-t-il "est survenue en 1977 lorsque j'ai décidé de quitter mon poste de gérant du Stade olympique, ne pouvant plus tolérer l'obstruction systématique des fonctionnaires du nouveau gouvernement provincial, soit le parti Québecois, dans l'exécution de mon travail."

Satisfaction du devoir accompli


C'est avec la satisfaction du devoir accompli que l'ancien maire de Ste-Agathe (l986-90 ) parle de l'admission des quatre équipes de l'AMH dans la Ligue nationale, soit Hartford, Edmonton, Winnipeg et Québec, en 1981. Marc a joué un rôle primordial dans la réalisation --jugée irréalisable-- d'un tel projet. Notamment à cause du refus automatique de la LNH.

"Notre demande d'adhésion à la Ligue nationale avait été rejetée lors d'un premier vote. C'est alors que j'ai eu une idée ingénieuse. Tenter de mettre sur pied une ligue internationale basée sur un calendrier mixte avec les meilleures équipes européennes. Le projet allait bon train et semblait sur le point de devenir réalité, à force de travail et de persévérance, quand les gouverneurs ont changé d'idée et nous ont finalement acceptées dans leurs rangs" de rappeler Marc, encore bien content de son coup quelques 30 ans plus tard.

"Aujourd'hui, je me réjouis de penser que notre idée d'un calendrier mixte avec les clubs européens est plus vivante que jamais et pourrait devenir réalité dans un avenir prochain. Peut-être d'ici cinq ans. Pour être plus précis, après le départ de Gary Bettman, l'un des pires présidents de la LNH. Un homme de basketball, sans vision pour le hockey et qui ne pense que USA. C'est à la suite de son départ que Québec, l'une des meilleures villes de hockey en Amérique, retrouvera sa place dans la LNH. Je pourrais parier que le futur amphithéâtre des nouveaux Nordiques sera bondé tout comme le Centre Bell, si naturellement la direction du club a les reins solides et s'entoure de gens de hockey sérieux, travaillants et compétents" d'affirmer Marc.

"Qui pourrait succéder à Bettman, Marc?

"Je ne suis pas dans le secret des Dieu, Jaypee. J'ai le pressentiment, cependant, que Glen Sather, directeur général des Rangers, un Canadien qui connait le hockey sur le bout de ses doigts et qui a fait ses preuves à Edmonton, serait un choix populaire chez les gouverneurs de la Ligue. Les jours de Sather à New York sont comptés. Il a fait son temps avec les Rangers. Ce serait un nouveau défi pour Sather, indépendant de fortune et qui protégerait les intérêts du hockey au Canada. Il y a de la place pour Hamilton, Winnipeg et Québec dans la grande ligue. L'avenir devrait me donner raison. On verra bien", dit-il.
Hommage à la famille Molson

Marc Cloutier a une grande admiration pour la famille Molson et se réjouit qu'elle soit de retour comme propriétaire du club. "Quand le groupe de Serge Savard s'est retiré de la course pour ne pas compétitionner contre les Molson, j'ai réalisé en deux temps trois mouvements que l'affaire était dans le sac pour la famille. D'ailleurs, Molson détenait déjà 20% des actions de l'équipe. Je n'ai rien contre les autres prétendants, mais c'était logique que les Molson soient les heureux élus.

"Je tiens à faire remarquer que Molson a été le principal commanditaire à la télévision de tous les clubs de hockey au Canada au fil des ans, sauf les Nordiques associés à l'époque à O'Keefe. De plus, dans les démarches pour que les quatre clubs de la AMH accèdent à la Ligue nationale, j'avais communiqué avec Morgan McCammon, alors président de Molson Canada, pour qu'il supplie le Sénateur Molson de voter en faveur du projet. Cette démarche a porté fruits", de révéler Marc.

En parlant du hockey d'aujourd'hui, Marc, comme bien du monde, constate que les temps ont changé. "Ce n'est pas pareil. L'argent mène tout. Les joueurs jouent pour leur salaire et se foutent du reste. Il n'y a plus d'esprit d'appartenance. L'esprit de famille ou l'esprit d'équipe n'existent plus. Chacun joue pour soi. Pour son salaire. Le rôle de capitaine dans le contexte actuel est révolu. Impossible. Trop de monde. Les Nations unies. Certains ne parlent ni français ni anglais. Ayoye!"

Marc ne regrette rien. "J'ai eu du plaisir. Du bon temps. J'ai rencontré des gens intéressants. Du bon monde. Aux Expos, j'ai eu un "thrill" de remplir les gradins, surtout au parc Jarry, avec un club perdant. J'étais bien entouré. Nos idées de promotion étaient révélatrices. Un jour j'ai suggéré à John McHale de faire une soirée de la tuque, il pensait qu'on était tombé sur la tête. Une soirée de la tuque au baseball? Rien n'empêche que ce fût une réussite magistrale. Et le monde se promenait avec la tuque des Expos tout l'hiver. Mais McHale n'aimait pas les Canadien-français. On n'a jamais eu de chance.

Cloutier prend les choses aisément dans les Laurentides avec son épouse Maurine et ses trois enfants, Mathieu, 49 ans, Paul, 46, et Jocelyne, 43. Les temps ont changé, dit-il. Mais un certain soir, je l'ai surpris à regarder à la télévision un match hors-concours entre le Canadien et les Bruins en provenance du Colisée de Québec. Chassez le naturel, il revient au galop.

Au début de novembre, huit nouveaux membres seront intronisés au Panthéon des sports du Québec, dont Mad Dog Vachon. Je ne dis pas que Mad Dog et les autres heureux élus n'ont pas d'affaires là. Je crois tout simplement que Marc Cloutier a été oublié. "À la prochaine fois", comme disait René Lévesque.