L'ancien gardien en moi ne peut que s'insurger à la suite de la décision de Brendan Shanahan de ne pas imposer de suspension à Milan Lucic pour son coup d'épaule à l'endroit du gardien des Sabres de Buffalo, Ryan Miller. Je ne suis pas de ceux qui croient au complot favorisant toujours les joueurs des Bruins, alors revenons sur les faits.

Le règlement est clair : un joueur doit faire tous les efforts nécessaires afin d'éviter tout contact avec le gardien adverse, qu'il soit ou non dans son demi-cercle. Si tel est le cas, l'arbitre peut tolérer un contact accidentel. Lucic n'a fait aucun effort pour éviter Miller. L'attaquant des Bruins savait, aussi, qu'il n'avait aucune chance de prendre possession de la rondelle et il s'est préparé à entrer en contact avec le gardien.

Il est vrai que l'attaquant des Bruins n'a pas ciblé la tête de Miller. Il ne l'a pas frappé de son bâton ou avec le coude non plus. Mais là n'est pas le point. Étant en connaissance de cause, Miller ne pouvait s'attendre à être frappé par Lucic.

Comme gardien, nous savons qu'il y a un risque à s'aventurer loin de notre filet pour récupérer une rondelle libre. Nous sommes conscients qu'il peut y avoir un contact violent et accidentel. C'est un risque calculé que nous sommes prêts à prendre pour le bien de l'équipe afin d'empêcher une chance de marquer directe de l'adversaire. Nous ne pouvons, toutefois, savoir que notre opposant « complétera » sa mise en échec.

Si l'équipement du cerbère est conçu pour parer des tirs à plus de cent miles à l'heure, il n'est pas adéquat pour protéger des charges de joueurs arrivant à toute vitesse. Idem pour le masque qui protège davantage le visage d'un impact que le cerveau d'un contact.

Finalement, mon collègue Vincent Damphousse apportait un excellent argument vis-à-vis l'évolution vers l'élimination des bagarres. Si la LNH, par l'entremise de son préfet de discipline et de son comité de protection des athlètes, ne sévit pas plus sévèrement que par une punition mineure pour un geste semblable, alors c'est une invitation à régler ses comptes sur la patinoire. Et comme, aucun des patineurs des Sabres ne semblait enclin à jeter les gants contre Lucic, il y a possiblement une porte ouverte à un geste disgracieux qui ternirait, un peu plus, l'image du sport.

Il sera maintenant intéressant de voir quel niveau d'intérêt la protection des gardiens de but suscitera lors de la réunion des directeurs généraux.

Supériorité numérique?

Les insuccès des Canadiens avec l'avantage d'un joueur ont été soulignés par plusieurs. À la suite du match contre Buffalo, leur pourcentage de réussite arrive au 26e rang de la LNH.

S'il est vrai qu'un manque de personnel efficace affecte l'efficacité de l'attaque massive, je crois que ce dont le CH a le plus besoin c'est d'une identité. Lorsque l'on se retrouve à court d'effectifs, les athlètes apprécient le confort de certains automatismes. Ainsi, en manque flagrant d'un quart-arrière, au lieu d'improviser les entrées de territoires, l'assignation de tâches claires de récupération de rondelle mènera à un temps de possession accru en zone offensive. Si Jacques Martin veut obtenir plus de tirs du point d'appui, alors il faudra travailler plus systématiquement près de la ligne des buts afin de libérer les lignes de tirs pour Subban et Weber à la ligne bleue.

Je n'ai pas marqué de buts en avantage numérique, mais je me rappelle très bien des unités qui m'ont donné le plus de fil à retordre...