Équipe Canada junior devra oublier ce qui s’est passé dans la ronde préliminaire pour la suite du Championnat mondial car elle n’a vraiment rien montré de positif. Elle a perdu contre deux bonnes équipes (Suède et États-Unis), mais a gagné des points contre deux autres reléguées en quatrième et cinquième positions du groupe, ayant triomphé contre le Danemark avant d’échapper un point contre la Suisse. Elle n’a donc amassé que 5 points sur une possibilité de 12 et c’est assez représentatif de ses performances.

Le problème majeur réside dans le manque d’attaque. Outre les six buts qu’on a inscrits contre le Danemark, on n’en a produit que cinq face aux trois autres formations. Si on remonte à avant le tournoi, à l’émission Hockey 360, je disais justement que ça risquait d’être difficile pour l’attaque car elle est jeune et car les vétérans ne sont pas vraiment de vrais vétérans du fait qu’ils n’ont pas accumulé beaucoup de points l’année passée. Présentement, ça me donne un peu raison, car c’est cet aspect qui fait que le Canada se retrouve dans une position difficile. Ce n’est pas à cause des défenseurs, et on ne peut pas non plus mettre le blâme exclusivement sur les gardiens car ils ne marquent pas de buts. La chimie ne s'est pas matérialisée. Depuis les matchs préparatoires, l’entraîneur Dave Lowry ne fait que des tests constamment, il essaie de trouver des solutions pour générer plus d’action, mais ça ne fonctionne pas.

Suède 5 - Canada 2

Ceci étant dit, la ronde préliminaire est terminée et ÉCJ est quand même dans une situation où tout est possible. Il faudra exploiter cela au maximum dès la prochaine rencontre, car lors de celle-ci, elle affrontera une bonne équipe en la Finlande. C’est l’équipe locale et elle va profiter de l’appui de la foule. ÉCJ va aussi changer d’aréna et ce sera un changement d’atmosphère pour elle, qui n’aura tenu qu’une pratique sur cette glace, vendredi. Ce sera difficile, mais pas impossible puisqu'ils ont quand même une bonne équipe en général. Avec ce qu’ils ont dans les mains, ils sont capables de faire des dommages, mais voyons maintenant s’ils sauront se ressaisir après la ronde préliminaire. On aura l’occasion de le voir dès la première période du prochain match.

Contre la Finlande, j’aimerais voir ce que j’ai vu lors de la première période contre la Suède, soit du jeu un peu plus nord-américain. Pour ce faire, il faudra une meilleure implication. Tous n’ont pas de gros gabarits, mais on est capable de jouer selon ce style de jeu-là. Les Suédois sont un peu à l’image des Canadiens, c'est-à-dire qu’ils ont beaucoup copié leur style au fil des ans dans le développement de leurs joueurs de hockey. Ils aiment jouer nord-sud et il y a beaucoup d’implication physique, comme ils l'ont prouvé dans la dernière partie, mais ils le font tout en gardant une saveur européenne notamment dans leur façon de travailler en zone adverse, avec beaucoup de transfert de rondelles en parallèle. Ils utilisent beaucoup la largeur de la glace à leur avantage. Il faut savoir que du côté européen, les patinoires ont 93 pieds de large, soit 8 pieds de plus qu’au niveau des patinoires nord-américaines. Contrairement aux Canadiens, ils exploitent bien cet aspect, et les Finlandais sont un peu semblables à ce chapitre. C’est pourtant important de se servir de cet espace-là si on veut attaquer le territoire adverse. Autre point, je trouve qu’on ne joue pas assez notre style de jeu, parce que quand on le fait, et surtout à cinq contre cinq, on est capable de battre ces équipes-là. Cependant, quand on passe son temps au cachot, comme hier quand ÉCJ a cédé trois fois en désavantage numérique, ça nuit à l’équipe. Il va falloir être fidèle à notre style, sans toutefois écoper de telles punitions.

Autre qualité de la Suède, c'est qu'elle joue beaucoup plus en équipe que le Canada, qui semble manquer de motivation et chez qui il semble y avoir beaucoup de confusion, surtout au niveau des attaquants. Il n’y a pas non plus eu de méli-mélo au sein de l’effectif. Une blessure importante a frappé William Nylander dès l’ouverture, mais il a rapidement été remplacé. C’est là où il y a une grande différence. De ce que j’ai remarqué, surtout dans le groupe A avec les Suédois et les Américains, ce sont des équipes qui sont construites d'une façon bien précise. Ils ne sont pas en mode solution, ces équipes étaient déjà bien préparées et on savait bien qui allait jouer avec qui.

Il faudra se tourner vers les vétérans pour connaître du succès. Les meilleurs joueurs d'ÉCJ devront faire mieux, à commencer par Jake Virtanen, qui est le seul de la Ligue nationale qui n’a toujours pas de point et le seul de la LNH à être revenu une fois de plus au Mondial. Curtis Lazar a été prêté par les Sénateurs d’Ottawa lors de la dernière édition. Il avait marqué cinq buts, ÉCJ avait remporté tous ses matchs préliminaires et s’était rendue jusqu’à la médaille d’or. La Suède, elle, avait été invaincue lors de la phase préliminaire mais s’était finalement effondrée en demi-finale et avait perdu la médaille de bronze aux mains de la Slovaquie.

Il n’y a pas qu’un chemin vers la médaille d’or mais il va falloir se réveiller, et ce réveil passe par les Brayden Point, Jake Virtanen, Mitchell Marner… Je pense aussi que Dylan Strome est capable d’en donner encore plus. Avec Mathew Barzal, ce sont des gars qui doivent générer plus d’attaque, chose qu’on n’a pas vue depuis le début de la compétition.

À l’arrière, on n’a pas une brigade défensive qui relance l’attaque souvent, on a plutôt choisi des joueurs plus défensifs. J’avais au départ un peu critiqué le fait que Brandon Hickey avait été sélectionné à la place de Jérémy Lauzon, car ce dernier apporte à mon avis un peu plus d’attaque, mais en même temps, je ne peux pas dire que la défense est poreuse et qu’elle cause des problèmes. En attaque, quand tu n’as pas la rondelle et que tu ne menaces pas en territoire adverse, tu es forcé de te défendre davantage. On n’est pas capable de garder la rondelle en zone ennemie. Point positif, lors du dernier match, Joe Hicketts a fait son travail et a marqué un but. Lui et Thomas Chabot forment sûrement la meilleure paire de défenseurs et ils n’ont rien à se reprocher. C’est surtout en attaque que j’ai des attentes envers certains joueurs, qui ont été nommés plus haut.

Bref, les Suédois et les Américains seront très difficiles à battre. La Finlande est peut-être une équipe qui peut arriver à faire du dommage, mais ces deux-là ont montré qu’ils sont les deux puissances présentement dans ce tournoi. Je doute fortement qu’ils ne parviennent pas à rafler une médaille chacun. Les Suédois sont très puissants, sont bien préparés et bien organisés. Ils ont connu du succès en ronde préliminaire sans même William Nylander, et sans leur meilleur défenseur Gustav Forsling dans le premier match. À leur dernière sortie, ils ont reposé Joel Eriksson Ek, un de leurs bons éléments qui s'était blessé durant le tournoi, ainsi que le défenseur Jacob Larsson. Malgré cela, ils n’ont jamais été inquiétés hier.

Toutefois, on n’est jamais à l’abri d’une surprise en quart de finale ou en demi-finale, ça se joue un match à la fois. Il peut arriver n’importe quoi. Mais je n’ai pas aimé ce que j’ai vu du Canada, qui ne donne pas l’impression d’une équipe qui peut surprendre. Je crois qu’ÉCJ est en théorie assez forte pour battre la Finlande, mais est-ce qu’on sera capable de se regrouper assez rapidement pour réussir? C’est ce qu’on verra samedi.

Le match de quart de finale Canada-Finlande aura lieu demain, à 11 h, sur les ondes de RDS.

* Propos recueillis par Audrey Roy