Filip Mešár et le verre à moitié plein
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MONCTON - Filip Mešár finissait d'enrubanner son bâton près du vestiaire slovaque, au milieu d'une discussion avec deux compatriotes, mercredi matin, à Moncton.
Insatisfait de la performance de son pays la veille – une défaite de 5 à 2 contre la Finlande dans une rencontre du groupe B – Mešár était tout de même d'humeur farceuse, au terme d'une séance d'entraînement optionnelle à laquelle il a pris part.
Nommé adjoint au capitaine par l'entraîneur-chef Ivan Feneš pour cette deuxième participation au Championnat mondial de hockey junior, l'espoir des Canadiens sait bien que le type de leadership qu'il exerce après une défaite peut être contagieux, et ce, positivement ou négativement.
De toute façon, une seule conversation avec le Slovaque âgé de 18 ans – il fêtera son 19e anniversaire dans six jours – suffit à comprendre que pour lui, le verre à moitié plein est une constante.
Et même si certains de ses compagnons le dépassent d'une tête, Mešár est conscient de sa responsabilité de grand frère auprès de ses coéquipiers plus jeunes.
« Šimon [Nemec, le capitaine de l'équipe] et moi en avons parlé; nous voulons être des leaders au sein de cette équipe. Nous voulons que les gars sachent que s'ils ont besoin de quoi que ce soit, nous sommes là pour eux. »
Le CMJ n'est pas que la nouvelle étape d'une demi-année plutôt chargée pour Mešár depuis que le CH l'a réclamé en fin de première ronde, deux heures environ après que l'un de ses meilleurs amis, Juraj Slafkovský, ait été le tout premier choix du repêchage de la LNH, également par le Tricolore.
C'est aussi un moment charnière dans son objectif de s'élever au rang des meilleurs joueurs offensifs de son groupe d'âge.
« J'ai enchaîné les expériences durant le dernier mois, c'est certain. Du camp des recrues à celui du grand club, ensuite avec le Rocket de Laval, puis mon arrivée dans la Ligue de l'Ontario et récemment mon départ pour le Mondial junior. J'ai beaucoup appris de tout ce qui m'est arrivé jusqu'ici. »
Ayant connu un camp qui a ravi tant la haute direction que les partisans, Mešár était incertain de ce qui l'attendait. Il a cru pendant un temps que la LAH allait être sa destination, au même titre que son copain de longue date Nemec, envoyé à Utica par les Devils du New Jersey.
« Cet automne, les dirigeants des Canadiens parlaient beaucoup avec nous au sujet de la suite des choses. Après en avoir discuté, nous avons décidé que d'aller jouer dans l'OHL était la meilleure option. Je leur fais confiance, s'ils croient c'est la bonne route à prendre pour moi. »
Le joueur d'avant de 5 pieds 9 pouces a ainsi renoncé à une troisième saison au sein du Poprad HK, sa formation des deux dernières campagnes.
Cette option de retourner jouer en Europe avait d'ailleurs été écartée assez vite des avenues les plus sensées pour le 26e choix au total du dernier repêchage.
« Ils tenaient aussi à ce que je joue au Championnat mondial. Ils s'attendent à ce que je sois un des bons joueurs de mon club. Je suis conscient que c'est un tournoi important pour moi, et j'espère connaître du succès. »
Le constat découlant de la première partie disputée par Mešár au Centre Avenir n'est pas bien différent de celui du reste de ses coéquipiers : « Je suis capable de mieux, et nous sommes capables de mieux. »
Il faut dire que les Slovaques ne l'ont pas facile en début de tournoi. Ils affrontaient mardi des Finlandais en quête de rédemption après un gâchis lundi contre la Suisse, puis se mesurent aux États-Unis la journée suivante.
Après ces deux rendez-vous contre des puissances du groupe B, ils croiseront le fer avec les deux pays que l'on considère moins bien nantis qu'eux, soit la Lettonie et la Suisse.
Puissance ou pas, Mešár a envie d'offrir une prestation plus achevée mercredi contre les Américains.
« Je me sens plus confortable sur la glace que l'an dernier. Je pense avoir la confiance pour réaliser des jeux pour mon équipe, marquer des buts et obtenir ma part de points. »
Encore de la masse à prendre
S'il peut vous paraître plus solide sur patins qu'il ne l'était à sa participation à la compétition à 17 ans, lors de l'édition annulée à Edmonton, sachez que Mešár n'est pas encore tout à fait satisfait de la quantité de muscles qu'il veut ajouter à sa charpente.
« Je suis un peu plus lourd qu'à pareille date l'an dernier, a concédé celui que l'on répertorie à 168 lbs sur la page officielle des Rangers de Kitchener.
« Mais ce n'est toujours pas assez, a renchéri Mešár. Je dois encore prendre un peu de masse ».
Une entrée en matière de rêve a vu Mešár amasser quatre points dès sa première rencontre dans l'uniforme des Rangers, le 21 octobre.
Il a depuis disputé 16 autres matchs, et totalise 22 points, dont dix buts.
« Après ma première partie dans l'OHL, je pense avoir ralenti un peu le rythme. Mais dans les matchs avant le Mondial junior, je recommençais à produire plus. »
Lors de chacune des quatre dernières parties précédant son départ pour les Maritimes, il a obtenu deux points, inscrivant deux doublés au cours de cette séquence.
Au sein d'un trio des plus dynamiques avec l'espoir des Kings de Los Angeles Francesco Pinelli, Mešár sent que son jeu d'ensemble continue de progresser.
« Lui et moi, on s'est bien complétés dès mon arrivée. Je crois que les entraîneurs ont l'intention de nous utiliser ensemble toute l'année. Ils nous envoient sur glace dans plusieurs situations différentes », a-t-il souligné.
Équipe de milieu de peloton au classement de l'OHL, les Rangers présentent un style de jeu divertissant, mais pas au détriment de leur jeu défensif, alors qu'ils viennent au troisième rang du circuit Branch pour les buts alloués (95 en 28 rencontres).
« Je crois qu'il y a le potentiel pour faire quelque chose de bien (en éliminatoires). L'équipe vient de faire deux échanges. Nous avons acquis Francesco Arcuri, qui est un marqueur de 23 buts [en 29 matchs] avec Kingston.
Accueilli à bras ouverts à Kitchener
Si certains jeunes hockeyeurs qui traversent l'Atlantique pour évoluer au sein de la LCH connaissent des difficultés d'adaptation hors-glace, Mešár estime qu'il ne pourrait demander bien mieux.
« Je suis chanceux d'être tombé sur Kitchener. C'est une belle organisation qui est très serviable avec moi. Les gars me disent que c'est une des villes les plus agréables dans l'OHL. Je suis d'accord, c'est une très belle ville. »
« En plus, la famille qui m'héberge est vraiment super, alors je suis heureux », a-t-il confié.
À un point tel qu'il y a une légère hésitation de la part du sympathique athlète natif de Kežmarok lorsqu'on lui a demandé si Kitchener rivalisait ce que peut lui offrir Montréal.
« Ce sont deux belles villes. J'aime les deux. À Montréal, c'est un peu plus difficile pour l'instant lorsque l'on m'aborde en français », a-t-il reconnu.
De compter sur deux coéquipiers tchèques, Tomáš Hamara et Adam Židlický, n'a pas nui non plus à ce que Mešár évite d'être dépaysé, tandis que de rester en contact étroit avec Slafkovský lui permet de rêver au jour où ils seront réunis – c'est du moins son souhait – avec le grand no 20.
« Il m'appelle après chaque match des Canadiens. Lui et moi, on continue de se donner des nouvelles régulièrement », a-t-il confirmé.