Zachary Fucale ou Eric Comrie dans le filet d'ÉCJ?
Mondial Junior lundi, 15 déc. 2014. 18:07 mercredi, 11 déc. 2024. 06:49TORONTO – Il fallait être naïf pour croire que la décision des dirigeants d’Équipe Canada junior de confirmer l’identité de ses deux gardiens de but avant même le début de son camp final de sélection éloignerait toute forme de débat sur le sujet.
Zachary Fucale et Eric Comrie ont beau être à l’abri d’un évincement, ils peuvent bien nier qu’ils sont en compétition l’un contre l’autre, la lutte dans laquelle ils sont engagés bien malgré eux pour le poste convoité de numéro 1 est l’une des batailles à surveiller à dix jours du lancement du Championnat mondial.
« C’est à eux de jouer, confirmait l’entraîneur Benoît Groulx en fin de semaine. Ils font partie de l’équipe, mais en même temps ils doivent savoir qu’ils travaillent pour obtenir la même chose. On les considère comme deux grands compétiteurs et on s’attend à ce qu’ils travaillent avec acharnement pour garder chaque rondelle qu’ils voient à l’extérieur de leur filet. »
Si Groulx est sincère lorsqu’il prétend qu’aucun de ses deux cerbères ne part avec un préjugé favorable, si l’expérience acquise par Fucale l’année dernière ne fait pas déjà pencher la balance dans l’esprit de ses évaluateurs, si seules les performances des deux jeunes hommes seront considérées quand viendra le temps de trancher, si…
Si tout ça est vrai, il est pratiquement impossible de placer un gardien dans le siège du conducteur après cinq jours de camp. La valeur d’un entraînement – il y en a eu cinq jusqu’à maintenant – apparaît bien négligeable dans ces circonstances et la faible qualité de l’opposition rencontrée lors des deux matchs qu’ils se sont partagés au cours du week-end a apporté bien peu d’éléments constructifs à la discussion.
Fucale a repoussé 23 des 26 lancers qu’il a vus samedi. Comrie a réalisé un blanchissage de 23 arrêts le lendemain, mais comme l’a affirmé son entraîneur avec justesse, la qualité du jeu défensif devant lui a fait en sorte qu’on peine à recenser plus d’une ou deux occasions où il a réellement été mis à l’épreuve.
À moins que les entraîneurs accordent énormément d’importance à ce qui se passe en coulisses, aux détails invisibles à l’œil des observateurs extérieurs, il faudra visiblement attendre la tenue des trois matchs hors-concours qui seront présentés à partir de vendredi sur les ondes de RDS pour se faire une idée plus précise de la hiérarchie qui prévaudra devant le filet d’Équipe Canada.
En attendant, les deux gardiens redirigent les questions aussi aisément que les rebonds et semblent véritablement prendre leur pied en compagnie de leurs nouveaux coéquipiers.
Si Comrie fait ses petites affaires avec un peu plus de discrétion, Fucale cache mal le plaisir qu’il prend à enfiler les jambières. L’espoir du Canadien termine rarement un exercice sans faire l’accolade à l’entraîneur des gardiens Fred Brathwaite, un rituel qu’il répète immanquablement avec les membres du personnel de Hockey Canada qui l’attendent à l’entrée du vestiaire à la fin d’un entraînement.
Après un arrêt spectaculaire de Comrie aux dépens de Max Domi lors d’un exercice auxquels les gardiens étaient soumis à des échappées en rafales, on a pu entendre Fucale hurler avec enthousiasme ses félicitations à son collègue à partir de l’autre extrémité de la patinoire. Et il s’y prend à peu près de la même façon pour narguer gentiment un tireur incapable de le déjouer.
« J’ai toujours été comme ça, confie le Montréalais de 19 ans en souriant. Je suis un gars qui parle toujours sur la glace, qui crie un peu tout le temps. Des fois, je me fais dire de me calmer un peu! Mais dans le fond, ça fait partie de moi. J’essaie d’embarquer sur la glace et d’être concentré, mais détendu. C’est important de s’amuser chaque fois, sinon ça peut créer une atmosphère un peu tendue. »
« Comrie n’est dans l’ombre de personne »
Aux yeux de plusieurs, Fucale ne peut que perdre un poste qui lui revient d’emblée après les performances offertes en Suède l’an dernier.
« Ça ne veut rien dire, contredit poliment le principal intéressé. Je dois vraiment garder ma concentration et mon esprit compétitif aiguisés. Je ne peux pas me permettre d’être trop confortable. »
Comrie n’est quand même pas le dernier venu. Meneur de la Ligue junior de l’Ouest au chapitre de la moyenne de buts alloués et du pourcentage d’arrêt au moment d’apprendre sa nomination au sein d’Équipe Canada, ce choix de deuxième ronde des Jets de Winnipeg a notamment offert une performance de 55 arrêts en novembre contre les Chiefs de Spokane.
« Pour moi, Eric Comrie n’est dans l’ombre de personne, a clairement fait savoir Benoît Groulx. Quand tu t’attardes sur ses statistiques, tu réalises qu’elles sont très impressionnantes. En ce qui me concerne, il a toute notre confiance. »
« C’est un compétiteur, renchérit Fucale. Il veut toujours aider et cherche toujours à s’améliorer. C’est une qualité que doit posséder tout gardien. Son éthique de travail est exceptionnelle. »
Comrie ne croit pas à la pertinence de chercher à catégoriser les gardiens au sein de l’équipe qui prend forme sous ses yeux. « On essaie tous de bâtir quelque chose avec un but commun en tête, soit de gagner la médaille d’or. Il n’y a pas de compétition. On forme une équipe », répond-il lorsqu’on lui demande s’il se croit présentement assis dans la chaise de l’auxiliaire.
Ici, son entraîneur se permet toutefois d’objecter : Benoît Groulx souhaite assister à une féroce compétition à l’interne entre ses deux gardiens. Où son idée rejoint celle de Comrie, c’est au sujet de la qualité des performances qu’il attend de ses portiers lorsqu’arrivera le temps de passer aux choses sérieuses. Peu importe qui sortira de la courbe avec la pole, Groulx croit que son équipe sera en voiture.
« Si on avait eu des doutes, on en aurait apporté un troisième », assure-t-il.