TORONTO – Chez lui, Jake Virtanen se fait généralement interpeller par un petit nom simple, dénudé de toute originalité : « Virts ». Comme dans Virtanen, mais en plus court. On ne s’est pas trop cassé la tête.

Mais après quatre jours passés au camp d’Équipe Canada junior, l’attaquant vedette des Hitmen de Calgary avait déjà hérité d’un nouveau sobriquet.

« Les gars me taquinaient un peu dans le vestiaire tout à l’heure, certains se sont mis à m’appeler ‘Showtime’ », dévoilait il y a quelques jours le grand blondinet après s’être donné en spectacle lors d’un match hors-concours devant donner aux dirigeants d’Équipe Canada junior une occasion d’évaluer le talent à leur disposition de façon plus approfondie.

Virtanen possède deux principaux atouts qui le rendent instantanément digne du surnom qu’on lui a récemment attribué. Le premier : sa vitesse.

À son dernier match avant de quitter pour le camp d’ÉCJ, Virtanen a mis le feu au vieux Saddledome en s’engageant dans une course folle qui s’est terminée avec trois poursuivants à bout de souffle, un gardien de but confus et une rondelle dans le filet. La séquence a rapidement fait le tour du pays.

« Il y avait 17 000 spectateurs dans les gradins ce soir-là et il les a tous fait lever de leur siège », se souvient le directeur général des Hitmen Mike Moore, rejoint par RDS en début de semaine.

Virtanen a connu un lent début de saison. Ralenti par une opération à une épaule qui l’a empêché de patiner au rendez-vous estival fixé par ÉCJ, il n’a marqué qu’un but à ses neuf premiers matchs, lui qui en avait enfilé 45 en 71 matchs l’année précédente. Mais le marqueur naturel est éventuellement revenu au galop, inscrivant sept buts en onze rencontres avant de prendre congé de son club junior.

« Les choses allaient bien dernièrement à Calgary et je suis arrivé ici avec beaucoup de confiance. Je me sens bien présentement avec la rondelle », avouait Virtanen, ne faisant dans le fond que constater l’évidence. Sa déclaration survenait après une séquence de deux matchs en deux jours au cours de laquelle il avait inscrit un total six points.

L’un de ceux-là nous amène à parler de son deuxième atout : son lancer.

Dans la deuxième partie, Virtanen, qui est droitier, a pris possession de la rondelle à la gauche du gardien, a contourné le filet, a brièvement levé la tête pour observer sa cible et a décoché un missile qui est allé soulever la bouteille d’eau rangée sur la lucarne.

« Je n’ai pas vraiment visé. J’ai lancé et la rondelle a trouvé l’ouverture. C’était chanceux », s’est presque excusé le franc-tireur dans son résumé d’après-match. Mais de la chance comme celle-là, Benoît Groulx va en prendre volontiers.

« Avec Madison Bowey, Jake possède certainement le lancer le plus puissant parmi les joueurs qui sont ici. C’est une force dont on veut tirer profit », avait auparavant expliqué l’entraîneur de l’équipe canadienne lorsque sommé de justifier la présence de Virtanen sur le jeu de puissance.

Capable de s’adapter?

Malgré l’excellence de ses récentes performances, Virtanen ne semble pour l’instant pas destiné occuper une place au sein du top-6 offensif d’Équipe Canada junior. Prêté par les Rangers de New York, Anthony Duclair est sans l’ombre d’un doute l’ailier droit dominant de l’effectif et devrait faire partie du premier trio avec Sam Reinhart et Max Domi. La deuxième ligne d’attaque est pour l’instant formée de Connor McDavid, Nic Petan et Robby Fabbri.

Virtanen, qui n’a que 18 ans, devrait donc se sentir particulièrement visé lorsqu’il entend Benoît Groulx parler de la nécessité, pour ses troupiers, de savoir s’ajuster à un rôle qui leur est moins familier. De ce côté-là, pas de problème, assure Mike Moore, qui croit son protégé capable de porter n’importe quel chapeau dont on voudra bien le coiffer.

« Il est assez intelligent pour le faire, soutient-il tout en admettant que le jeu défensif de Virtanen a encore besoin de polissage. Ça peut être difficile de mettre un pur-sang en cage et son instinct lui dictera plus souvent qu’autrement de détaler à la poursuite de la rondelle, mais Jake est un joueur élite qui, surtout s’il est bien encadré, saura s’ajuster au rôle qu’on osera lui donner. »

Le principal intéressé semble avoir compris le message. On le questionne au sujet de ses buts d’anthologie ou du rythme effréné auquel il récolte des points, il répond qu’il s’efforce d’améliorer son jeu aux deux extrémités de la glace. À ses coéquipiers, il envoie autant de compliments que de passes « sur la palette ».

« Je regarde les noms qui sont ici, ce sont tous des gars qui se débrouillent assez bien merci. On joue bien en équipe et personnellement, je crois m’être bien tiré d’affaire », dit-il sobrement.

Mike Moore, lui, repense aux 17 000 personnes perchées sur le bout de leur siège et ne peut s’imaginer qu’un joueur possédant un tel pouvoir de fascination n’a pas sa place sur la plus grande tribune du hockey junior.

« Il est tellement dynamique, il peut changer l’allure d’un match en un clin d’œil », décrit le DG en fouillant dans sa boîte à clichés.

Les jeunes ont un mot pour ça, Mike. Showtime.