U Sports c. ÉCJ : « C'est une question de fierté »
MONTRÉAL – Guillaume Asselin peinait à se souvenir du nom.
« C'est le gars qui joue pour les Flyers. Son nom commence par K... »
L'attaquant québécois de 31 ans, qui évolue désormais dans la Ligue nationale suisse, a peut-être eu besoin de l'aide du RDS.ca pour dépoussiérer sa mémoire, il se rappelait néanmoins parfaitement du moment où sa route a croisé celle de Travis Konecny sur la patinoire du MasterCard Centre de Toronto, en décembre 2015.
« Il m'avait vraiment gelé. »
À l'époque âgé de 23 ans, Asselin dominait le circuit universitaire canadien. À sa troisième saison dans l'uniforme des Patriotes de l'UQTR, l'ancien des Saguenéens de Chicoutimi et du Junior de Montréal inscrivait près d'un but par match et il allait être nommé joueur par excellence au pays trois mois plus tard.
Il avait donc plus que sa place dans la première équipe d'étoiles universitaires assemblée pour affronter dans une série de deux matchs préparatoires les prodiges de moins de 20 ans luttant pour un poste au sein d'Équipe Canada junior.
Mathew Barzal, Mitchell Marner, Brayden Point, Thomas Chabot... Travis Konecny.
« Tu es rendu à 22 ou 23 ans et tu te dis que malgré leur coup de patin et leur niveau d'exécution, ça ne devrait pas être si pire. Mais finalement, tu te rends compte qu'ils sont tellement solides », confiait lundi le vétéran du HC Ajoie.
« Même si à l'UQTR on s'entraînait chaque jour et qu'on allait dans le gym chaque jour, tu le réalises vite qu'ils sont vraiment en forme et que ce sont des machines. Ce sont pour la plupart des choix de premier tour qui ont souvent de longues carrières dans la Ligue nationale. Le niveau de jeu est assez élevé. »
C'est ce qui attend un autre Patriote, Simon Lafrance, qui a été invité à affronter les candidats de la cuvée 2023-2024 d'ÉCJ, mardi et mercredi, à titre de membre de l'équipe d'étoiles U Sports.
« On regarde tous le Mondial junior depuis qu'on est jeune, c'est la tradition du temps des Fêtes et on a tous crié pour cette équipe-là. Et là, de pouvoir les préparer, les affronter, voir quel genre d'équipe ils vont avoir, c'est sûr que ça va être quelque chose de spécial », appréciait Lafrance, ce week-end, à la veille de montrer à bord d'un avion le transportant à Oakville en Ontario, où s'est ouvert dimanche soir le camp d'ÉCJ.
Le joueur par excellence en titre du circuit U Sports y a retrouvé un autre Québécois, Simon Lavigne des Stingers de Concordia, et un autre représentant d'une université québécoise, Scott Walford, un ancien choix de repêchage du Canadien de Montréal défendant désormais les couleurs de McGill. Lafrance a aussi renoué avec 10 autres coéquipiers des dernières Universiades, où il a aidé le Canada à rafler l'or.
« Nous, on s'en va là pour gagner », affirme Lafrance, qui ne cache toutefois pas son enthousiasme à l'idée d'affronter celui qui est vu comme le tout premier choix potentiel du prochain repêchage de la LNH, Macklin Celebrini, de même que Tristan Luneau, contre qui il a brièvement été opposé cet autonome durant sa participation au camp des recrues de l'Avalanche du Colorado.
« On représente le U Sports, c'est probablement la ligue la plus sous-estimée au Canada. Ça, on peut le dire. On veut juste bien la représenter. »
Simon Lafrance
Pas juste sur les bancs d'école
Au fil des 11 duels que se sont livrés les deux sélections depuis 2015, les joueurs universitaires canadiens ont fait belle figure, s'imposant dans six de ceux-ci.
« C'est une question de fierté. Ça revient à ça », résume Asselin, qui a également participé à l'exercice de 2016 et qui a remporté un des quatre matchs auxquels il a pris part. « Tu veux laisser une belle carte de visite pour U Sports, montrer que c'est un très bon niveau de hockey et que ce n'est pas un parcours qui est à négliger. »
« C'est l'occasion de montrer qu'on n'est pas juste à l'université sur les bancs d'école, on continue à progresser en tant que joueurs et en tant qu'individus », approuve Lafrance, qui achève cette année son stage universitaire amorcé en 2019 après une carrière de quatre campagnes dans la LHJMQ avec les Foreurs de Val-d'Or et les Tigres de Victoriaville.
« Je le dis souvent, je suis un meilleur joueur de hockey cette année que je l'étais il y a cinq ou trois ans. On continue toujours de se développer, de s'améliorer. Avoir la chance de jouer ces games-là, ça permet de montrer le niveau où on est rendu. »
Aux curieux qui regarderont la webdiffusion du match, surtout, mais aussi aux recruteurs professionnels qui seront assurément dans les estrades.
« Ils sont tous là », témoigne l'entraîneur-chef de Lafrance chez les Patriotes, Marc-Étienne Hubert, qui occupait un poste d'entraîneur adjoint au sein de l'équipe d'étoiles universitaires de 2016.
« La ligne est mince entre bien et mal paraître, poursuit Hubert. Il faut que t'arrives là et que tu performes vraiment à la hauteur de ce que t'es capable. Ça ne sera pas marqué dans ton dos que tu traînes une blessure ou que t'as eu un mauvais résultat d'examen et que t'es découragé. Il faut que t'arrives et que tu joues. »
« Je me souviens que j'étais quand même un peu stressé, confie Asselin au sujet de la vitrine qui lui était offerte il y a huit ans. Ce n'était pas nécessairement le fait de jouer contre eux, mais vraiment plus de laisser une bonne carte de visite. Mon objectif, c'était de jouer professionnel après ma carrière universitaire. J'y pensais, c'est sûr et certain. »
Guillaume Asselin
Lafrance, le meilleur buteur au pays avec 19 buts en 17 matchs, y songera sans doute aussi un peu. Mais il préfère patienter jusqu'à l'été avant de se questionner sur son avenir. Idéalement, il vise un contrat dans la Ligue américaine. Sinon, « il y a plein de belles ligues de l'autre bord de l'océan ».
Mais un objectif à la fois. Pour l'instant, il a un pays à aider.
« On a quand même un bon club sur papier, des joueurs qui ont eu du succès dans le junior et dans les rangs universitaires. Ça risque d'être intéressant. [...] On ne créera pas de rivalité contre eux, ce n'est pas ça le but. Arriver là-bas en voulant gagner, c'est la meilleure manière de les préparer. »
Au terme de ces deux rencontres, ÉCJ annoncera la composition finale de la formation qui s'envolera jeudi pour la Suède, où elle tentera de remporter un troisième titre d'affilée. Lafrance et ses éphémères coéquipiers rentreront quant à eux sur leurs campus respectifs dès demain soir, quelques heures après avoir rempli leur mandat.
« C'est assez court comme séjour, mais c'est correct, on est dans notre période d'examens au niveau universitaire. »