Suggestion : peut-être que les directeurs généraux de la Ligue nationale devraient inviter à leur table l'entraîneur Ken Hitchcock qui a fait son mea culpa l'autre jour. Hitchcock, comme je vous en informais, soutient, après avoir participé à plusieurs cliniques sur l'enseignement du hockey, que les entraîneurs ont leur part de responsabilités relativement à la piètre qualité du spectacle.

Au début d'avril, les directeurs généraux déposeront sur papier les recommandations qu'ils entendent apporter au bureau des gouverneurs dans l'espoir de changer l'image de la Ligue nationale. Plusieurs suggestions ont déjà alimenté les discussions, notamment au niveau de la dimension de la patinoire, de l'équipement des gardiens.

D'autres changements, si jamais acceptés, risquent aussi de modifier justement l'art de diriger une équipe.

Certains directeurs généraux suggèrent qu'une équipe n'ait plus le droit de dégager à l'autre bout de la patinoire alors qu'elle se défend en infériorité numérique. On appuie aussi cette nouvelle règle en n'accordant plus la permission au joueur pénalisé de revenir sur la patinoire si son équipe accorde un but. Génial. Autre point : si une équipe, à égalité numérique, décide de tirer la rondelle à l'autre bout dans le but de créer un dégagement parce que ses effectifs sont épuisés, l'équipe fautive ne pourra pas apporter de changement de personnel suite à cette action. L'autre équipe oui. Intéressant.

À retenir également : une proposition qui ne manquera pas d'animer les discussions. Dès qu'une équipe quitte son territoire (elle franchit sa propre ligne bleue) en possession de la rondelle, elle peut alors rejeter le disque, une fois sortie du territoire, sans égard à la ligne rouge, profondément dans le territoire adverse sans qu'il n'y ait un dégagement refusé. L'expérience a été tentée l'autre jour et les résultats n'ont pas manqué d'attirer l'attention de Colin Campbell et son groupe. On ouvre alors le champ d'action pour les rapides patineurs, on accentue l'échec-avant et on crée un plus grand nombre d'occasions de marquer.

Il y a une évidence : la Ligue nationale ne peut pas reprendre ses activités avec les mêmes règles, la même perception du jeu et le même spectacle présenté depuis 10 ans. Or, le lock-out fait très mal au sport du hockey, il aura des conséquences qui nuiront à la ligue pour des années à venir, cependant, il aura peut-être fourni aux penseurs du hockey l'occasion de finalement passer aux actes.

De véritables fortunes

On a bien raison de souligner que le conflit qui paralyse le hockey depuis le 15 septembre 2004 n'offre guère de similitudes avec celui de 1994. A ce moment-là, les joueurs n'avaient pas des comptes de banque gonflés par des directeurs généraux et des propriétaires insouciants. Aujourd'hui, ils sont nombreux les athlètes qui peuvent s'asseoir pendant quelques mois, sans trop modifier leur style de vie. Au cours des douze dernières années, Jaromir Jagr a accumulé des gains de $74,694,851, Joe Sakic $68,857,923, Steve Yzerman $64,762,613, Mark Messier $62,185,112, Keith Tkachuk $59,788,674, Mike Modano $58,466,400, Paul Kariya $56,872,600, Brian Leetch $56,399,000, Mats Sundin $54,786,526, Peter Forsberg $54,746,441, Rob Blake $54,274,871, Brett Hull $53,741,000, Dominik Hasek $52,525,300. On comprend un peu mieux pourquoi plusieurs des hauts salariés de la ligue profitent pleinement d'une année sabbatique…

Une photo vaut parfois 1,000 mots. On ne peut alors que se réjouir de voir, dans la livraison d'hier matin, du Journal, un Pat Burns qui semble en belle forme... Ceux qui gèrent la carrière de Alexandre Tagliani auraient dû faire preuve d'un peu plus de clairvoyance relativement à la supposée entente de trois ans que lui avaient consenti, verbalement, les gens de Rocketsports. Ne reste plus qu'à souhaiter que Alex trouve un volant parce qu'il est un bon pilote, il est un actif pour la série Champ Car, dont les responsables semblent se foutre carrément du marché canadien qui assure pourtant la rentabilité de cette série...

La question a été soulevée cette semaine sur les tribunes téléphoniques de Toronto : Si Mats Sundin appuie sa décision de ne pas participer au championnat mondial parce qu'il n'a pas assez de sept semaines pour retrouver la forme, qu'aurait-il fait si la Ligue nationale avait réglé le conflit avec les joueurs et que les athlètes auraient eu deux semaines pour reprendre les activités? J'imagine qu'il n'aurait pas déclaré forfait et qu'il aurait endossé l'uniforme des Leafs. Même si le grand joueur de centre n'a jamais raté un rendez-vous international pour son pays, est-il besoin de mentionner que, en Suède, on n'a pas été tendre à son endroit. Il aurait dû trouver une excuse plus brillante que celle-là!