UNIONDALE, N.Y. - Le hockey professionnel - le sport professionnel devrait-on dire - a bien changé au fil des ans. Les athlètes constituent maintenant des " entreprises " générant des revenus astronomiques. Tellement irréels que plusieurs PME, embauchant des dizaines d'employés, ne parviendront jamais à atteindre.

Attachés à cette " nouvelle évolution " apparaissent les leaders de la prochaine décennie.

Michael Peca est le plus connu du groupe. Il vient de débarquer à Uniondale avec une importante mission, celle de faire revivre les merveilleuses années d'une organisation jadis glorieuse. De redonner aux Islanders de New York cette crédibilité perdue par des propriétaires insouciants, par des dirigeants avec un jugement en option.

Les Islanders ne sont pas l'équipe de Alexei Yashin, même si le Russe se veut le joueur le plus talentueux et le plus haut salarié de la formation. Ce sont les Islanders de Peca. Une équipe dynamique, une formation qui joue d'une façon inspirée, une équipe à l'image de son capitaine. Il s'agit d'une formation rebâtie au cours de l'entre-saison par deux propriétaires téméraires mais surtout assoifés de succès. Ils ont haussé leur masse salariale de $18 millions à $33 millions. Un " face-lift " qui, jusqu'ici, a rapporté des dividendes puisque les gens de la région retrouvent cet engouement d'autrefois, rendant l'atmosphère au Colisée Nassau aussi enlevante qu'à l'époque de Michael Bossy, Brian Trottier et Denis Potvin.

C'était aussi l'époque où les Islanders étaient dirigés par Al Arbour, un discipline de Scotty Bowman, un homme respecté, un pilote avec une cuirasse à toute épreuve. Aujourd'hui, c'est un entraîneur recrue qui doit composer avec l'adversité. Peter Laviolette, rejeté par les Bruins de Boston après avoir travaillé au développement des jeunes de l'organisation, a rapidement dressé les priorités. Il faut se rendre au tournoi printanier a été son premier message. Aussi, il a vite compris qu'on ne dirige plus une équipe comme le faisait Arbour. Il a saisi que si Bowman est encore derrière le banc des Red Wings, c'est qu'il s'est ajusté au hockeyeur d'aujourd'hui.

Communication est un mot qui revient souvent. Communication et implication. Laviolette sait très bien qu'il ne pourra accomplir sa mission sans la complicité et sans l'implication de ses joueurs vedettes, surtout de Peca.

" Nous discutons très souvent au niveau de la stratégie, du système que nous cherchons à polir, de l'atmosphère dans le vestiaire, racontait Peca, hier matin, après l'entraînement matinal des Islanders. Ce qui facilite aussi les choses, c'est que nous habitons dans le même quartier, nous avons donc l'opportunité d'échanger sur différents sujets et sur l'opération quotidienne de l'équipe. Il en est à ses premiers pas comme entraîneur-chef et c'est un homme droit et juste, un coach qui a le respect de ses équipiers. A nous de l'aider. "

C'est la nouvelle façon " d'exploiter " les connaissances et aussi l'influence que peuvent exercer les nouveaux leaders. A Nashville, par exemple, Barry Trotz, l'entraîneur des Prédateurs, expliquait récemment que son homme de confiance, Cliff Ronning, se rendait souvent à son domicile pour le lunch et pour résoudre les problèmes de l'équipe.

Peca est d'avis que cette " nouvelle approche " permet aux entraîneurs d'avoir rapidement une idées de ce qui se passe et d'apporter les ajustements qui s'imposent. " Nous avons créé, en peu de temps, une belle chimie, souligne l'ex-joueur des Sabres. Notre équipe progresse parce que l'entraîneur sait comment profiter de l'expertise de ses vétérans. "

Le départ-canon des Islanders a permis à l'équipe d'attirer les foules qui avaient déserté le Colisée de Nassau depuis plusieurs années. Il a aussi propulsé cette formation parmi les équipes les plus améliorées de la Ligue nationale, une équipe qui s'inscrit sans la moindre hésitation parmi les plus sérieuses aspirantes à une place dans le tournoi printanier.

Pourtant, il y a quelques mois, c'était la misère noire à Long Island.

A voir les nouveaux Islanders et Peca, il est dommage que les Sabres n'aient pas voulu acquiescer aux offres de André Savard qui, pendant plusieurs mois, tenta de sortir Peca de l'impasse contractuelle dans laquelle il était embourbé à Buffalo. " J'aurais aimé jouer à Montréal, je ne m'en cache pas, explique-t-il. Quand mon agent, Don Meehan, m'informa que le Canadien avait fait une offre raisonnable aux Sabres, j'étais heureux. "

Comment aura-t-il réagi dans un marché comme Montréal?

" J'aurais adoré ça. J'aime jouer là où il y a la pression de gagner, c'est ça le but du sport. "

Alors, que tous les athlètes qui parlent du contexte particulier de Montréal, de la presse omniprésente, de l'atmosphère au Centre Molson, prennent note. L'athlète fier, le leader, adore la pression, c'est pour lui une vitamine quotidienne. Ça lui permet de hausser ses performances, de jouer avec passion et avec dynamisme.

On comprend maintenant pourquoi Peca est identifié comme un guerrier sans peur, qu'il joue à plein régime à chacune de ses sorties sur la patinoire. Qu'il accepte difficilement que le voisin de gauche ou le voisin de droite n'offre pas sa pleine mesure.

" Disons qu'il dit ce qu'il pense, me confiait Claude Lapointe, hier. Il ne mâche pas ses mots, c'est direct et tout le monde comprend très bien ce qu'il veut dire… "

Il suffit de bien l'encadrer.

Mike Milbury a multiplié les gaffes depuis qu'il assure la direction de cette organisation mais, cet été, envers et contre tous, il a obtenu la confiance des deux nouveaux propriétaires. Et cette fois-çi, avec des dizaines de millions de dollars, il s'est trouvé un leader " nouvelle vague " et l'a encadré en lui fournissant des employés de soutien de bonne qualité, d'un vétéran gardien, Chris Osgood, mais surtout d'un joueur étiquetté joueur de concession, Yashin…

Dans le calepin

Parlant de Yashin et de Peca, le centre russe a déjà été sélectionné par Slava Fetisov et Peca devrait lui aussi se retrouver à Salt Lake City dans l'uniforme du Canada… Peter Stastny a fait chou blanc dans sa tentative d'obtenir de la Ligue nationale la permission d'amener à Salt Lake City les meilleurs effectifs slovaques. Stastny est le directeur général de l'équipe de la Slovaquie qui participera au tournoi préliminaire de qualification à partir du 9 février. Or, les équipes de la Ligue nationale ne veulent pas libérer leurs patineurs (Satan, Bondra, Palffy) avant le 12 février. Déjà la Slovaquie aura disputé trois matchs. Même chose pour David. Une décision honteuse des dirigeants des équipe et de la Ligue nationale