La suspension du comité olympique russe a fait jaser la semaine dernière. Beaucoup ont eu peur de voir la KHL interdire à ses joueurs d’aller à Pyeongchang. Heureusement, cette menace semble se dissiper et plusieurs Nord-Américains expatriés pourront courir la chance de gagner leur première médaille olympique.

 

Pierre-Alexandre Parenteau est l’un d’entre eux. Après s’être rendu en finale de la coupe Stanley avec les Predators de Nashville, le Québécois s’est retrouvé sans contrat cet été. Ne baissant pas les bras, l’ancien du tricolore a plutôt décidé de faire le saut dans la KHL.

 

« Les Jeux olympiques m’ont donné le goût de poursuivre ma carrière. Vers la fin d’octobre, sans contrat dans la LNH, je ne savais plus trop ce que j’allais faire. J’ai finalement décidé de faire le saut dans la KHL, même si j’ai dû laisser ma famille au Québec. Je ne voulais pas rater la chance d’être à Pyeongchang. »

 

Pierre-Alexandre a rejoint l’Avtomobilist d’Ekaterinbourg, une ville située en plein milieu de l’Oural. Ekaterinbourg est la troisième plus importante ville de la Fédération de Russie. Moins célèbre que Moscou et St-Petersburg, elle est le cœur d’une agglomération de 2,2 millions d’âmes. Le Québécois se dit impressionné par sa nouvelle cité d’adoption.

 

« C’est vraiment une très belle ville. J’étais très surpris lorsque je suis arrivé. Je n’aurais jamais pensé que c’était aussi beau. Dans le centre-ville, c’est génial. Je suis logé dans un très bel appartement. C’est réellement un bel endroit pour vivre et jouer au hockey. »

 

Parenteau est arrivé tard dans la saison. Il a joué son premier match le 15 novembre dernier contre le Torpedo à Nijni Novgorod. Le Québécois y a marqué son premier but dans la KHL dans une victoire de 4 à 2 de l’Avtomobilist. Sa tentative de passe dans l’enclave a été déviée dans le but adverse par le défenseur Vladimir Galuzin.

 

Après un début un peu lent, Pierre-Alexandre s’est bien adapté. En 11 matchs, il compté deux buts et il récolté 10 aides pour produire 12 points. Ce sont d’excellentes statistiques pour un baptême de l’air dans la KHL. L’ancien joueur de la LNH ne prétend toutefois pas l’avoir facile. À ses yeux, la Ligue continentale est un circuit très relevé.

 

« Le calibre est plus élevé que dans la Ligue américaine. Ici, les joueurs sont plus talentueux. Il faut avoir un bon coup de patin. C’est toutefois un style de jeu très différent. La grande patinoire y est pour beaucoup. Pour moi, c’est une nouvelle expérience. Je n’avais pas joué sur une grande surface depuis mon passage avec les Saguenéens de Chicoutimi. Je dois m’adapter, mais j’adore cela. J’aime pouvoir manier la rondelle et faire de beaux jeux. »

 

En Russie, l’adaptation n’est pas seulement nécessaire sur la glace. Après avoir passé toute sa vie en Amérique du Nord, Pierre-Alexandre doit se débrouiller dans un environnement où l’anglais est peu parlé et où le français est presque inexistant. C’est tout un défi pour un nouvel arrivant, mais le natif de Gatineau ne s’en fait pas outre mesure avec cela.

 

« Au début, on a un choc. Je dois avouer que je suis toujours un peu perdu. Les entraînements sont en russe. L’entraîneur présente aussi son plan de match en russe. J’essaye le plus possible de comprendre les explications grâce aux signes sur le tableau. Ce n’est pas toujours facile, mais j’ai tout de même du plaisir. Ça fait partie de l’aventure! »

 

L’entraîneur-chef de l’Avtomobilist se nomme Vladimir Krikunov. Le vétéran entraîneur a commencé sa carrière en 1985 avec le Dinamo de Minsk dans la ligue de relégation soviétique. L’homme de 67 ans n’a pas pris beaucoup de vacances depuis ce temps et il n’a jamais changé son style. Après une défaite de 3 à 2 contre le Dinamo de Riga, le 19 novembre dernier, Krikunov a émis quelques réserves sur le rôle joué par le Québécois lors de ce match. Pierre-Alexandre ne semble toutefois pas lui en vouloir.

 

« Krikunov est très correct. Il est certes conservateur. Il est toujours adepte des longs entraînements. Parfois, on doit se rendre à l’aréna à 17 h pour faire des drills, mais ce n’est pas grave. C’est son style et c’est bien correct. À date, je n’ai eu aucun problème avec lui. Je ne suis pas venu joué en Russie pour me plaindre, alors je vis très bien avec cela. »

 

Pierre-Alexandre n’est certainement pas venu en Russie pour se plaindre. Attiré par les Jeux, le Québécois aime assez la ligue pour peut-être y rester une année de plus. Il n’a toujours pas envie de prendre sa retraite.

 

« La KHL est une option intéressante. Je ne suis pas contre le fait de jouer une deuxième saison au sein du circuit. Je devrai toutefois prendre cette décision en consultant ma famille. Je dois prendre en compte que mes enfants vont maintenant à l’école. Être aussi éloigné de la maison peut être plus compliqué que par le passé. Je vais tout de même étudier la question. J’aime la ligue et j’aime le style de jeu. »

 

Comme bien d’autres joueurs de la KHL, Pierre-Alexandre peut enfin se concentrer sur son rêve olympique. Il a d’ailleurs été sélectionné par Hockey Canada pour un tournoi préparatoire nommé « Coupe de la Première Chaine. » Ce dernier aura lieu à Moscou du 13 au 17 décembre. À défaut d’avoir une bague de la coupe Stanley, le Québécois gagnera peut-être une médaille olympique ou même une Coupe Gagarine. L’avenir nous le dira.