Piétinement volontaire
Hockey vendredi, 30 nov. 2012. 17:55 samedi, 14 déc. 2024. 16:55
C'était prévisible, mais ce n'est pas moins renversant quand on s'y arrête froidement, pendant quelques secondes. Deux éminents médiateurs fédéraux américains baissent les bras après deux petits jours de travail, complètement figés par l'intransigeance de la Ligue nationale de hockey et de l'Association des joueurs dans leur processus de renouvellement du contrat de travail qui les unit! Non mais quand même!
Je disais la semaine dernière dans cette chronique que nous approchions de l'extrême limite dans le dossier, limite pour la tenue d'une saison écourtée crédible, limite pour que joueurs et propriétaires atténuent leurs pertes gigantesques, limite pour ne pas étouffer complètement le peu de patience qui reste encore chez les amateurs, limite pour garder l'intérêt de commanditaires importants qui sont tentés d'aller offrir leur argent ailleurs Or, il y a tout lieu de croire que le piétinement actuel dans les négociations soit voulu par les deux clans et qu'il n'a qu'un but : effectivement se rendre à la limite!
Les plus optimistes croient encore que les deux parties avaient en tête depuis longtemps de s'affronter « à la dure » jusqu'au début de décembre dans le but de faire le maximum de gains (ou le minimum de pertes) et qu'à cette étape, elles deviendraient plus souples dans le but de sauver les meubles. J'étais de ce groupe, en partie du moins, jusqu'à tout récemment. Mais plus maintenant.
Je me range dorénavant (et tristement) du côté du piétinement volontaire, fait dans le simple but de faire crouler l'autre clan à petit feu, peu importe le temps que cela prendra! Comment penser autrement, en ce dernier jour de novembre?
Ne nous laissons surtout pas berner par les soubresauts des derniers jours. La LNH a « acheté » quelques jours de sursis en acceptant la présence des médiateurs et elle pourra maintenant en ajouter quelques autres en faisant véhiculer habilement cette idée de placer joueurs et propriétaires directement autour de la table, sans avocats et sans les principaux leaders. Ce concept, qui est trop vertueux pour être rejeté d'emblée par les joueurs, demandera une longue réflexion de la part de Donald Fehr et de ses membres et cela mènera finalement tout droit vers l'échéancier ultime de la Ligue nationale, soit le 5 décembre, date de la réunion du bureau des gouverneurs du circuit.
Or, n'est-ce pas là la vraie limite logique de tout le processus? On peut déjà deviner ce qui nourrira les discussions. Comme il n'y aura vraisemblablement rien de nouveau à rapporter, Gary Bettman n'aura d'autre choix que de mettre (ou remettre) sur la table l'idée d'annuler la saison en entier et à moins d'un revirement spectaculaire, il obtiendra l'aval des propriétaires pour en faire le décret quand bon lui semblera.
Le vœu de l'Association des joueurs?
Cela nous amène à aborder la véritable mission de Donald Fehr, à ce jour. Jusqu'ici, le patron de l'Association des joueurs a été extrêmement habile à démontrer publiquement la solidarité des joueurs, à exprimer son désarroi devant un « lock-out inutile », à rappeler comment ses membres ont tout donné tandis que les « méchants propriétaires » n'ont rien consentis. Mais est-ce bien la réalité?
D'abord, on sait tous maintenant que les joueurs sont divisés sur l'offre qui est sur la table présentement. Plusieurs ont sûrement fait le calcul que les pertes accumulées jusqu'ici, combinées à celles qui suivront, seront bien plus importantes que les modestes gains potentiels qui peuvent être réalisés, peu importe le moment du dénouement. Certains comprennent peut-être aussi que l'extraordinaire croissance qui a contribué à leur remplir les poches depuis 2004 est en voie de s'estomper brutalement avec le ras-le-bol des amateurs et des commanditaires, surtout si ces derniers devaient à nouveau absorber une autre saison annulée.
On peut donc se demander si Fehr n'a pas vendu subtilement aux membres de l'AJLNH l'idée de lui laisser refaire le coup de 1994, alors qu'il a mené le baseball majeur vers une grève qui a fini par diviser brutalement les propriétaires, fait tomber le projet de plafond salarial et a donné aux quelques équipes extrêmement fortunées le plein contrôle sur les destinées de ce sport.
Cette fois, Fehr n'a pas à brandir la menace de grève, l'arrêt de travail ayant été imposé par la LNH. Mais ne reconnaissez-vous pas dans son approche certains thèmes qui lui sont chers? « Que les riches donnent davantage aux pauvres », « pas de restriction sur la durée des contrats », etc. Ne manque que le plafond salarial dans la rhétorique. Or, ne serait-il pas plus facile de vendre aux joueurs l'idée de le rejeter advenant l'annulation d'une autre saison et la nécessité de tout reprendre à zéro les négociations, un des ces jours? Poser la question, c'est y répondre.
En fin de compte, l'immobilisme actuel est peut-être beaucoup plus une stratégie délibérée de la part des deux comités de négociations que le pur résultat de l'allure du processus. Depuis l'été dernier, il y a lieu de redouter les agendas cachés des deux parties. Si la LNH avait décidé depuis longtemps de faire tomber Donald Fehr coûte que coûte, elle aurait agi comme elle l'a fait jusqu'ici. Si Donald Fehr avait en tête de faire crouler le principe de « partenariat » entre les équipes et les joueurs, il aurait agi comme il l'a fait jusqu'ici.
Difficile de trouver autre conclusion, même si tout semble si bête!
Je disais la semaine dernière dans cette chronique que nous approchions de l'extrême limite dans le dossier, limite pour la tenue d'une saison écourtée crédible, limite pour que joueurs et propriétaires atténuent leurs pertes gigantesques, limite pour ne pas étouffer complètement le peu de patience qui reste encore chez les amateurs, limite pour garder l'intérêt de commanditaires importants qui sont tentés d'aller offrir leur argent ailleurs Or, il y a tout lieu de croire que le piétinement actuel dans les négociations soit voulu par les deux clans et qu'il n'a qu'un but : effectivement se rendre à la limite!
Les plus optimistes croient encore que les deux parties avaient en tête depuis longtemps de s'affronter « à la dure » jusqu'au début de décembre dans le but de faire le maximum de gains (ou le minimum de pertes) et qu'à cette étape, elles deviendraient plus souples dans le but de sauver les meubles. J'étais de ce groupe, en partie du moins, jusqu'à tout récemment. Mais plus maintenant.
Je me range dorénavant (et tristement) du côté du piétinement volontaire, fait dans le simple but de faire crouler l'autre clan à petit feu, peu importe le temps que cela prendra! Comment penser autrement, en ce dernier jour de novembre?
Ne nous laissons surtout pas berner par les soubresauts des derniers jours. La LNH a « acheté » quelques jours de sursis en acceptant la présence des médiateurs et elle pourra maintenant en ajouter quelques autres en faisant véhiculer habilement cette idée de placer joueurs et propriétaires directement autour de la table, sans avocats et sans les principaux leaders. Ce concept, qui est trop vertueux pour être rejeté d'emblée par les joueurs, demandera une longue réflexion de la part de Donald Fehr et de ses membres et cela mènera finalement tout droit vers l'échéancier ultime de la Ligue nationale, soit le 5 décembre, date de la réunion du bureau des gouverneurs du circuit.
Or, n'est-ce pas là la vraie limite logique de tout le processus? On peut déjà deviner ce qui nourrira les discussions. Comme il n'y aura vraisemblablement rien de nouveau à rapporter, Gary Bettman n'aura d'autre choix que de mettre (ou remettre) sur la table l'idée d'annuler la saison en entier et à moins d'un revirement spectaculaire, il obtiendra l'aval des propriétaires pour en faire le décret quand bon lui semblera.
Le vœu de l'Association des joueurs?
Cela nous amène à aborder la véritable mission de Donald Fehr, à ce jour. Jusqu'ici, le patron de l'Association des joueurs a été extrêmement habile à démontrer publiquement la solidarité des joueurs, à exprimer son désarroi devant un « lock-out inutile », à rappeler comment ses membres ont tout donné tandis que les « méchants propriétaires » n'ont rien consentis. Mais est-ce bien la réalité?
D'abord, on sait tous maintenant que les joueurs sont divisés sur l'offre qui est sur la table présentement. Plusieurs ont sûrement fait le calcul que les pertes accumulées jusqu'ici, combinées à celles qui suivront, seront bien plus importantes que les modestes gains potentiels qui peuvent être réalisés, peu importe le moment du dénouement. Certains comprennent peut-être aussi que l'extraordinaire croissance qui a contribué à leur remplir les poches depuis 2004 est en voie de s'estomper brutalement avec le ras-le-bol des amateurs et des commanditaires, surtout si ces derniers devaient à nouveau absorber une autre saison annulée.
On peut donc se demander si Fehr n'a pas vendu subtilement aux membres de l'AJLNH l'idée de lui laisser refaire le coup de 1994, alors qu'il a mené le baseball majeur vers une grève qui a fini par diviser brutalement les propriétaires, fait tomber le projet de plafond salarial et a donné aux quelques équipes extrêmement fortunées le plein contrôle sur les destinées de ce sport.
Cette fois, Fehr n'a pas à brandir la menace de grève, l'arrêt de travail ayant été imposé par la LNH. Mais ne reconnaissez-vous pas dans son approche certains thèmes qui lui sont chers? « Que les riches donnent davantage aux pauvres », « pas de restriction sur la durée des contrats », etc. Ne manque que le plafond salarial dans la rhétorique. Or, ne serait-il pas plus facile de vendre aux joueurs l'idée de le rejeter advenant l'annulation d'une autre saison et la nécessité de tout reprendre à zéro les négociations, un des ces jours? Poser la question, c'est y répondre.
En fin de compte, l'immobilisme actuel est peut-être beaucoup plus une stratégie délibérée de la part des deux comités de négociations que le pur résultat de l'allure du processus. Depuis l'été dernier, il y a lieu de redouter les agendas cachés des deux parties. Si la LNH avait décidé depuis longtemps de faire tomber Donald Fehr coûte que coûte, elle aurait agi comme elle l'a fait jusqu'ici. Si Donald Fehr avait en tête de faire crouler le principe de « partenariat » entre les équipes et les joueurs, il aurait agi comme il l'a fait jusqu'ici.
Difficile de trouver autre conclusion, même si tout semble si bête!