Ed Jovanovski a le mieux résumé l'attaque lancée par un groupe de joueurs exigeant la démission de Trevor Linden à titre de président de l'Association des joueurs de la Ligue nationale, tout en recommandant que la nomination de Ted Saskin soit annulée et que le prochain directeur exécutif soit choisi par les 700 membres.

« Le hockey revient en surface avec de nouveaux règlements, avec un engouement jamais vu chez les amateurs, alors avons-nous besoin de cette m… », a-t-il lancé.

Les joueurs qui tentent ce putsch sont Bryan McCabe et Tie Domi, des Maple Leafs de Toronto, Chris Chelios, des Red Wings de Detroit, Dwayne Roloson, du Wild du Minnesota, et Trent Klatt qui vient de prendre sa retraite. Ils veulent renverser le conseil d'administration et envoyer Saskin sur la touche tant et aussi longtemps que les membres ne se seront pas prononcés.

Pourquoi attaquer Linden? Sans son dévouement, sans son sens du devoir, fortement appuyé par les membres du conseil, à l'exception de Klatt qui devait s'empresser d'informer ses amis, les joueurs et les propriétaires n'auraient pas encore dénoué l'impasse.

Où étaient donc McCabe et Domi pendant le conflit? Domi a passé la majeure partie de son temps aux côtés de Mario Lemieux. Chelios, lui, multipliait les déclarations incendiaires à l'endroit de Gary Bettman.

Il est vrai que le contexte dans lequel on a choisi Ted Saskin pour succéder à Bob Goodenow, qui a bel et bien été congédié, porte à la controverse. La constitution de l'AJLNH prévoit qu'en cas d'élection au poste de directeur exécutif, on doit d'abord consulter des chasseurs de tête, puis inviter les 30 représentants des équipes à consulter leurs coéquipiers et, ensuite, passer au vote.

Linden et son groupe ont congédié Goodenow, une décision prévisible à la suite des erreurs commises par le dirigeant américain au cours des négociations. Puis, ils ont affiché leurs couleurs en confiant le poste intérim à Saskin. Ils ont même jugé à propos de lui un verser un salaire d'un peu plus de deux millions par saison, une entente de cinq ans. La semaine dernière, ils ont voulu entériner les décisions prises il y a quelques semaines, par le biais d'une conférence téléphonique avec les membres du conseil d'administration et les 30 représentants des équipes. Le ton a monté, mais cette soirée houleuse s'est soldée par une victoire convaincante de Saskin et de Linden.

MCCabe et sa bande auraient dû sortir du placard immédiatement après que Linden et le comité exécutif eurent passé aux actes dans le cas de Goodenow, qui aurait été avisé par Arturs Irbe que ses services n'étaient plus requis au sein de l'AJLNH. Ils avaient amplement le temps de faire valoir leur point de vue qui ne changera toutefois rien à la situation parce que Saskin jouit d'une forte popularité auprès des joueurs et des agents.

Dans la région de Toronto, on fait tout un plan de cette histoire et les contestations vont possiblement prendre le champ lorsqu'à la demande de Saskin, les joueurs procéderont à un vote secret pour confirmer la nomination de leur directeur exécutif.

Saskin, un Montréalais qui connaît tous les rouages de l'AJLNH, est un administrateur de grande qualité. Quant à Trevor Linden, c'est réconfortant d'apprendre qu'il n'a aucunement l'intention de céder aux pressions des contestataires. Il a fait plus pour l'AJLNH que Domi et sa bande ne le feront jamais.

Le jeune âge, un désavantage?

Si Guillaume Latendresse a été aussi dominant qu'on le dit dans le cadre du mini-tournoi regroupant les meilleurs joueurs d'avenir du Canadien et d'autres équipes de la LNH, pourquoi son jeune âge, 18 ans, l'empêcherait-il de faire le grand saut? Scotty Bowman n'avait-il pas pris un pari en accordant un poste à Mathieu Dandenault même s'il était d'âge junior.