MONTRÉAL - Mine de rien, Carey Price continue d'exorciser les démons de son récent passé. Un esprit malin à la fois.

Le jeune gardien du Canadien a franchi une autre étape importante en ce sens, mardi, quand il a réussi à mater les Canucks à Vancouver.

Price a alors réussi 25 de ses 37 arrêts de la soirée au cours des deux dernières périodes pour permettre au Tricolore de se cramponner à une victoire de 3-2. Il a ainsi aidé son équipe à éviter les affres d'un voyage dans l'Ouest canadien qui s'annonçait désastreux, après les défaites à Edmonton et Calgary.

Mais surtout, il a pu effacer les mauvais souvenirs de ses propres mésaventures dans la métropole de la Colombie-Britannique. Chose à laquelle il tenait mordicus.

« Je voulais vraiment cette rondelle-là », a déclaré Price après avoir vu Paul Mara lui remettre la rondelle du match. « C'est la seule que je tenais absolument à avoir cette année. »

On le sait, les matchs disputés à Vancouver ont une valeur ajoutée pour l'athlète d'Anahim Lake, en Colombie-Britannique. C'est là que les membres de sa famille et ses amis d'enfance ont l'occasion de le voir jouer en chair et en os, dans l'uniforme du club de la LNH au passé le plus glorieux.

Quand Price s'est amené chez le Canadien, son premier passage à Vancouver à titre de hockeyeur de la LNH aurait dû être la consécration pour lui. Sauf que le 15 février 2009, Guy Carbonneau avait choisi d'accorder le départ à Jaroslav Halak. Un geste que plusieurs avaient considéré comme un affront à l'endroit de celui que le CH a repêché au cinquième rang en 2005.

Price avait finalement été envoyé dans la mêlée au milieu de la troisième période, alors que les Canucks menaient 4-1. Le CH s'est incliné 4-2.

La saison suivante, Jacques Martin avait tenté de corriger le tir en donnant le départ à Price lors du passage du Canadien à Vancouver, le 7 octobre 2009. Le gardien de six pieds trois pouces avait accordé sept buts dans un revers de 7-1.

Ce premier revers en trois départs pour lui, cet automne-là, a donné le ton à une saison d'enfer, au cours de laquelle il a dû céder le statut de no 1 à Halak.

La présente campagne se joue toutefois sous le thème de la rédemption pour Price, et le match de mardi a été un autre élément de preuve en ce sens.

« C'était un gros match pour moi, a reconnu Price en entrevue d'après-match, mardi. Les gars le savaient bien.

«Je me souviens de l'an dernier. Ça signifiait beaucoup pour moi d'arriver ici et d'obtenir une autre chance. Je pense que tout le monde dans ce vestiaire le réalisait et a vraiment bataillé pour moi.

« C'est toujours plaisant de revenir à la maison, a par ailleurs souligné Price. J'ai vraiment savouré le fait de pouvoir aller sur la glace et de saluer ma famille et mes amis. »

Dans une cause gagnante cette fois.

Une anomalie... normale

Ceux qui suivent attentivement les activités du Canadien savent fort bien que la surprenante victoire de mardi, à Vancouver, n'a rien... d'étonnante. Ce n'est pas d'hier que le Tricolore s'affaisse contre des adversaires jugés plus faibles pour ensuite relever la tête contre des équipes de premier ordre.

Cette victoire contre la meilleure équipe de la LNH permet quand même de rassurer bien du monde à plusieurs égards. Notamment, que le Canadien est capable de continuer à engranger les points, malgré les nombreux blessés, afin de s'assurer d'une position enviable au classement en vue des séries.

« Les joueurs ont tout fait pour l'emporter, a souligné Price. Ils voulaient vraiment obtenir les deux points. »

Avant la rencontre, Jacques Martin avait demandé à ses joueurs de revenir aux jeux de base en défensive, affirmant que c'est cette approche qui leur donnait les meilleures chances de l'emporter.

« Jacques nous a dit de travailler plus fort, a indiqué Price. On s'était éloigné de la base. Il nous a dit d'y revenir et c'est ce qu'on a fait. »

C'est sans doute là le secret des succès du CH contre les meilleures équipes. Contre les adversaires de deuxième ordre, les joueurs se croient capables de l'emporter même s'ils dérogent au plan de match. Contre les puissances de la LNH, ils savent que s'ils ne respectent pas les consignes à la lettre, ils risquent de se faire poivrer.

« On savait qu'on allait affronter une équipe aux émotions à fleur de peau et ils l'ont montré dans les 10 premières minutes de jeu, a commenté l'entraîneur des Canucks Alain Vigneault, en faisant allusion au fait que le CH a décoché 14 des 15 premiers tirs du match. Ils étaient les premiers sur la rondelle. Ils ont complètement contrôlé le jeu. »

Évidemment, tout sera à recommencer jeudi, au Centre Bell, alors que les Maple Leafs de Toronto seront les visiteurs.